Dans une tribune du Télégramme parue le 30/08 dernier, l'ancien maire de Quimper prête aux 5 millions de Bretons un positionnement politique hostile à l'autonomie de la Bretagne. Il reconnaît toutefois que l'Etat français est bien trop centralisé et après un rapide historique des mesures prises en haut lieu pour aboutir à une «organisation décentralisée de la République» (28/03/2005), il rejette toute avancée de l'actuel statu-quo sous prétexte que ce serait rompre avec le principe d'égalité inscrit dans la Constitution française et que la France ne serait plus une nation unitaire basée sur un principe de 1789. Tout cela après avoir fait le constat que la plupart de nos voisins européens appliquent largement ce principe d'autonomie à des degrés divers. Et Bernard Poignant d'exiger de la clarté dans «la définition des mots» !
Répondons d'emblée que son raisonnement n'est pas cohérent.
Faisons-lui d'abord remarquer qu'en langage politique un statut différencié pour un quelconque territoire peut se faire à divers degrés. Ainsi il existe une nette différence entre le Homerule à la britannique (gouverner chez soi à l'abri d'une tutelle) et le Selvstyre scandinave (avoir la maîtrise totale de ses affaires). Il y a autonomie simple et autonomie avec droit de légiférer, c'est le Fédéralisme.
Seconde remarque sémantique. Il ne faut pas confondre nation, peuple, Etat. C'est pourtant ce qui est fait dans le logiciel politique français : un seul peuple, une seule nation, un seul Etat. Pourtant beaucoup d'Etats sont multinationaux. A contrario un peuple peut constituer une nation répartie sur plusieurs Etats, appelés alors souvent «minorités». En France, c'est une constatation, il existe plusieurs peuples : Basque, Breton, Corse et des «minorités» (Arménienne, Tsiganes, Kabyles, etc…). La France actuelle, contrairement à la doxa officielle est un pays multiculturel et vouloir «faire comme si» ne peut que mener aux dérives racistes et réactionnaires.
Quant au principe d'égalité mis en avant par Bernard Poignant, il est largement battu en brèche par ce qu'offrent les réalités du terrain. Ainsi il y a peu d'égalité entre une région parisienne frisant l'apoplexie qui concentre sièges sociaux, emplois, offres culturelles, dotations gouvernementales et une Bretagne administrative dont le PIB la place au 10ème rang des régions françaises définies par François Hollande.
Il n'y a guère d'égalité entre un Paris qui se voit octroyer 75% du budget du ministère de la Culture et le reste de l'hexagone qui doit se contenter des 25% restants. Et bien d'autres exemples encore.
C'est donc bien sur des principes Fédéralistes que doit être mise en route une nouvelle gouvernance pour la Bretagne, ce principe n'étant pas obligatoirement applicable à tous les territoires. A eux d'en faire la demande ou non.
Pour atteindre cet objectif, au vu des défis du présent et à venir, la constitution de la Ve République doit évoluer vers plus de souplesse et rompre avec un modèle autoritaire qui en fait une exception en Europe.
Tiern e peb Amzer
AFB-EKB
Dr J. LE MEE - Président
PS : Avec comme priorité première ! disposer d'un budget d'au moins 15 milliards d'Euros au lieu des misérables 2 milliards d'Euros actuels.
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