Plus il y a d’immigrants en France, plus le jacobinisme se renforce et par conséquent bloque toute dévolution.
Il y bien-sûr une dilution de l’identité bretonne à Nantes via l’arrivée massive d’immigrants de Vendée ou d'ailleurs mais pour les migrants venus de plus loin, comme d'au-delà de la mer méditérrannée , l’assimilation est une francisation et pas une bretonnisation. Certains nouveaux arrivés ne savent même pas qu’ils sont en Bretagne ; d’autres, comme le clandestin qui a mis le feu à la cathédrale de Nantes, se foutent royalement des trésors dont ils ont la garde ! Le sentiment d’appartenance de la Loire-Atlantique à la Bretagne ira en diminuant.
Mais le fond du problème est ailleurs.
Que ces nouveaux immigrants arrivent en France légalement ou pas, qu’ils soient des réfugiés politiques, climatiques, économiques, sanitaires, ou autres n’y changeront rien : l’Etat doit faire face à un problème d’intégration de plus en plus évident, de plus en plus menaçant.
La ghettoïsation ou la formation de communautés ethniques ou religieuses dans les grandes banlieues, qui ne peuvent que s’accentuer avec les crises économiques, ne pouvaient que provoquer le renforcement du concept de citoyenneté républicaine définie par des droits et des valeurs comme la laïcité, l’égalité, le centralisme démocratique, l’universalisme, l’assimilation. Jamais le discours politique et médiatique ne s’est étoffé de tant de références aux valeurs de la République, à la citoyenneté républicaine laïque et soi-disant non-ethnique.
Attention, toutes ces valeurs ne sont pas à rejeter pêle-mêle, mais la négation des identités, des communautés, des différences est une atteinte aux Droits Humains fondamentaux. Cette négation a des conséquences graves pour les minorités nationales en France dont l’existence même est niée par la République.
L’argument principal des jacobins est l’égalité devant la loi, un concept hérité des fantasmes de la Révolution qui se voulait universelle et qui voulait imposer ses valeurs à toute la planète, du moins au reste de l’Europe. En 1789 un « Français » était quelqu’un qui adhérait à la Révolution. Du jour au lendemain, des Allemands, des Italiens etc... sont devenus citoyens français. Depuis cette universalisme de la loi française s’est fortement limité, l’égalité devant la loi ne s’appliquant plus qu’a l’hexagone. Les députés Paul Molac et Jean-Jacques Urvoas ont fait remarquer que cet argument d’égalité n’était plus vraiment sérieux puisque des départements d’outre-mer avaient des lois et des droits spécifiques.
L’explosion de la diversité des identités sur le territoire, en particulier l’arrivée de nouvelles cultures extra-européennes ne peut que pousser les gouvernements à renforcer le concept de république citoyenne uniformisée pour tous, donc, par la même occasion, à nier les identités régionales historiques pourtant constituantes de la République.
En 2009 le président Sarkozy avait même lancé un débat sur l’identité nationale. L'ouverture d'un débat sur l'identité nationale est «nécessaire» avait annoncé Nicolas Sarkozy : «A force d'abandon, nous avons fini par ne plus savoir très bien qui nous étions», disait-il. Le débat lancé avait vite été clos tant il ressemblait à une boîte de Pandore.
Il semble difficile pour les gouvernements de la Ve République de reconnaître des identités historiques régionales tout en niant les nouvelles communautés d’immigrants qui, de plus en plus d’ailleurs, se localisent dans des territoires particuliers. D’ailleurs l’Etat est parfaitement conscient qu’il ne peut généraliser l’enseignement de l’arabe dans certains territoires alors qu’il traîne les pieds ou fait semblant de vouloir enseigner les langues régionales. C’est vrai que sa marge de manoeuvre est étroite.
