Dans le cadre du Mois du Doc, la ville de Ploemeur organisait une projection du film «L'Algérie, de Gaulle et la bombe» sorti en 2009 et tourné dans le Sahara sur les lieux de l'explosion. Nombreuses bandes d'actualité (discours de de Gaulle, interviews, explosions filmées aux information de l'époque) alternent avec des témoignages des contributeurs aux accords d'Évian qui fixaient les conditions de l'indépendance de l'Algérie le 7 juillet 1962.
Plusieurs questions sont posées : pourquoi la France devait-elle à tout prix avoir la bombe atomique ? L'histoire du nucléaire commence en France dans les années 1945, pour le Général : «qui n'a pas la bombe n'existe pas». La France deviendra donc la quatrième puissance atomique mondiale, derrière l'URSS, les États-Unis et la Grande-Bretagne qui effectue ses essais en Amérique et en Australie. La France choisira le Sahara, propriété coloniale qui représente en superficie trois fois 1/2 l'hexagone. Puis, cinq ans après l'indépendance, les essais se continueront sur les atolls du Pacifique.
17 explosions auront lieu, la plupart à Reggane. La télévision de l'époque dira même : «un fantastique soleil vient de se lever» pour la première explosion qui a lieu le 13 février 1960 ( quatre fois celle d'Hiroshima). L'une d'entre elles se passera mal, Messmer lui-même sera irradié, un nuage de cendres traversera le pays.
Un important dispositif de sécurité est déployé, surtout pour les jeunes appelés qui découvrent en arrivant qu'ils sont affectés à «une section d'armes spéciales». Les habitants du désert croient à la fin du monde... Après chaque explosion, le sable est vitrifié, le métal est fondu. Les animaux (chèvres, rats,...) mis près du point zéro, meurent. Chaque soldat exposé est décontaminé, voire envoyé à Paris, dans un département spécialisé. A son départ du Sahara, la France va enterrer sous le sable les véhicules contaminés, les boîtes de conserves irradiées ... mais les tempêtes du désert auront vite fait de les découvrir, donnant lieu à un trafic de métaux qui seront ensuite réutilisés par les populations locales.
Cinquante ans après, les deux pays doivent assurer la sécurité des populations civiles et savoir ce qu'il en est du point de vue des radiations actuelles et de la santé publique : aucune enquête épidémiologique n'existe à ce jour. Tout comme pour les personnes qui travaillaient dans les 20 mines d'uranium du Morbihan jusque dans les années 1975 : et pourtant, l'uranium extrait de Guilligomarc'h ou de Lignol servait de plutonium pour la bombe qui allait exploser dans le désert saharien...
Dans la salle, de nombreux témoins parlent du danger encouru, de l'ignorance des jeunes soldats, de ce jeune garçon algérien courant dans la zone contaminée alors qu'ils étaient tous en combinaisons et masques à gaz.
A voir. Programmation dans de nombreuses salles du Morbihan et du Finistère, en présence du réalisateur.
Prochaine séance : Dimanche 14 novembre à Châteaulin, Run ar Puñs, route de Pleyben à 18 h, en présence du réalisateur.
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