Dès le 16 février, nous avons déclaré notre soutien au groupe « Alvan & Ahez ». Grâce à leur chanson « Fulenn », la langue bretonne avait une chance d’être présente à l’Eurovision si le groupe remportait la sélection française.
Aujourd’hui, le Parti Breton félicite le groupe « Alvan & Ahez » d’avoir obtenu du public français et du jury le droit de représenter la Bretagne à l’Eurovision 2022. Il s’agit d’un évènement important pour les Bretons puisque l’occasion est rare pour nous d’être présents et reconnus sur cette scène européenne. La nation bretonne aurait toute légitimité à avoir sa propre place dans ce concours qui doit mettre en avant la diversité culturelle européenne.
Très rapidement, les jacobins, partisans d’une France une et indivisible, ont contesté. Les pressions pour traduire et présenter la chanson en français se sont multipliées. Dans son émission du 7 mars sur RMC, Estelle Denis se dit choquée que l’on puisse choisir une chanson en breton pour représenter la France. Les chroniqueurs vont même jusqu’à imaginer comment changer les règles pour interdire le breton.
Nous ne pouvons accepter ce discours qui nous priverait de notre seule possibilité d’y concourir. Nous voilà revenus au siècle dernier ! Face à ces attaques, Le Parti Breton assure son soutien aux membres du groupe de musique pour qu’ils ne cèdent pas et qu’ils maintiennent leur chanson en breton.
Enfin, nous posons dès à présent la question de l’autorisation du Gwenn-ha-du à Turin le 14 mai. Nous ne pouvons pas imaginer que, comme en 2016 temporairement, un concours européen envisage d’interdire la présence du drapeau de la Bretagne, une des plus anciennes nations du continent. Plus que jamais, nous défendons la devise de l’Union Européenne « Unis dans la diversité »
Joannic Martin, Porte-Parole du Parti Breton
■Il faudrait demander aux «Eurofans» assidus s'il y a déjà eu des drapeaux de nations sans État, mais je n'ai pas le souvenir d'en avoir vu (drapeaux basque, catalan, galicien, corse, lapon, ou même les plus communs : anglais et écossais). Ainsi la cité de Saint Marin a droit à une place à part entière, mais pas des millions vivant dans des nations sans État !
Ce légalisme strict s'explique sans doute par le fait que l'Union européenne de radiodiffusion (UER) est un réseau de transmission... initié en 1950 en pleine guerre froide, et c'est d'ailleurs un rapport de l'OTAN de 1955 (déclassifié il y a peu) qui est à l'origine de ce concours. C'est de la propagande impériale.
C'est donc une situation analogue à celle de la FIFA et des autres instances sportives : l'équité de la compétition ne va pas au-delà de ce dont a besoin l'Empire pour sa propagande. L'idée que l'Eurovision puisse servir au dialogue des cultures européennes repose donc sur un malentendu... souvent entretenu par les chanteurs eux-mêmes.