De nouveaux immigrants venus du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, voire d’Afghanistan ou du Sahel, sont aussi parfois porteurs d’un projet politique, en plus de vouloir former des communautés séparées afin de préserver leur identité. Emile Granville, parmi d’autres, aborde le problème dans son livre Défi de Notre temps . Les conférences annuelles rassemblant les ministres d’une soixantaine de pays au sein de l’[[ISESCO]] sont claires (voir notre article) mais aussi la Stratégie de l’Action Islamique Culturelle à l’extérieur du Monde islamique visible ici
L’islamisme, et pour certains l’Islam, sont bien sûr incompatibles avec le projet politique de la République. Le gouvernement devant ces constats prépare donc une loi contre le « séparatisme ». Sauf que le mot « séparatisme » est très mal choisi. Il n’a pas été choisi au hasard, car la loi pourra effectivement s’appliquer à la fois contre les Islamistes et contre le séparatisme corse, voire tout simplement contre l’autonomisme ou l’indépendantisme breton !
L’arrivée au pouvoir éventuelle du Rassemblement National ne sera que l’aboutissement logique de ce retour au jacobinisme pur et dur. Marine Le Pen est pour un super-jacobinisme avec une assimilation à marche forcée. Une seule région : la France, une seule identité : l’identité française, une seule culture : la culture française, une seule histoire : l’Histoire de France, une seule loi : la loi française, une seule langue, la langue française, Marine Le Pen est autant contre l’enseignement de l’arabe que du breton.
La montée en puissance du RN n’est pas seulement la conséquence de réactions épidermiques, voire racistes, d’une partie des citoyens français face aux immigrants, elle est la conséquence politique logique de l’échec de la République, son aboutissement. L’échec de la République c’est d’avoir pensé que l’Etat n’était pas l’organisation d’un peuple, d’une nation, mais juste le management d’un ensemble de citoyens de cultures et d’ethnicités les plus variées.
Y-a t-il une solution? Je n’en vois qu’une. Pour stopper le renforcement du jacobinisme et l’arrivée au pouvoir du RN, il faut une immigration zéro sauf pour les cas particuliers de demandes d’asiles vérifiés et documentés. Il faudra aussi révoquer la loi sur le rapprochement familial instauré sous la présidence Giscard d’Estaing. Il faudra aussi renvoyer chez eux tous les clandestins. Si ces mesures ne sont pas adoptées rapidement, Marine Le Pen sera la prochaine présidente de la République. Pour la Bretagne autonome, la langue bretonne, la réunification, ça sera la fin des haricots. Il n’y aura plus de Bretagne.
■Nota : un jacobin quel qu'il soit, est un ultra-nationaliste, car un ultra-nationaliste est un individu qui s'oppose par essence à toute altérité dans la composante de sa nation,il peut également parfois avoir des véléités prédatrices sur d'autres nations dont il nie l'existence. La majorité des partis français traditionnels sont ainsi à dominante ultra-nationaliste (France insoumise, LR , PS, Lrem, RN..., le plus radical étant bien sûr le RN. Il faut abandonner le terme de Jacobin si l'on veut gagner la bataille sémantique contre ce courant de penser. Ne pas le nommer dans son essence c'est le banaliser, et l'assimiler au seul centralisme. Derrière le centralisme il y a la volonté de génocide culturel de pans entiers de la civilisation européenne que sont parmi d' autres les civilisations occitanes, basques, bretonnes...
II. Pas d'accord avec la fermeture des frontières. Avec le réchauffement la pression migratoire va devenir intenable ok, mais construire un mur n'est pas dans l'ADN de mon humanisme breton. Les noyades non merci. Le RN a gangréné idéologiquement tous les partis traditionnels français. Son arrivée au pouvoir est imminente. La Bretagne doit résister avec ce qui a toujours fait sa force, son esprit d'ouverture et ses valeurs humanistes. Si des partis bretons se mettent à courir après le RN...ils abandonnent une part de leur bretonnité et ils se fourvoient également du point de vue stratégique.
