André Cariou est historien de l’art, spécialiste de la vie, de l’œuvre de Paul Gauguin et, plus largement, des peintres de l’école de Pont-Aven, ainsi que de la peinture d’inspiration bretonne, auxquelles il a consacré nombre d’expositions et de publications.
Conservateur en chef du patrimoine, il est, aussi, l’ancien conservateur du Musée des Beaux-Arts de Quimper.
Dans une même collection, chez Coop Breizh, l’historien de l’art, a, déjà, publié 4 ouvrages :
- « Pont-Aven, cité des peintres de la colonie artistique à l’Ecole de Pont-Aven », en mai 2016.
- « Gauguin et ses camarades de l’Ecole de Pont-Aven au Pouldu », en juin 2016.
- « Le Pays bigouden vu par les peintres », en mai 2017.
- « Douarnenez et ses environs vus par les peintres », en mai 2018.
Son dernier livre « Morlaix et sa baie vues par les peintres - Entre Léon et Trégor » est, donc, le cinquième de cette collection référencée dans la catégorie « Histoire de l'art et peinture », chez l’une des plus importantes maisons d'édition de livres et de production d'œuvres musicales de l'ouest de la France, le célèbre éditeur breton de Spezet (29).
Pour vous présenter cet ouvrage de 96 pages, aux propos aussi riches qu’accessibles, lumineusement et abondamment ponctués par des reproductions soignées des tableaux conservés ou exposés au sein des collections des plus grands musées nationaux et internationaux ou détenus par des collections particulières, nous n’aurons aucun scrupule à vous reproduire, ci-après, le résumé qui en est fait, avec parfaites acuité et précision, sur le quatrième de couverture.
En voici les termes (Source Coop Breizh) :
Si Morlaix est très familière des voyageurs qui parcourent la Bretagne (TURNER, ISABEY ou LONGKIND y font étape), le Léon et le Trégor finistérien semblent, en revanche, inconnus des peintres qui préfèrent la Cornouaille et les villes de Pont Aven, Concarneau ou Douarnenez où ils se retrouvent. Tout va changer avec le besoin de nouvelles sources d’inspiration, la recherche d’un travail plus solitaire, et également la mode des bains de mer.
On ne compte plus alors les peintres qui séjournent de Roscoff à Locquirec en passant par Carantec et Plougasnou : BOUDIN, LHERMITTE, LANSYER, CERMAK, MERSON, RAFFAELLII, BENOIS, VAN RYSSEN, BERGHE, PUIGAUDEAU, MAUFRA, VALLOTTON, DENIS, JAWLENSKY, MEHEUT, KERGA, LEFRANC, KISLING, ROHNER ou KICKERT.
Tous ces noms permettent d’imaginer la diversité de styles et des sujets et laissent deviner la place originale que Morlaix et sa baie, entre Léon et Trégor, occupent dans l’histoire de la peinture, en Bretagne.
En quelque sorte, « graphiquement préfacé », par des cartes postales photographiques provenant des Archives Départementales du Finistère ou de collections privées, de l’huile sur toile « Morlaix en 1815, la grande place, l’Hôtel de Ville », exposée au Musée de Morlaix, à un pastel sur papier « Saint-Jean-du Doigt », exposé à la galerie Prouté de Paris et daté de 2019, cette très large galerie temporelle et de styles proposés par André Cariou est soigneusement et judicieusement chapitrée selon le sommaire suivant :
- Avant-propos.
- Morlaix, premières représentations.
- Morlaix, les ambitions des peintres.
- La baie de Morlaix, côté Léon.
- La baie de Morlaix, côté Trégor.
- Des postimpressionnistes à l’0euvre.
- Jawlensky, un fauve à Carantec.
- La Bretagne, sans cesse, redécouverte.
- Kerga, le peintre de la baie de Morlaix.
- Regards variés, entre figuration et non-figuration.
Conduits par les passionnants, substantiels, descriptifs propos historiques, géographiques et socio-économiques d’André Cariou sur la baie et la ville de Morlaix, nous avons, notamment, largement apprécié, en page 17, la très belle lumière qui baigne la reproduction de l’huile sur toile dénommée « Morlaix, le pavé, la rue Carnot, en 1815 », œuvre signée du négociant, homme politique, mais, aussi peintre amateur, Edmond PUYO (1828-1916), tableau en possession du Musée de la ville qu’il a, par ailleurs, créé.
Ce présent ouvrage « Morlaix et sa baie vues par les peintres » étant sous-titré, « Entre Léon et Trégor », nous avons été, particulièrement attentifs aux deux chapitres « La baie de Morlaix, côté Léon » (Page 25) et « La baie de Morlaix, côté Trégor » (Page 43).
