La pandémie est-elle moins grave en Bretagne ?

Chronique publié le 1/03/21 9:03 dans Bio & Santé par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Un air iodé . Cette photo a été gracieusement autorisée par le photographe Mathieu Rivrin https://www.mathieurivrin.com .

La Bretagne fait toujours partie des régions les moins touchées par la Covid. Fin février 2021, le taux d'incidence s'élevait à 104,8 cas pour 100.000 habitants. C'est deux fois moins que la moyenne nationale. Une étude de l'Institut Pasteur, publiée le mercredi 24 février, démontre que seulement 6% des Bretons ont été infectés, contre 17% pour la moyenne nationale et 30% pour l’Île de France. Des chiffres à prendre avec précaution car le nombre de cas détectés dépend forcément du nombre de personnes testées.

Le nombre de cas connus est intrinsèquement lié au nombre de tests et on teste bien plus dans les grandes villes comme Marseille, Lille ou Paris que dans les campagnes bretonnes. Il n’est donc pas possible de se fier au nombre de cas déclarés en région sauf pour y déceler des évolutions. En ce qui concerne les statistiques sur cette pandémie, seuls les chiffres sur le nombre de décès sont fiables, et encore, car certaines personnes ont préféré mourir à la maison plutôt que de se faire hospitaliser. Mourir seul sur le ventre encapsulé dans un respirateur artificiel n’est pas une mort enviable.

Des tas de raisons ont été avancées pour expliquer pourquoi la Bretagne et en particulier le Finistère sont moins affectés par la pandémie que le reste de la France, voire de l’Europe. On a même écrit que les Bretons étaient plus civiques que les autres... ce qui reste à prouver. Vous avez oublié les Bonnets rouges ? Les milliers de Bretons qui sont toujours en balade le long du littoral ce dimanche 28 février en fin de journée, après le couvre-feu de 18 heures donc, prouve justement le contraire.

Ce qui est certain est que tout peut changer très rapidement. On l’a vu avec le Portugal, mais aussi avec l’Irlande, deux pays aussi sur la façade atlantique de l’Europe. En proie à un « tsunami » de cas de COVID-19, l’Irlande est passée en quelques semaines du statut de bon élève dans la lutte contre la pandémie à celui peu enviable de pays présentant le plus haut taux de transmission dans le monde ! Ca pourrait donc arriver aussi en Bretagne avec l’arrivée massive de mutants du SARS-CoV2 et l’arrivée des touristes dès les fêtes de Pâques. D’ailleurs les contaminations sont de nouveau en hausse en Bretagne.

On a dit que la Bretagne n’était pas un lieu de passage, que c’était une péninsule. Ce n’est pas vraiment le cas car des milliers de Parisiens y viennent dès qu’ils peuvent et même maintenant juste pour le week-end ou les vacances scolaires. D’ailleurs l’Irlande est une île, pas une presqu’île et ça n’a pas stoppé la pandémie. Avec 13 millions de visiteurs par an, la Bretagne est plus qu’un lieu de passage, c’est une destination.

On a dit aussi dans la presse que le climat breton y était pour quelque chose mais l’Irlande a le même climat que la Bretagne et le virus s’y répand comme une traînée de poudre. Donc prudence, et comme le dit le Professeur Raoult, « on ne peut rien prédire car on ne connaît rien sur ce virus. »

La pollution augmente la vulnérabilité aux virus comme les SARS

Ceci étant dit, il est maintenant prouvé que la mortalité de la covid-19 est plus forte dans les régions où l’air est pollué. Et en Bretagne, il y a très peu de grands centres urbains et les vents d’Ouest dominants, voire les tempêtes, assurent un renouvellement incessant de l’air que l’on respire. Et, pour rappel, on respire chacun 15 000 litres d’air par jour.

L’Université de Harvard a publié des recherches dès avril 2020 qui prouvent les relations entre la mortalité et la pollution de l’air Dans cette étude, les chercheurs ont publié une carte des Etats-Unis montrant le degré de pollution aux particules fines et le nombre de morts de la covid-19. La corrélation est flagrante. L’étude montre que les personnes exposées quotidiennement à la pollution de l’air ont plus de risque de mourir s'ils elles sont contaminées par le virus SARS-CoV-2. L’Italie et la Chine ont publié des recherches similaires.