L'arrivée du RN étant de mon point de vue inévitable, la société étant gangrénée par les idées de ce parti, la bonne stratégie pour le mouvement breton pourrait être de présenter un projet de société humaniste aux antipodes des dérives du républicanisme français : préparer l'avenir avec UN PROJET DE REPUBLIQUE BRETONNE. Notre Res Publica, notre chose commune à nous bretons. Qu'est ce qui nous caractérise le plus : un esprit fort de singularité, un esprit de justice et d'équité, un grand intérêt pour la diversité des cultures, et une grande hospitalité.
Qu'est ce qui caractérise la devise Républicaine française dans son interprétation ultra-nationaliste :
Liberté d'être français ou bien... français (pas de pluri-nationalité possible chez un ultra, l'une et indivisible...)
Egalité de tous : soyons tous égaux donc tous français, (pas d'écoles« régionales», de médias «régionaux», de pouvoirs «régionaux» véritables...)
Fraternité : si tu es français je suis fraternel avec toi, si tu es un breton qui a conscience de sa singularité je ne suis plus du tout fraternel, si tu es maghrébin ou musulman...j'ai peur car je suis français donc incapable d'appréhender l'altérité, le pluriel...c'est mon ADN de français, j'ai construit toujours mon identité contre les autres, contre les langues dites régionales sous la 3ème république, contre les indigènes dans l'empire colonial...
Prenons conscience bretons que la France n'était absolument pas le pays des droits de l'Homme qu'elle a prétendu être ! Prenons conscience que cette devise négationniste ou trilogie Républicaine nous a tué! tel un virus mortel, virus distillé dans la tête de nos grands-parents par les hussards noirs de la République et qui résonne encore dans toutes les têtes des jeunes bretons : «votre civilisation n'a pas de valeur, elle doit disparaître pour la grandeur de la devise républicaine».
Que nous reste il à faire pour relever la Bretagne si ce n'est que d'instiller notre propre ADN breton dans cette devise républicaine française, dans un moment dialectique Hégelien, en affirmant haut et fort nos valeurs dans notre projet de société et notre république à travers une devise qui serait nôtre : SINGULARITES, EQUITE, ALTERITE
Singularité : la quête de soi, expression absolue de la liberté
Equité : A chacun égal selon son droit, bien plus fort que le seul principe d'égalité
Altérité : Diversité, l'inconnu qui nous dévore (Grall), le respect, l'hospitalité, l'enrichissement culturel, l'échange...
Les bretons nous suivront peu à peu sur un projet fédérateur fort de ce type, une vraie alternative au RN, ils suivront plus que sur de seules incantations sur la langue bretonne ou autre exigence de dévolution, revendications traditionelles des partis bretons. Les médias suivront également. Si le basculement politique s'opère en bretagne, le reste suivra forcément.
En effet, surtout il a été injecté dans le système médiatique sans être explicité (tout comme pour le mot «populisme», un peu plus tôt, d'ailleurs). A croire que cette technique de réinjection, dans un contexte nouveau, de vocabulaire ancien convient aussi bien à l'appareil gouvernemental qu’à la sphère médiatique (médias mainstream). Faut-il y voir une certaine collusion d’intérêts ?
On sait que Macron aime jouer et même surjouer avec les mots.
Quant au challenger - MLP (pour les internautes) ou Mme Le Pen (pour les journalistes. Qu’entendre dans cette dernière appellation: de la goguenardise? une prudente déférence par anticipation?) -, sa représentante, prudemment et patiemment tapie dans une pénombre qui semble lui être favorable, améliore de jour en jour son discours. Hier soir (6 septembre 2020), elle résumait ses intentions, laconiquement, en deux points :
.1 sécurité (comprendre émigration)
.2 chômage (comprendre relance économique post-COVID)
Le plus important, électoralement parlant, est l’ordre des énoncés. Point 1 d’abord, point 2 ensuite ( les 750.000 nouveaux arrivants sur le marché du travail sont en priorité 2).
Je ne sais ce que pourrait faire ou pas Mme Le Pen, encore moins ceux qui se tiennent derrière ou avec elle, maintenus soigneusement hors-caméra.
