Le Président de la République Emmanuel Macron ayant invité les français à s’exprimer dans le cadre du Grand débat, le Réseau Produit en Bretagne souhaite apporter sa contribution sur trois thèmes, parmi tant d’autres, qui concernent le territoire breton et qui lui semblent relever de sa légitimité. Avec 110 000 salariés et 430 entreprises réparties sur toute la région (Loire-Atlantique incluse), le Réseau Produit en Bretagne travaille au développement économique et culturel de la Bretagne pour l’emploi. Plus qu’une organisation patronale ou qu’une organisation de salariés, Produit en Bretagne appartient à tous les Bretons.
L’examen de la situation actuelle de la Bretagne met en lumière des points positifs et une belle dynamique territoriale, notamment grâce à une réelle coopération entre la Région et les acteurs économiques et culturels. Notre agriculture, en quête de diversification et de valeur ajoutée, vit une profonde mutation et prend de mieux en mieux en compte les nouvelles attentes de la société notamment celles du « mieux-manger ». Elle doit être encouragée et accompagnée dans cet effort. Nous nous associons pleinement à l’objectif de faire de la Bretagne la région pionnière du bien manger en France et en Europe. Nos savoir-faire et nos innovations sont reconnus par-delà nos frontières, en agro-alimentaire mais aussi dans l’univers de la mer, du numérique, de la cyber sécurité, et plus généralement dans les nouvelles technologies. Notre jeunesse est globalement très bien formée et prête à s’engager, mais pas sans conditions !
Des lignes de fractures se creusent en effet. Elles sont préoccupantes et appellent de profondes et d’urgentes réformes, notamment pour renforcer l’attractivité bretonne et faciliter la mise en concordance des besoins de recrutement des entreprises avec les attentes des nouvelles générations de salariés.
La fracture Est-Ouest pose la question de l’inscription de la Bretagne en Europe et dans le monde. Une bonne couverture numérique est une première exigence. Nous demandons par ailleurs que le ferroutage et le merroutage bénéficient d’un plan de développement fortement doté, pour reconnecter notre territoire aux grands canaux logistiques, tout particulièrement s’agissant de la pointe bretonne. La mer est une composante essentielle de notre prospérité future. Ce destin n’est pas assez clairement tracé. Il ne trouvera pas d’issue dans un alourdissement des taxes, déjà considérables, prélevées sur les transports dans une région périphérique, mais dans l’attribution d’une véritable autonomie budgétaire à la Région Bretagne, sur le modèle qui prévaut dans presque tous les pays d’Europe. C’est à la fois une question de démocratie et de bon sens, dans le strict respect du principe de subsidiarité qui anime la construction européenne.
Le choix de la Région comme pilote stratégique du territoire permet d’éviter une stérile compétition entre métropoles. Le développement des trois métropoles bretonnes, Nantes, Rennes et Brest, doit être coordonné pour que l’ensemble du territoire breton soit gagnant : à l’est comme à l’ouest, au centre comme en zone littorale, dans les petites villes comme dans les grandes. Faut-il rappeler que nous avons une entreprise ou une usine presque dans chaque village et dans chaque petite ville. Ce maillage est exceptionnel et caractérise la Bretagne en Europe. La qualité de vie des Bretons en dépend.
La géographie et l’histoire parlent d’elles même. Le port de Nantes Saint-Nazaire est une pièce maîtresse de l’échiquier breton. Avec lui se pose clairement la question de la réunification de la Bretagne dans son cadre de développement le plus naturel. Nous regrettons que le découpage régional n’ait pas raisonnablement dessiné deux belles régions à partir des trois territoires que forment aujourd’hui la Bretagne, les Pays de la Loire et le Val de Loire. Nous demandons que ce projet soit mis à l’ordre du jour et que la voix des 105 000 habitants de Loire-Atlantique réclamant un référendum sur le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne soit entendue et respectée. Nous aspirons à retrouver notre unité culturelle, historique et économique.
Enfin, sur un plan strictement culturel, il nous apparait que le traitement très inégalitaire que l’Etat réserve à la Bretagne, comparé aux dépenses somptuaires observées en Ile de France, doit être repensé. La langue bretonne se voit attribuer des miettes qui sont parfaitement contradictoires avec une volonté sincère d’assurer son avenir, alors même que la population bretonne, dans son immense majorité, appelle son développement de ses vœux. Notre langue est un atout pour le développement cognitif de nos enfants. Elle est notre héritage, mais elle est aussi une richesse et un vecteur de différenciation, de repérabilité, de valorisation et de cohésion qui sont autant d’avantages précieux pour le développement territorial.
Tout ceci suppose que le droit à l’expérimentation, si souvent évoqué, et parfois même brandi en étendard, soit enfin mis en pratique en Bretagne avec un peu d’audace. Et l’audace, la Bretagne n’en manque pas. Nous avons soif d’expérimentation et nous sommes prêts. Nous n’avons plus le temps d’attendre. C’est la clé d’un nouvel élan de prospérité pour la Bretagne et pour la France.
■