Lors de l’épidémie de SARS-1 en 2003, une épidémie aussi née en Chine, des études menées dans ce pays ont montré que les patients vivant dans les régions avec des niveaux de pollution élevés avaient deux fois plus de risques de mourir du SARS par rapport à ceux vivant dans les régions peu polluées», rapporte Atmo France

Pour une augmentation modeste, de 1 µg/m3 d’air de la teneur en particules fines PM2,5 (c’est à dire moins de 2,5 micron), le risque de mortalité s’élèverait de 15%

Si on se cantonne aux chiffres sur la mortalité, la pandémie est 4 fois plus mortelle en Ile-de-France qu’en région Bretagne. Normalisé à la population (et non aux nombres de cas déclarés) de ces régions, la mortalité en région Île-de-France est de 0,12% alors qu’elle est seulement de 0,03% en région Bretagne. Ces chiffres sont basés sur les cartes de coronavirus statistiques

Le virus peut aussi facilement circuler en Bretagne que dans les autres régions en Europe. Ce qui nous distingue n’est pas le degré de circulation du virus, il peut changer rapidement, mais plutôt le faible pourcentage de personnes souffrant de problèmes respiratoires et autres pathologies dues à la pollution de l’air. Les Bretons meurent moins de la covid-19 car ils vivent dans un environnement plus sain et ceci malgré les autres pollutions comme celles provenant des pesticides.


Vos commentaires :
Naon-e-dad
Samedi 23 novembre 2024
Pour info, dimanche 28 février 2021 sur «la corniche» de Concarneau, il y avait bien du monde (piétons, mais pas que..). Une voiture aurait eu peu de possibilité de dépasser les 30km/h autorisés (quand elle n'était pas de facto limitée à 20km/h).

Il est vrai que les visiteurs en vacances sont là. Les réflexes... sanitaires ne sont pas toujours ou systématiquement des... réflexes! Donc, gaffe!

Je pense aussi , ayant connu la pollution urbaine (puis l'expérience de l'arrivée dans des conditions aérologiques plus saines. Ce n'est pas du vague «ressenti» mais du clairement «constaté»), que l'analyse sur l'impact de la salubrité de l'air est pertinente.

Deiz pe zeiz e echuo prantad ar gurunenn-virus...War a gredan, d'an nebeutañ. Pegoulz? Piv oar?


Rafig
Samedi 23 novembre 2024
«La Bretagne ... région ... moins touché par la Covid.»
Pour notre faible contamination, je pense plus tôt à l'action du vent qui chasse le virus ?
D'après une connaissance allemande d'un ami du 29, nous serions plus respectueux des consignes : masques, gestes barrières ... que les allemands ?


Question rituelle d'un breton du 44 :
-Est-ce que le chiffre de 104.8 est bien celui de la Bretagne ou malheureusement de la B4 ?
Si c'est le chiffre de la B4 seule, le titre est à revoir et que vaux l'article ?
Si c'est B4 + 44 c'est du bon travail de synthèse utile pour les amis de la Bretagne.

P. Argouarch
Samedi 23 novembre 2024
@ Kilian Le Treguer. Pas du tout. La Bretagne n’est pas épargnée parce qu’elle est une péninsule et ne serait pas un lieu de passage. C ‘est même le contraire, la Bretagne est une destination touristique. ! Des milliers voire des dizaines de milliers de Parisiens y viennent juste pour le week-end. La Bretagne c’est 13 millions de touristes par an.

Emilie Le Berre
Samedi 23 novembre 2024
La cause n'est probablement pas unique, que ce soit pour la surcontamination de certaines zones ou la souscontamination d'autres.
Un effet coktail dans un cas comme dans l'autre ?
Les paramètres sont nombreux :
Alimentaire : qualité, quantité, variété, transformé, carences, grignotage ;
Qualité de l'air ;
Sédentarité ;
Exposition aux champs électromagnétiques : favorisent le développement des virus et bactéries ;
Sommeil : les phases de sommeil sont perturbées par la lumière des écran (lumière bleue) ;
Soleil ;
Activités physiques ;
Stress ;
Émotions ;
Traitements médicamenteux ;
Alcool, Tabac et autres drogues ;
Relations sociales ;
Habitat : dispersion ? ;
Etc …

Un dernier paramètre que j'ai remarqué au sortir du premier confinement (que personnellement j'ai très bien vécu, c'est sans doute pour cela que je ne l'avais pas vu tout de suite) : la trouille.
Je vois beaucoup de trouille, quand leur chaire ou la chaire de leurs proches est atteinte, les gens réagissent. Sur le ton de la blague je dirais qu'il y a des zones plus pétochar que d'autres :-)
C'est une des raisons pour lesquelles il ne se passe pas grand chose encore sur les problèmes «écologiques», les gens et leurs dirigeants sous nos lattitudes ne sont pas encore touchés dans leur chaire, ça viendra.