Une chose est sûre : son discours est simple et clair. Simpliste diront ses détracteurs, moins habiles à communiquer. Mais pour forcer la porte et emporter les suffrages, ne faut-il pas « faire simple »?) Elle l’a compris, nettement mieux que l’actuel locataire de l’Elysée, lequel ne peut s’empêcher de foncer sur la moindre occasion de faire esclandre (Jérusalem, Beyrouth). Fâcheux et peut être désastreux.
Redoutable d’efficacité donc. Dans les rangs du gouvernement actuel ou des partis dits de gouvernement (droite et gauche démocratiques) renvoyés à leurs études, c’est un peu comme à l’arrivée du virus, on attend sûr de soi, on pense être maître du jeu. A tout le moins contenir la vague bleue marine...comme on espérait contenir la vague virale. Est-ce si sûr ?
Berrig-berr : evel Philippe, a gav din : ne ra ket foutr an Intron Le Pen (daoust d’he añv a-orin brezhonek) eus Breizh, he yezh, hag all...
Il y a évidemment des nuances à apporter : dans une large mesure, la communauté arabe est marquée par la France, à défaut d'être francisée. Il y a une minorité qui a réussi et qui s'en éloigne.
De même, s'il est indéniable que l'immigration de masse dissout le caractère de la société hôte, il est bel et bien possible de trouver des cas de descendants d'immigrés qui comprennent le point de vue «girondin», car il suffit s'établir loin de Paris pour comprendre le problème. Ainsi Idriss Aberkhane qui vient de rejoindre la nouvelle revue de Michel Onfray.
Autre exemple, les entrepreneurs bretons qui ne sont pas tous des Bretons pur beurre, qui pourtant comprennent l'intérêt breton car il est dû à l'emplacement géographique autant qu'à l'ethnie.
Mais il est évident que ces cas particuliers n'infirment pas les tendances inquiétantes vers une société «multiraciste car multiraciale», où l'État, dysfonctionnel, devient l'ennemi de tous ou presque.
C'est pourquoi il est vain d'espérer transformer les immigrés en purs locaux. Aucune autre société occidentale n'a réussi, et pour cause, car cela a tout d'un délire prométhéen d'une société en déclin.
Par contre, pour tout le reste, commentateurs inclus, je crois qu'on met la charrue avant les bœufs.
Pour justifier une politique, il faut toujours qu'elle soit présente dans l'espace public.
Autrefois, les Rois ne régnaient pas sans l'onction de l'Église qui encadrait la parole publique.
Aujourd'hui, on ne peut rien faire sans l'appui d'une partie au moins du clergé médiatique.
Dans les deux cas, le pouvoir (politique) a besoin de l'appui de l'autorité (morale, spirituelle, médiatique) car c'est elle qui fait l'interface avec le peuple et son économie. C'est du Dumézil ou du Debray.
Donc si la question bretonne est absente de l'espace public, il faut la rendre présente à tout prix.
C'est le b.a.-ba !
Nous constatons que les médias sont tous ultra-franciliens, y compris les médias sur internet comme «Le Média» (gauche) et «TV Libertés» (droite) mis à part «la France de Campagnol» et encore, ce n'est que du provincialisme.
C'est donc sur ce front médiatique qu'il faut reprendre des couleurs.
Il y a des CENTAINES DE MILLIERS de Bretons qui se savent Bretons et qui voudraient défendre leur terre et leur culture.
Mais combien, à force de regarder, BFM, CNEWS, LCI, francetélé, ont l'esprit enlisé par les problématiques parisiennes ?
Combien savent défendre le point de vue de la Bretagne ?
Combien connaissent leur histoire ? la langue de leurs ancêtres ?
Tant qu'on n'a pas maximisé ce nombre, on en restera à formuler des rêves naïfs.
On connaît l'histoire de TV Breizh. On connaît les limites de France 3 Bretagne et de France Bleu. Bretagne-5 a du mal à obtenir une licence.
