Curnow Vosper: His Life and Works par Jolyon Goodman, éd.Y Lolfa, août 2015.
C'est une image emblématique du Pays de Galles à comparer aux roues des puits de mines, aux poireaux et aux jonquilles, aux poteaux de rugby - et aux dames à hauts chapeaux. Le tableau Salem (1) de Sydney Curnow Vosper (2) a inspiré et mystifié des poètes gallois, des artistes et des historiens locaux, pour la plupart du XXe siècle.
C'est un remarquable travail de nostalgie, posant des questions comme celle de savoir si l'artiste contribua à ce qui a été perçu comme l'image du diable ricanant dans les plis de son châle au centre de la toile - ou si c'était un accident. Vosper nia farouchement que ce fut délibéré.
[[Sydney Curnow Vosper]] (1866-1942) a peint son oeuvre controversée à la chapelle baptiste Salem de Cefncymerau, près de Harlech en 1908. Il a été présenté à l'exposition de la [[Royal Watercolour Society]] en 1909 et William Hesketh Lever, l'industriel du savon de Warrington l'acheta pour cent guinées. Il se trouve maintenant dans le [[Lady Lever Art Gallery]] à Bebington (3), où il reste le principal centre d'attraction.
On connait relativement bien l'histoire de la manière dont Lever en imprima des reproductions pour promouvoir les ventes de son savon Sunlight qui furent encadrées et accrochées en long et en large dans les maisons du Pays de Galles. Des copies de Salem se trouvent dans la moitié des maisons du Pays de Galles. Des copies des reproductions ont été acquises et utilisées plus tard par [Sir] Ifan ab Owen pour promouvoir le magazine pour enfants Cymru 'r Plant (4).
Jean-Marc Michaud et Anne Le Roux firent un énorme travail dans la découverte de l'histoire de l'homme pour la seule exposition complète de l'½uvre de Vosper qu'ils firent au Faouët (5) en 2001. Jolyon Goodman a beaucoup ajouté à cette histoire et son travail de recherche dans la production considérable de l'artiste est assez herculéen.
Vosper, originaire des Cornouailles - dans une lettre dans les archives du Musée National du Pays de Galles, il écrivit qu'il était pas anglais, mais cornique - est né dans un village qui fait maintenant partie de Plymouth et, après une période en apprentissage dans un bureau d'architecte, il se forma à l'art à l'[[Académie Colarossi]] de Paris. Là, en 1890, son contact avec le Pays de Galles commença quand il rencontra [Sir] William [[Goscombe John]] (6) et que naquit une amitié à vie.
Il rencontra sa femme, Constance James, de la lignée d'un notable politique gallois de [[Merthyr Tydfil]], en Bretagne. Ils se marièrent en 1902, et elle l'a probablement conduit dans la région d'Ardudwy qui lui a inspiré Salem, Market day in old Wales (Jour de marché dans le vieux Pays de Galles), et un certain nombre d'½uvres moins connues qui figurent dans ce livre. Parmi celles-ci, il faut se référer à sa première oeuvre galloise exposée au RWS (Royal Watercolour Society) en 1907. Grief (Chagrin) est une aquarelle simple mais puissante située dans le grenier d'une petite ferme de la région.
Sa connexion galloise semble avoir pris fin avec la mort prématurée de Constance en 1910. Bien que le travail de Vosper le plus connu soit celui du Pays de Galles avec Salem et dans une moindre mesure avec Market day in old Wales, l'homme lui-même était mieux connu en Bretagne, où il était l'un des nombreux artistes qui ont séjourné et travaillé au Faouët, une petite ville du nord-ouest du Morbihan.
Il passa également du temps au Pouldu, le village où se rendit Gauguin quand il eut quitté Pont-Aven, devenu trop populaire pour son goût. En fait Vosper passa des décennies en Bretagne et certaines de ses ½uvres les plus notables y ont été peintes. On sait qu'il avait appris à parler breton et Jolyon Goodman pense qu'il apprit le gallois. C'est en Bretagne, plus que partout ailleurs, que nous voyons le naturalisme attentif d'½uvres qui sont de véritables documents ethnologiques.
Bretons at prayer (Bretons en prière), (1898), peint à la chapelle de Saint Fiacre, un hameau à environ 1,5 km du Faouët, qui peut être vu au Musée du Château de Cyfarthfa (voir le site) (page wiki en anglais), en Merthyr, est une peinture particulièrement belle. Une autre, datant des environs 1898, est The Spinners (Les Fileuses), jusqu'à tout récemment propriété d'une petite nièce de Vosper et depuis donnée à la Royal Watercolour Society.
Two women at a sabot-maker's hut (Deux femmes dans la hutte d'un sabotier), dans la décennie suivante, fut sa première peinture exposée à l'Académie royale. Vosper avait déjà montré un vif intérêt pour la vie des populations locales, et sans doute sur les promenades dans les bois bretons proches rencontra-t-il des huttes de sabotiers. Il reviendra au même sujet en 1928 avec une autre peinture d'un sabotier au travail dans une cabane de fortune dans les bois.
Une autre oeuvre, datée de 1906, A mechanised farmer (Un cultivateur mécanique) (7) est une vue de dos d'un agriculteur breton sur un vélo, portant un chapeau traditionnel, son blouson bleu gonflé alors qu'il pédale dans le vent sur une route de campagne. Cette peinture, l'une de la simple poignée de celles que l'on trouve en Bretagne, a beaucoup d'esprit et d'énergie et est tout à fait différente de ses peintures galloises. Une chaumière et une barrière typique de champ complètent la scène. Jusqu'à récemment, c'était le logo du [[Musée du Faouët]].