P. Argouarch
Samedi 23 novembre 2024
@ Kilian : les commentaires contenant des inexactitudes ne sont pas publiés. L’article est très clair sur la distinction entre diffusion du virus et la symptomatique comme une sur-mortalité dûe à des pathologies respiratoires pré-existantes. Aussi affirmer qu’un territoire qui reçoit 13 millions de touristes par an n’est pas un lieu de passage est absurde.

AFB-EKB
Samedi 23 novembre 2024
De fait s'il faut se réjouir qu'à ce jour le taux d'incidence (number de malades/ 100.000 habitants) reste relativement bas sur l'ensemble de la Bretagne, il faut rester prudent et plus que jamais accélérer les vaccinations et observer strictement les gestes barrières. L'exemple irlandais est significatif. Même la Nouvelle Zélande présentée comme exemplaire voit actuellement un redémarrage de la pandémie.
Une seule chose que nous Bretons pourrions exiger: que le couvre-feu actuel soit modifié, vu notre positionnement géographique: 20h. à 7h.

Tiern e peb Amzer


Léon-Paul Creton
Samedi 23 novembre 2024
Infos mises à jour le 23/02/2021 sur le site de la mairie de Douarnenez seulement, qui est celle toujours affichée. Il y avait une information antérieure qui indiquait que le Centre de vaccination recevait « 180 vaccins par semaine ». En raison de cette faible quantité la vaccination a été rapidement au bout de son action… Pour plus de détails ceux qui voudraient vérifier peuvent aller sur le site de la mairie DZ .

Mon intention n’est absolument pas de mettre en cause mairie DZ et les services locaux mais de présenter l’état de la situation aux lecteurs d’ABP, et au-delà de Douarnenez, susciter une réflexion « rodinesque ».

Que dire et penser des intentions de récupérer dans les « régions » peu impactées, les vaccins pour les expédier à celles qui pour « mille raisons » sont infectées anormalement ? De ces élus bretons vus à la tv qui, la bouche en cœur acquiescent et disent être prêts à partager des vaccins. En ont-ils tant que cela ?

Peut-être faut-il que mon épouse et moi-même, nous devrions aller à Dunkerque, Nice ou Metz, ou autres, pour pouvoir être vaccinés. Une sorte de « 22 à Asnières de Fernand Raynaud », pour avoir une possibilité de vaccination à Douarnenez ?

Tout ce qui en dessous de COVID est éléments de l’info disponible sur le site Mairie DZ.

Le virus circule, le voyageurs son support et les tours opérateurs leur TGV de masse !

COVID
Les réservations sont suspendues pour le centre de vaccination de Douarnenez. Elles seront réactivées début mars, sous réserve de doses de vaccins disponibles.
Attention : le nombre de doses étant très faible, les créneaux de vaccination seront vite remplis.
Ainsi, conformément aux directives de l’Agence régionale de santé (ARS), un centre de vaccination est ouvert à Douarnenez depuis le 26 janvier, couvrant les territoires des Pays de Douarnenez, du Cap Sizun et du Porzay.

Le centre de vaccination est opérationnel depuis le mardi 26 janvier. Il fonctionne de 13h30 à 17h30, du mardi au vendredi.

Alors que le gouvernement accélère la campagne de vaccination contre la Covid-19 en France, plusieurs centres de vaccination sont progressivement mis en place à l’échelle territoriale, sous la coordination des acteurs locaux. L’objectif étant d’ouvrir un centre de vaccination pour 100 000 habitants.
Les personnes âgées de plus de 75 ans et celles atteintes de pathologies à haut risque sont prioritaires. Sur le territoire des Pays de Douarnenez, du Porzay et du Cap Sizun, couverts par le centre de vaccination de Douarnenez, les + de 75 ans représentent 7 500 à 8 000 personnes.
Aussi faudra-t-il être patient pour obtenir un rendez-vous.

Seules les personnes âgées de plus de 75 ans et celles atteintes de pathologies à haut risque* seront concernées par cette première phase de vaccination.

