Nous avons reçu :
«Maryvonne Blondin, sénatrice socialiste du Finistère, dénonce avec vigueur les propos tenus par le chef de l’État lors de son discours de Marseille du 19 février 2012 concernant la Charte européenne des langues régionales.
Dans une course insensée et périlleuse liée à l'amour de la nation, le président-candidat s'en est pris violemment à un danger imaginaire à savoir une véritable reconnaissance juridique des langues régionales, et ce par la ratification de la charte européenne éponyme, voulue notamment par François Hollande. Selon ses mots, « Quand on aime la France, on ne propose pas de ratifier la Charte des langues régionales qui n'a pas pour but de faire vivre les langues régionales dans lesquelles je crois, mais de reconnaître des droits linguistiques à toutes les minorités et de les placer sous le contrôle d'une Cour européenne qui jugera sans tenir compte de notre histoire nationale et de notre tradition républicaine ».
Relevons une erreur et une méconnaissance dans les propos de Nicolas Sarkozy. Erreur manifeste tout d'abord, lorsque le président dénonce le pouvoir de nuisance à l'unité de la nation que constitue la Charte des langues régionales, en octroyant des droits linguistiques. En effet, la Charte se place uniquement sous l'angle de la protection du patrimoine culturel européen dont les langues régionales ou minoritaires sont un élément de richesse. Les mesures envisagées par ce texte sont des engagements de protection et non des mesures qui visent à l'expression des droits linguistiques imprescriptibles de leurs locuteurs.
Puis le président fait allusion à une Cour européenne – laquelle ? - qui mettrait la France sous contrôle en cas de ratification de la Charte. Cette indéfinition qui renforce délibérément l'inconnu et alimente le fantasme d'une menace extérieure, est très dangereuse. Passée cette imprécision, soulevons la méconnaissance. En aucune manière la Cour européenne des Droits de l'homme, car ce doit être elle dont il s'agit, dans son travail formidable en faveur de la promotion et de la reconnaissance des droits de l'homme, néglige les traditions et particularités constitutionnelles et historiques des États. Pour s'en convaincre, prenons simplement un exemple récent parmi de nombreux autres, dans la jurisprudence de la Cour de Strasbourg.
Concernant la question linguistique, la Cour dans sa décision Birk-Levy c/ France du 21 septembre 2010, rappelle ainsi que « l'intérêt, pour chaque État, d'assurer un fonctionnement normal de son propre système institutionnel revêt incontestablement un caractère légitime. Eu égard au principe de respect des particularités nationales, la Cour n'a pas à prendre position sur la langue de travail d'un parlement national ». En effet, « ce choix, dicté par des considérations d'ordre historique et politique qui lui sont propres, relève en principe du domaine de compétence exclusive de l’État ». La Cour respecte constamment les particularités de chaque État. Monsieur le président, ratifier la Charte des langues régionales et soumettre le contrôle de son application à la Cour européenne ne remettra nullement en cause notre histoire nationale et notre tradition républicaine. Soyez-en certain.
« Comprendre c'est avant tout unifier » disait Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe. Si François Hollande cherche à unifier, à rassembler les Français, dans le respect des diversités, de la richesse de ses territoires, condition de l'ambition républicaine, Nicolas Sarkozy continue à diviser, en opposant, en stigmatisant.»
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