Le livre contient également - et cela va surprendre ceux qui ne connaissent que Salem et Market Day - des bandes dessinées animées et de nombreux croquis qui montrent de l'esprit et de la compassion. L'autre partie importante du corps de l'oeuvre de Vosper est celle des saints bretons, Trente six aquarelles de statues de chapelles bretonnes qui ont été commandées à Vosper par son ami John Goscombe (8) sont au Musée National du Pays de Galles. Ce sont pour la plupart des statues en bois.
Jolyon Goodman reconnaît l'importance de la seule exposition rétrospective de l'½uvre de Vosper, au Faouët en 2001 (voir le site) et à Merthyr en 2002. Le catalogue de cette exposition par Jean-Marc Michaud, alors conservateur des musées d'art du Morbihan, lui a procuré un bon départ pour ses recherches. Ce livre montre qu'il est temps de faire une autre exposition, ce qui serait vraiment justifié.
Curnow Vosper: his life and works(9) par Jolyon Goodman, Tal-y-bont, éd. [[Y Lolfa]] (10), août 2015, 180 p., £17,95.
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Gwyn Griffiths, traduction et notes par Maryvonne Cadiou. (voir notre article) en anglais.
(1) Salem : le tableau illustre la couverture du livre (ill. 1). Voir l'article du Western Mail en anglais sur “Wales on line” : (voir le site) titré Nostalgic image still fascinates, a hundred years on (16 oct. 2010). Voir aussi la page wiki, en anglais, sur le tableau [[[Salem (Vosper painting)]]].
(2) Sydney Curnow Vosper : sa page sur wikipedia existe seulement en anglais et en gallois (une traduction partielle) (voir le site) . Voir un complément de biographie : (voir le site)
(3) Bebington : voir aussi [[[Port Sunlight]]], en anglais, un village proche où se situe la Galerie et où l'histoire du Sunlight Soap de Lever est expliquée.
(4) Cymru'r Plant (voir le site) avec quelques pages du magazine. Le titre n'a rien à voir avec les plantes et signifie les enfants du Pays de Galles. Ifan ab Owen Edwards (1895-1970) a aussi publié un livre de ce titre en 1903, en gallois, avec de nombreuses contributions : (voir le site)
(5) [[Le Faouët (Morbihan]]. Pas de mention de Curnow Vosper dans le chapitre du Musée du Faouët. Il est nommé sur la page en breton de wikipédia (voir le site) dans Tud brudet = personnes célèbres.
(6) Musée du Faouët, wiki page seulement en français : (voir le site) ée_du_Faouët Pas de mention de Curnow... (voir le site) du musée.
(7) A mechanised farmer (Un cultivateur mécanique). (voir le site) page du tabeau de Vosper, qui en outre écrit : “Ce cultivateur mécanique, plein de bonhomie, se déplace à bicyclette, la blouse gonflée au vent, sur une petite route aux environs du Faouët. L'auteur nous révèle ici ses talents de caricaturiste qu'il exercera notamment dans les colonnes du journal britannique Punch. Sa présence au Faouët est attestée dès 1898 et, parfaitement intégré à la vie locale, il puise dans cette bourgade les sujets de ses aquarelles et de ses gravures”.
(8) William Goscombe John, sculpteur gallois (1860-1952) voir sa page wikipédia en anglais, bien détaillée de ses ½uvres : (voir le site)
(9) (voir le site) of The Writers of Wales Database. Les écrivains de la base de données du Pays de Galles. Plus sur l'auteur de cette relation du livre : (Extrait) Gwyn Griffiths est à l'origine de projets concernant le Pays de Galles et la Bretagne, notamment (...) une exposition rétrospective des ½uvres de l'artiste cornique Sydney Curnow Vosper au musée d'art du Faouët en 2001. Contacté par sa traductrice, Gwyn Griffiths, qui connaît très bien la Bretagne, lui expliqua comment il découvrit Curnow Vosper et son lien avec la Bretagne, ce qui fut le point de départ de l'exposition au Faouët en 2001.
«Tout commença quand je vis un dessin de Vosper “Breton nun's at table” (Religieuses bretonnes à table) au Musée du château de Cyfartha à Merthir Tidfil et l'exposition au Faouët inspira Jolyon bien qu'il ne sût rien à son propos jusqu'à quelques années plus tard. Le catalogue de Jean-Marc Michaud lui fut d'une grande aide. Mais Jolyon a fait un excellent travail, en particulier sur le côté gallois».
(10) Description de l'éditeur : Le premier livre consacré uniquement à la vie et aux ½uvres de peintre Curnow Vosper (1866-1942), plus connu pour son tableau emblématique Salem, qui représente Siân Owen entrant dans la petite chapelle de Salem, près de Llanbedr, au nord du Pays de Galles. Le volume contient plus de 130 de ses ½uvres et raconte sa vie ; il grandit dans le Devon, peignit en Bretagne et dans le nord du Pays de Galles, exposa à la Royal Watercolour Society et à la Royal Academy à Londres, au Salon de Paris et ailleurs. L'auteur a un lien familial avec Curnow Vosper. Jolyon Goodman (MA = titre universitaire britannique) vit à Christchurch, Dorset.
(11) Site de l'éditeur : (voir le site)
(sans n°) (voir le site) : The website for Welsh cultural history, 2 pages sur Vosper avec quelques tableaux et des esquisses préparatoires.
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