Le reste de la population pourra progressivement être vacciné au cours des mois suivants, en fonction du rythme de déploiement de la campagne et de la disponibilité du vaccin.


penn kaled
Samedi 23 novembre 2024
Tout autour de moi ,voir aussi les commentaires à ce sujet sur le télégramme .J'entends les gens déplorer le fait que la Bretagne est sacrifiée sur l'autel du covid ,de part que la politique centraliste du gouvernement est de plus inadaptée à la Bretagne ,au vu de sa situation péninsulaire .Ici il suffisait de confiner les clusters atteints ,à l'image de la gestion des pandémies animales ,les vétérinaires ont un savoir faire en la matière qui aurait du être mis à profit .Le président du conseil régional aurait du affronter l'état central dans ce domaine en ^particulier en prenant l'initiative de filtrer les accès à la Bretagne .Si tout cela avait été mis en oeuvre nous aurions pu retrouver une vie presque normale ,ce qui n'empêche pas de rester très vigilants ,loin de moi l'idée de nier la gravité de cette pandémie .On envoie des patients se faire traiter dans les hôpitaux bretons , alors que dans ces même régions d'ou ils sont originaires les hôpitaux privés restent vides ,ce qui suscite une juste incompréhension de leurs dirigeants . C'est incroyable de voir des choses pareilles vu l'urgence sanitaire , le jacobinisme dans sa splendeur . .Au printemps dernier la population bretonne dans son ensemble a été choquée par le fait que le gouvernement incité les parisiens à quitter la capitale en direction notamment de la Bretagne .Faisant fi des précautions beaucoup d'entre eux se sont cru en pays conquis .Dans un sens ce n'est peut être pas très moral d'utiliser politiquement cette crise ,cependant elle constitue de fait , un excellent cheval de bataille pour un mouvement breton en vue des régionales c'est du concret .A travers l'histoire , je constate que c'est un évènement particulier et non des programmes aussi cohérents qu'ils peuvent l'être , qui a la capacité de faire basculer l'opinion publique .Pour exemple la crise de la conscription en Irlande en 1918 ,la découverte du pétrole en Ecosse dans les années soixante dix , alors qu'auparavant le nationalisme écossais faisait des scores marginaux .

Rafig du 44
Samedi 23 novembre 2024
« en particulier en prenant l'initiative de filtrer les accès à la Bretagne»
Ok mais quid des Nantais comme moi doivent aller mon fil à Rennes ?
- suis-je considéré comme breton par les autorités régionales ?
- Suis-je toujours en Bretagne donc je peux circuler dans les 5 départements comme un Quimpérois ou un Briochin ?


Une autre explication :
Comme pour toute la façade atlantique, les chiffres de contamination sont moins forts que sur une ligne Paris - Marseille. C'est peut-être le reflet de l'isolement de nos régions «périphériques» à l'activité Européenne la «Banne Bleue» Londre-Milan ? J'ai entendu Mme le Maire de Nantes qualifier Bordeaux comme «l'autre belle endormie» quel constat et qu'a t elle fait pour redynamiser Nantes et le 44 enfermés dans les Pays-de-Loire inconnus en Europe ?.

penn kaled
Samedi 23 novembre 2024
Rafig évidemment que je considère que le filtrage devrait avoir lieu aux limites de la Bretagne historique .Et comme les habitants de Loire Atlantique y auraient intérêt ,ce serait un argument de poids en faveur de la réunification .Je constate que aujourd'hui Castex déconseille aux départements les plus contaminés de ne pas les quitter ,mesure de bon sens enfin , ce qui prouve l'irresponsabilité de la politique du gouvernement français quand il incitait le populations des régions contaminées à partir en vacances .Dans ce sens c'est un miracle que la Bretagne n'a pas été davantage contaminée .

Christian Rogel
Samedi 23 novembre 2024
L'incidence de l'épidémie a toujours été faible en Bretagne et très restreinte dans le temps ou l'espace.
Les morts en Léon en mars-vril 2020 sont même probablement du à un manque d'appréciation de la Marine nationale, lors de l'escale du Charles de Gaullle à Brest (3e semaine de mars 2020).
Mais, aujourd'hui, le virus circule peu et les atteintes aux libertés sont les mêmes que là où il est plus présent.
Il est temps de reprendre la posture de fierté et de responsabilité qui est habituelle.
Se mettre en lien avecs les collectifs et associations qui émergent partout est possible par Réinfo Covid qui a des antennes en Bretagne.
Avec le printemps, l'heure est à la fête partout. Ce ne sera pas annoncé dans les médias bretons.
Soyez à l'affût, demandez aux gens libérés de la peur.

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