Reste Internet, qui est une arme à double tranchant. Elle paraît démocratique, mais les flux se dirigent quand même vers les plus gros sites. C'est pourquoi la manière la plus simple pour fidéliser est encore l'abonnement par mail (ABP aurait tout intérêt à proposer son abonnement gratuit dans une fenêtre ouvrante). Pour plus de conseils consultez des pros du numérique.
Quoi qu'il en soit, il faut deviser une offensive médiatique.
Parler aux Bretons ne suffit pas, il faut parler à la classe politique et aux autres Français de notre ressenti.
Pourquoi ne pas commander un sondage (1000€) pour savoir combien d'électeurs bretons seraient prêts à voter en fonction de la position des partis sur le bilinguisme et la réunification ? Si le chiffre est de 20% ou plus, ça fera réagir.
Pourquoi ne pas réaliser une série de reportages pour expliquer aux Français le problème breton ? Car ce qui caractérise le Parisien et le jacobin, avant toute chose c'est son ignorance crasse. Blanquer a découvert à 54 ans sur les bancs de l'Assemblée l'existence de la méthode par immersion ! Comment peut-on espérer des aménagements législatifs pour notre langue, si personne d'importance à l'Est ne compatit à sa situation ?
Haut les coeurs, gardez l'espoir !
Respectueusement
Yann
Elle avait forcé le blocage du port italien de Lampedusa en 2019 pour y débarquer des migrants que son navire, le « Sea-Watch 3 » avait sauvé de la mort. La capitaine Carola Rackete publie ce mois-ci un livre dans lequel elle raconte son expérience. Un vibrant plaidoyer qui en appelle au courage de tout un chacun contre l’inhumanité.
Elle a désobéi. C’était le 26 juin 2019, dans les eaux claires du port italien de Lampedusa. Carola Rackete, capitaine du Sea-Watch 3, a décidé de forcer le blocus qui lui était imposé depuis quinze jours. Au bord de son navire, une dizaine de membres d’équipage et surtout 42 migrants, la plupart issus de l’enfer libyen et bien mal en point. Face au mépris du gouvernement italien, face à l’abandon de la communauté internationale, le geste de la jeune femme — mûrement réfléchi — l’a propulsée au devant de la scène médiatique. Depuis, elle a publié un ouvrage : Il est temps d’agir, paru le 17 septembre dans sa traduction française aux éditions L’Iconoclaste, où elle revient sur cette expérience et formule un rêve : que tous agissent face aux dérèglements de notre monde.
Reporterre — À l’origine, vous êtes une écologiste et vous avez travaillé dans des missions de recherche polaire et marine. Pourquoi avez-vous décidé vous engager dans le secours aux migrants ?
Carola Rackete — J’ai décidé de rejoindre les secours en mer pour faire face à une urgence. Car les associations manquent souvent de gens qualifiés qui ont une expérience ainsi que les diplômes nécessaires. Je pense aussi que nous avons une grande responsabilité en tant que citoyens européens, nous ne devons pas penser qu’il en va uniquement de celle des pays du sud de la Méditerranée et devons nous préoccuper de ce qui se passe à nos frontières.
Dans votre livre, vous faites clairement le lien entre migration et changement climatique. Pensez-vous que ce lien soit clair dans l’opinion publique ?
Non, ces deux sujets ne sont pas encore très liés pour le grand public. C’est en revanche très clair dans le monde scientifique. L’an passé, un rapport a été publié faisant le lien entre extrême pauvreté et la crise climatique, qui va affecter les plus précaires, ceux qui n’ont pas d’économies à la banque, ou d’assurance santé. C’est pourquoi cette crise est aussi humanitaire.
Dans votre livre, vous parlez beaucoup d’inhumanité face aux migrants. Pensez-vous qu’il existe une « banalisation du mal », comme l’a théorisé la philosophe Hannah Arendt ? Des humains qui ne seraient plus capables de former de jugements moraux ?
