La francisation de la Bretagne

Chronique publié le 24/06/19 0:50 dans Société par Yves-François Le Coadic pour Le Coadic
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La Bretagne, c'est bien... mais il y a trop de Français et trop de français!

Quand on assiste à la francisation accentuée de la Bretagne (du moins ce qu’il en reste), on ne résiste pas à faire cette blague pastichant les blagues racistes que font les Français sur les Corses ou les Arabes.

“La Bretagne, c'est bien... mais il y a trop de Français!”

Entendez le peuplement de cette région, la Bretagne, à la pointe de l’Europe. On peut accessoirement les appeler Bretons, 18 % seulement de la population se sentant plus bretonne que française . Étrange ce sentiment d’appartenance partagée révélateur d’un malais existentiel. “Français, Breton, Européen: autant que ..., plus que ..., moins que ...”. Vous voyez Mélenchon ou Le Pen se déclarer Français autant qu’Européen! Lorsque vous faites remarquer à un Français que son passeport est européen et qu’il est donc Européen, vous l’offusquez.

L’identité des habitants de la Bretagne est donc française. Ils parlent exclusivement français et accessoirement, pour deux infimes minorités, breton et gallo. Ils sont majoritairement de culture française, l’enseignement qu’ils ont reçu dans des écoles françaises leur inculquant cette connaissance exclusive de la langue française, de l’histoire française, de la littérature française, etc. Un petit nombre d’élèves reçoivent un enseignement de breton et de gallo. Mais rien sur l’histoire de la Bretagne, sur la littérature de Bretagne, etc. Aux élections, ils votent en masse pour des partis français car il n’y a qu’une offre misérable de partis s’affichant bretons. De ce fait, les organes politiques, région, département, communes sont entre les mains de politiciens français. Le vice-président à la culture de la région administrative est ainsi membre d’un parti français!

Qu’apporte l’immigration? Un lot important de citoyens français qui fuient des environnements français inhospitaliers (politiques, religieux, etc) et viennent en Bretagne pour retrouver un pays plus pacifié. Mais ils ignorent tout de la Bretagne, encore bien plus que les autochtones que nous décrivions plus haut. En plein pays bigouden, certains considèrent que la toponymie locale pourtant fortement brittophone est en français! Puisqu’il n’ont jamais entendu parler de l’existence dans ce pays d’une langue autre, à savoir le breton.

“La Bretagne, c'est bien... mais il y a trop de français!”

Entendez cette fois la langue française. Langue officielle, langue maternelle de tous les habitants de Nantes à Brest, le français ne supporte guère la coexistence avec les autres langues de Bretagne que sont le breton et le gallo. Sur quelques panneaux de signalisation, sur quelques commerces qui se fendent d’un degemer mat ou d’un bonarive, on peut trouver traces de ces deux langues. Mais l’environnement linguistique reste très majoritairement français. Ce qui surprend violemment ce locuteur japonais, brittophone débutant, venu faire un séjour en Bretagne et suivre un stage de perfectionnement. L’immersion qu’il venait chercher est ratée. Ce que confirme cet immigré syrien qui déclare que “la culture qui est en Bretagne est plutôt française”.

Heureusement qu’il reste la toponymie et la patronymie. La première est toutefois remise en question par la Poste française, par l’Académie française et par ces édiles incultes et serviles de l’Etat français et de ses sbires préfectoraux qui débaptisent des noms de lieux et de rues, qui dénomment de nouvelles rues de noms français gommant les cadastres de langue bretonne ou gallo. Les nouveaux commerçants et promoteurs immobiliers ne sont pas en reste pour le nommage de leurs établissements: la crêperie “Trouz ar mor”” devient la “Mauricette”!

Ce n’est guère mieux pour les patronymes et en particulier les prénoms. On se rappelle qu’il y a quelques mois, la justice interdisait à des parents bretons de prénommer leur enfant Fañch, cas manifeste de discrimination linguistique, de glottophobie. Il faudra bientôt changer “Le Pennec” en “Le Têtu”. C’est le nom du maire de Telgruc, à la pointe de la campagne de francisation, qui préfère appeler un de ses contradicteurs par son nom français plutôt que son nom breton! Saluons à ce sujet la démarche courageuse des élèves du lycée Diwan qui ont refusé de rédiger leurs copies d’examen en français.

Ces deux constats de faillite identitaire et de faillite linguistique ne sont pas rédhibitoires. Mais il faudra attendre quelques années avant que la Bretagne accède à des statuts équivalents à ceux de la Corse, de la Catalogne, du Québec ou de l’Ecosse.


Vos commentaires :
Mardi 23 avril 2024
Merci pour cet article:') Pour autant, si je suis d'accord avec la partie dite «linguistique» de votre article, je suis en desaccord avec la premiere partie:') Les Bretons eux-memes sont ces Francais dont vous parlez. Nul besoin d'avoir des personnes venant de villes Francaises pour Franciser:') D'autant plus que certains d'entre eux sont des Bretons qui reviennent au Pays et/ou car ce ne sont pas forcement les memes, des individus qui sont tres demandeurs au contraire de specificites Bretonnes ... qui sont, comme vous le dites bien dans votre deuxieme partie, delaissees par les locaux qui eux preferent regarder vers le Levant plutot que vers le Pays de Galles ou la Cornouaille ... voire la Bretagne:') Le probleme n'est pas l'Immigration, comme on entend trop souvent, mais bien plutot le fait que les Bretons n'ont pas confiance en leur Bretonnite:') Ils sont, pour reprendre, les ecrits d'un autre Le Coadic(Ronan) ... une Minorite Laminee. Quant a la Nation sans Etat, c'est «moins qu'Hier / plus que Demain», au train ou vont les choses ... La Bretagne n'a plus que le nom, c'est deja, dans les faits - un nom qui en fait hurler certains ; peut-etre parce qu'il est vrai - le Grand Ouest
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