Côté Léon, cette partie, « mettant, principalement, en dessins et en peintures » les villes de Saint-Pol-de-Léon et de Roscoff, nous permet d’admirer une galerie de reproductions de très belles lithographies sur papier.
Si nous avons été séduits par l’œuvre d’Auguste MAYER qui nous révèle une vue de « La Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, vers 1845 », notre regard a été, immédiatement, happé, en page 28, par la lithographie sur papier du peintre graveur Léon GAUCHEREL (1816-1886), titrée « Côtes de Bretagne, Saint-Pol-de-Léon, vers 1840 ».
La lumière d’un soleil levant est magnifique, presque irréelle, en tous cas, fantastique, onirique et la composition, dans son rapport 2/3-1/3, avec ses avant-plans pierreux et granitiques qui projettent, inexorablement, guidé par l’alignement de rochers et d’îlots, notre regard vers l’infini de l’horizon embrasé, est fort réussie et, sublimement, maîtrisée.
La première partie de l’exposé textuel Léonard évoquant l’architecture, les artistes-peintres, mais aussi les gens qu’ils soient « de mer ou de terre », illustrée en noir et blanc, nuances de gris ou légers bistres, fait, ensuite, place à des huiles, lavis et gouaches colorées d’ocres d’or ou bleutés qui mettent en féeriques lumières, Roscoff.
En page 30, sous le tableau d’Emile VERNIER, « Roscoff en 1880 », le lavis d’encre et rehauts de gouache sur papier, « Roscoff vu de la grève, vers 1876 », du peintre lorientais Michel BOUQUET (1807-1890), nous offre un splendide paysage au ciel tourmenté et au miroir de mer teintés de cuivre où se profilent, en contre-jour, clocher, maisons, embarcation et pêcheurs.
Au-delà de ces remarquables représentations paysagères, les pages suivantes nous offrent, entre autres, portraits et personnages, notamment, signés du tchèque Jaroslav CERMAK (1831-1878), une connaissance de Michel BOUQUET.
Grâce au dense rédactionnel d’André CARIOU et aux artistes peintres, nous portons, à présent, notre regard, sur le côté Trégor de la baie de Morlaix.
En feuillet 47, notre « travelling visuel » se heurte, littéralement, contre la pleine page consacrée à l’huile sur toile de Jean-François RAFFAELLI, à la composition, décadrée à droite, osée, puisque « coupant », à gauche de la toile, un personnage. Ce tableau dénommé « La famille de Jean-le-Boiteux à Plougasnou, 1876 », figure dans la collection du Musée d’Orsay, à Paris.
A ce propos, André CARIOU écrit :
La présence de Jean-François RAFFAELLI [1850-1924) à Plougasnou en 1876 est sans explication. Agé de 26 ans, il parcourt la Normandie et la Bretagne où il fait étape a Concarneau, Douarnenez et Plougasnou. Durant ce dernier séjour, il peint trois paysages connus seulement par leurs titres, (« Eglise de Plougasnou », « La mer de Plougasnou », « Les Falaises de Plougasnou »), et surtout un étonnant portrait collectif, la famille de Jean-le-Boiteux, paysans de Plougasnou.
RAFFAELLI réussit par un effet de composition à traduire l'absence de communication entre les membres de cette famille.
Lors de sa présentation au Salon de 1877, il fut ainsi commente par Gustave GEOFFROY :
« Toute la vieille Bretagne du Finistère avec quelques personnages ou l'humble condition se marquait de vie grandiose, de style tait de simple réalité, un siècle de labeur, de pensée obscure, de vie douce, résignée, admirable, marqué au trait du vieillard a chapeau noir, de la vieille a la coiffe blanche présentant ses mains comme des témoignages, et la continuation de l'existence avec le jeune homme, la jeune femme, la petite fille.»
Lors de l'exposition personnelle du peintre, en 1884, l'œuvre fut présentée dans la section « Portraits-types de gens du bas peuple », au côté d'œuvres montrant des déshérités de la banlieue parisienne auxquels il se consacrera par la suite ».
Puis, notre attention a été, particulièrement, attirée, quelques cahiers, plus loin, par un chapitre où André CARIOU nous fait découvrir ou redécouvrir, en tous cas, mieux connaître, le style plus « simplifié et moderne » de Charles de KERGARIOU (1899-1956) qui prend pour signature d’artiste, KERGA. Comme le précise le titre de cette partie, KERGA est le peintre de la Baie de Morlaix.
L’artiste est né le 10 juillet 1899 au château de Lannuguy, à St Martin des Champs, situé à moins de 3 km de Morlaix.
