Alain Croix : Oui il existe un sentiment d’appartenance, non il n’est pas général 

Chronique publié le 14/01/21 10:45 dans Histoire de Bretagne par Philippe Argouarch pour ABP
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Alain Croix
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Il est évident que l’Histoire ne peut se limiter à l’événementiel. L’Histoire de la Bretagne c’est aussi l’histoire sociétale, l’histoire économique, culturelle, alimentaire, sanitaire et tant d’autres aspects de la vie quotidienne du peuple. C’est ce que Alain Croix définit comme l’histoire populaire. [[Bretagne Culture et Diversité]] a lancé une série de Podcasts diffusés par le quotidien Ouest-France intitulée l’Abécédaire. Dans le premier numéro, Erwan Le Gall et Arnaud Wassmer invitent l’historien Alain Croix et abordent la lettre « P » comme « populaire ». L’interview embraye sur le livre d’Alain Croix Histoire populaire de Bretagne publié en 2019.

Négationnisme ?

Si on apprend des faits nouveaux, on sursaute à la minute 24. Alain Croix pense, bien qu’admettant ne pas pouvoir le prouver, que les saints bretons ont été inventés par les Bretons. Il sous-entend que ces saints n’ont jamais existé sauf dans l’imagination populaire. S'il ne peut pas le prouver, on aurait préféré qu’il s’abstienne. Dans tous les cas ces saints font justement partie de cette histoire populaire de Bretagne.

Selon Alain Croix, dans l’optique d’une histoire populaire, d’une histoire du peuple donc, 1532 n’est pas l’édit d’union du duché au royaume de France, mais une grande famine en Haute Bretagne. Il s’explique : « Aucun homme, aucune femme du peuple, n’a été au courant de l’édit d’union de 1532, ce n’est pas une date pour le peuple breton ». Alain Croix ne remet pas en cause l’existence d’un peuple breton, ce qu’il remet en cause c’est la conscience des Bretons d’appartenir à un peuple distinct. « Y-a-t-il un sentiment commun d’appartenance ? », demande Arnaud Wassmer « ma réponse est non », déclare Alain Croix et ailleurs « oui il existe un sentiment d’appartenance, non il n’est pas général ». On progresse.

Sentiment national ?

Dommage que la question de l’identité ne soit pas du tout abordée. Le mot n’est même pas prononcé durant ce débat qui dure une heure. Selon la définition acceptée « L'identité nationale est le sentiment qu'éprouve une personne à faire partie d'une nation. Ce sentiment est propre à chaque personne. ». Oui ce sentiment est personnel, comme tous les sentiments d’ailleurs, c’est même un choix comme l’a très bien expliqué Morvan Lebesque.

Il est certain qu’au Moyen-âge cette identité nationale était le plus souvent dominée par une identité religieuse « je suis chrétien » ou même sociale « je suis un noble » ou « je suis un « vilain ».

L’aspect fondamental de l’identité serait qu’elle est définie par l’autre. On dit « qu’un homme vivant seul sur une île n’aurait pas d’identité ». Il semblerait que ce sentiment d’appartenir à une identité distincte pour les Bretons ait été causé par l’arrivée d’une administration française en Bretagne. C’est cette invasion qui aurait créé une identité nationale bretonne.

L’ identité bretonne a été définie le plus souvent par les administrateurs français, les grands écrivains français, les évêques français, les militaires, les fonctionnaires français de l’Education nationale, etc etc. Quand un Français, le trouvère Cuvellier écrit La Chronique de Bertrand Duguesclin, probablement en 1380, il débute par "Ici commence le roman a Bertrand Duguesclin jadis connétable de France et né de la nation de Bretaigne". On est en 1380 alors que le duché est indépendant et le royaume de France reconnait une nation bretonne.

L’administration et la littérature françaises ont défini d’abord le plus souvent négativement cette identité bretonne. L’ identité bretonne va être intériorisée par les Bretons, puis revalorisée par réaction et fierté, puis finalement extériorisée pour devenir un sentiment national qu’il est impossible de nier aujourd’hui. Contrairement à ce qu’ont longtemps affirmé les historiens communistes, le sentiment national n’est pas né avec la Révolution française. Le sentiment d’appartenance à une nation même tribale a toujours existé et il se révèle le plus souvent lors d’une invasion comme de toute évidence en Irlande avec les invasions anglaises et à une échelle plus petite en Bretagne avec le rattachement au royaume, puis à la république.


Vos commentaires :
Dimanche 28 avril 2024
Hélas , c'est un classique que d'entendre Alain Croix écrire et s'exprimer sur le sujet ainsi de même qu'Hervé Le Bras a quasi toujours justifié les pays de la Loire concernant la démographie ou la fait politique .

Biskenn eo !

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