Allez, un peu de littérature et un coup de gueule. Ce 17 septembre, prenons le temps de revenir sur la rentrée et je vais m’arrêter sur ce qui m’a semblé le point d’orgue de toutes les salamalecs entraînées par le C19 et la catastrophique gestion/communication/décisions faite par l’Etat, relayée par les préfectures, ARS et autres ressorts administratifs pyramidaux qui vont faire les Bretons payer l’addition au prix fort et dont Brittany Ferries ne sera, si rien n’est fait, que le sommet de l’iceberg.
Dans le concert des centaines d’événements culturels annulés ou reportés en 2021, le Salon « Livr’à Vannes / Levr e Gwened », décalé puis finalement annulé, témoigne de cette ubuesque situation de panique créée par l’Etat.
Alors que se termine actuellement l’important Salon « Le livre sur la Place » de Nancy et que va commencer à Besançon, « Livres dans la boucle », revenons au printemps vannetais.
Après le poussif et sur-joué : «Nous sommes en guerre ! » précipitant la France dans un confinement dont rien n’a au final prouvé son efficacité, l’organisation du Salon littéraire créé en 2007 par Patrick Mahé, décidait le 15 avril, en concertation avec tous les acteurs, non pas d’annuler ou de reporter à 2021, mais prenait le pari d’une édition décalée à septembre. A une date précise et non des moindres pour la communauté « liseuse », celle de la rentrée littéraire, le week-end du 4 septembre. Vannes grillait ainsi la politesse au Salon du Livre de Nice. Ce dernier reportant son Salon du 4 septembre en raison du départ du Tour de France, mais qui annulera le 20, les fameuses « zone rouge… » n’aidant pas. Vannes et le Morbihan restant toujours en zone verte.
Ce sont donc 45 conférences et rencontres, 200 auteurs et 400 nuitées pour l’hôtellerie du Golfe, autant de restauration, qui devaient profiter à l’économie locale, comme l’a souligné le magazine Le Point. Plus les 20000 à 25000 visiteurs potentiels si l’on se base sur les chiffres des années précédentes, qui devaient prendre le chemin du Chorus au bout de la Rabine. Ce complexe multi-fonctionnel dont tous les aménagements imposés par les mesures sanitaires furent calés et validés une nouvelle fois en concertation avec tous les acteurs, en réunion plénière. Et ce avec un coût additionnel non négligeable avancé par la Ville de Vannes, plus la mise à disposition de vacataires, les aménagements intérieurs du Chorus, sens de circulation etc…
Et puis tout fut rendu à néant par un couperet on ne peut plus inattendu, actionné par téléphone (!!) en été, par les cinq libraires de la ville, les mêmes qui avaient validé plus tôt la tenue au Chorus. Une « décision irrévocable et prise à l’unanimité d’annuler leur présence au Salon », comme précisé lors d’une conférence de presse commune avec les organisateurs. Au prétexte que la crise n’étant pas totalement terminée, les risques sanitaires seraient trop élevés. Décision qui annulait de facto l’événement, créant la surprise, l’incompréhension et le désarroi de nombreux auteurs habitués du salon, sans compter la Mairie, soucieuse par ailleurs de défendre et soutenir le commerce indépendant de la littérature en Centre-Ville.
Annulé par téléphone…, après 13 ans de collaboration ! Rappelons que les libraires, s’ils ont dû fermer pendant le confinement, ont bénéficié tous de mesures de chômage partiel et que depuis mai juin, et c’est tant mieux, leurs chiffres d'affaires ont bénéficié de 20 à 30% de plus que les années précédentes.
Si Michel Bussi, Président d’honneur cette année et qui s’installait en février 2020 en tête des ventes de livres, est habitué des Salons et des plateaux médiatiques, de même que Leïla Slimani (Prix Goncourt) ou Tatiana de Rosnay, c’est par contre un pan entier de petits auteurs et éditeurs bretons, dont beaucoup ne sont pas à Saint-Malo et qui bénéficient de retombées importantes pour leur visibilité et chiffre d’affaires, grâce à « Livre’à Vannes, qui sont les grands perdants de cette annulation.
Rajoutons qu’à ce déplacement ludique j’avais aussi prévu de me rendre au Stade de la Rabine pour le match RCV/Aurillac, remporté par Vannes 30/22, ne serait-ce que pour une petite lampée de notre Bro Gozh en avant match (qui fait école depuis, à Lorient) et le fiasco est complet. Pour rajouter à ces quiproquos Covid19 puissance 12 et ses décisions centralisatrices irrationnelles créatrices de peur, la dernière en date vient encore pénaliser Vannes et son Comité des Fêtes. Soit le positionnement en zone rouge de l’Ille et vilaine et la Loire-Atlantique. Ainsi le report des Fêtes d’Arvor de août et décalé au 19 septembre, ne pouvant garantir d’être au dessous des 5000 personnes, est aussi annulé, demain. Alors que, comme l’a rapporté la presse locale du Télégramme et Ouest-France, le 3ème RIMA a pu réunir près de 5000 personnes pour un Son et Lumière au pied des remparts le week-end dernier. Ce rendez-vous des Fêtes d’Arvor, seule fête traditionnelle au final de l’été indien, répartie en cinq points de la ville, devait symboliser la réunion de tous les Présidents des festivals bretons incarnant les traditions chantées et dansées de Bretagne. L’armée avait même donné son feu vert pour la présence du Bagad de Lann Bihoué.
Dans une tribune pour le Parisien du 10 septembre dernier, 35 chercheurs, universitaires et médecins, dont Jean-François Toussaint et Laurent Mucchielli, critiquaient la communication du gouvernement sur la crise du Covid, qu’ils jugent trop anxiogène. L’opinion publique est en train de se poser des questions sur cette gestion plus politique que scientifique. Le Conseil Scientifique est lui-même sur la sellette, un récent sondage d’il y a 2 jours donne 52% de Français plus favorables au docteur Didier Raoult qu’au Ministre de la Santé. C'est dommage que les libraires n'aient pas anticipé ce sentiment et qu'ils aient malheureusement suivi ce climat anxiogène relayé par les media, d'autant plus dommage pour la Bretagne et Vannes alors que les autres festivals du livre de cette rentrée en France se déroulent normalement.
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