C’est en 1922 qu’il quitte un emploi dans l’aéronautique, à Paris, où, pour y être salarié, il était « monté ». Il devient peintre autodidacte, dans une Bretagne finistérienne de naissance, alors, retrouvée.
Atypique, original, voire marginal, menant une vie de bohème, KERGA travaille essentiellement, entre Léon et Trégor, corroborant, ainsi le sous-titre et le cadre géographique et pictural de l’ouvrage d’André CARIOU.
C’est l’aspect « Bande Dessinée, affiche, presque vitrail, cloisonné » qui nous interpelle. Les dessins, aux aplats tranchés, souvent opposés, sont, à la manière de joints de plomb, cernés de noir.
L’artiste pratique, avec maestria, la gravure sur bois, comme les quatre des douze gravures rehaussées au pinceau titrées « De l’Armor à l’Arré, 12 images de Basse Bretagne » qui, en pages 82 et 83 chapeautent les textes de l’auteur, ainsi que la peinture à l’huile sur toile, comme « Le Château du Taureau et la pointe de la Chaise du curé, vers 1925 » qui, choisi pour la couverture du livre, illustre la tête du chapitre, ou l’huile sur plâtre, puisque, notamment, de 1925 à 1940, KERGA enchaîne les décorations d’hôtels.
Notre prime ressenti de « peintre affichiste », susmentionné, trouve parfait écho dans ses nombreux travaux d’illustrations de brochures de communication pour Syndicats d’Initiatives, à cette époque, pas encore Offices de Tourisme, entreprises, commerçants, restaurateurs. En page 84, l’huile sur plâtre « La cure d’air du sanatorium de Perharidy, 1934, nous semble au plus près de cette expression, presque plus graphique que picturale.
A l’époque, localement, reconnu, mais hors Bretagne, isolé, car n’appartenant à aucun groupe d’artistes, « aujourd’hui, KERGA est reconnu, de tous, pour la place unique qu’il occupe dans la peinture d’inspiration bretonne de l’entre deux guerres ». C’est par ces mots synthétiques, rassurants et valorisants qu’André CARIOU conclut ce chapitre dédié à KERGA qui nous a passionné, tant par le discours de l’auteur que la séduisante iconographie.
Comme nous le précisions, dès le début de ce « papier », ce livre raconte une épopée picturale s’étendant des années 1800, à nos jours.
Le dernier chapitre intitulé « Regards variés, entre figuration et non-figuration » nous livre une vision plus contemporaine, parfois, plus abstraite de cette région, avec, entre autres, des œuvres de Georges ROHNER peintes en 1957, 1963, 1973, Conrad KICKERT, réalisées en 1960, travaux qui pourraient, peut-être, au-delà des grands maitres, auxquels ils se réfèrent, être, également, sources d’inspiration pour les peintres bretons actuels que nous vous présentons dans notre rubrique « Arts Visuels » qui leur est dédiée. (Voir).
Au cours de notre modeste chronique, où nos mots semblent bien ternes comparés à ceux du savant et talentueux auteur, nous n’avons évoqué que quelques passages de cette intense et captivante narration relative à ce nouveau pan régional de l’histoire de la peinture bretonne qu’ André CARIOU nous propose avec son style dense d’informations sur les lieux, les édifices et les êtres, qu’ils soient acteurs ou sujets.
« Morlaix et sa baie vues par les peintres - Entre Léon et Trégor » est un livre d’un, ô combien, spécialiste qui sait s’adresser au plus grand public, en alternant une foultitude d’informations les plus pointues, les descriptions contextuelles, voire les anecdotes, un spectre rédactionnel qui permet de ravir le féru et d’initier le néophyte.
C’est, sans nul doute, un livre captivant, peu onéreux, à vous procurer, rapidement… En n’oubliant pas les 4 précédents qui jalonnent cette judicieuse collection destinée aux amoureux de la peinture, de la Bretagne et à ceux qui la visitent.
Gérard Simon
«Morlaix et sa baie vues par les peintres - Entre Léon et Trégor», d'André CARIOU.
Parution : 20 mai 2020.
150 x 210 mmm - Broché à rabats - 96 pages couleurs - 90 illustrations - 18 €.
Edition : COOP BREIZH : (Voir site)
ISBN-10 : 2843468906 - ISBN-13 : 978-2843468902
Référence : 346890
Illustration sonore de la page : Annie EBREL - «Ar peñse dirak Karanteg - Le naufrage devant Carantec (Anna ar Chapalan)» Extrait de 01:02, du CD Bro Dreger IV. Kanaouennoù an aod (1992), édité par l’association Kreizenn sevenadurel Lannuonbum (Centre culturel breton de Lannion) - Site Internet : (Voir site)
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