Le problème, c’est que la plupart des Européens ne rencontrent jamais de migrants. Si à Paris, vous voyez quelqu’un en train de se noyer, vous allez l’aider, quelque soit sa couleur de peau. Mais c’est plus facile d’accepter que quelqu’un se noie à des centaines de kilomètres dans la Méditerranée, car vous n’avez pas de connexion personnelle avec lui. C’est simplement la façon dont notre cerveau humain a évolué. Nous avons de la compassion et de l’empathie avec ceux que nous côtoyons et pas avec des gens que nous ne voyons pas. La grande question est de savoir comment nous pouvons dépasser cela pour aider des gens que nous ne considérons pas comme proches de nous. Je pense qu’il faut arrêter de se focaliser sur les différences mais plutôt sur nos ressemblances, ce que nous partageons, car tous les être humains sont similaires et veulent tous la même chose.
« Le lien entre migration et changement climatique est très clair dans le monde scientifique. »
Quand vous avez accosté à Lampedusa, vous avez été à la fois applaudie mais également fortement critiquée. Que pensez-vous de ces critiques ? Comment faire comprendre que les migrants ne traversent pas la Méditerranée par plaisir ?
Cela dépend d’à quel point les gens ont envie de changer leurs opinions. Certains ne sont pas forcément ouverts aux nouveaux arguments. La meilleure chance de les convaincre, c’est qu’ils aient une conversation avec les réfugiés. Ils pourraient comprendre pourquoi et comment ils ont été contraints de quitter leur pays. Et ce n’est pas pour « l’aventure » ou d’autres raisons futiles. Car les faits sont clairs. Beaucoup de pays sont en guerre, Beaucoup de pays ne sont pas sûrs. Et beaucoup ont des problèmes économiques.
Vous dites que vous étiez prête à risquer la prison. Pour beaucoup, c’est un acte très fort.
Honnêtement, si vous allez en prison en Italie, ce n’est pas une situation particulièrement dangereuse par rapport aux dangers que courent les migrants qui arrivent de Libye. De plus, très peu de gens vont réellement en prison. Tous les cas d’enquêtes criminelles à l’encontre de capitaines de navire ont été abandonnés. Donc oui, dans ce genre d’action, il faut considérer le risque. Mais celui-ci reste faible.
La répression envers les ONG et les associations qui aident les migrants est de plus en plus féroce. Est-ce une façon de les décourager ?
Bien sûr que cela décourage les gens et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’État met en œuvre cette répression. Nous faisons bien évidemment face à une criminalisation de la solidarité. Mais si vous n’offrez aucune résistance, les choses ne vont pas s’améliorer. Juste après mon arrestation, une loi pour créer une vaste mission de secours en mer a été perdue à seulement deux votes au parlement européen. Imaginez s’il y avait eu par exemple plus d’élus des partis Verts. Certes, je sais qu’aujourd’hui on voit plutôt le contraire avec toujours plus d’atteintes aux droits humains aux frontières. Nous sommes à un moment où nous n’avons plus d’autre choix que d’agir. Regardez, la publication du cinquième rapport sur les perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5) qui montre que les objectifs d’Aïchi n’ont pas été atteints. C’est un véritable désastre pour la biodiversité. Et prouve encore une fois que tout ce que nous avons fait jusqu’à présent, tous les traités et les négociations internationales ont échoué.
Imaginons un instant que les politiques acceptent d’ouvrir les frontières. Ils seraient alors abondamment critiqués, notamment par l’extrême droite. Ont-ils le choix ?
Le problème est que si vous devenez trop effrayé par l’extrême droite, vous commencez à mettre en œuvre leur politique. Elle n’a alors même plus besoin de conquérir le pouvoir pour faire passer ses idées. C’est d’ailleurs ce qui se passe en ce moment dans beaucoup de pays. Beaucoup de gens sont coincés dans un système. Même ceux qui en sont au cœur et qui veulent changer les choses ont un pouvoir limité. Le plus grand problème est le manque d’engagement des gens à tous les niveaux. Il ne s’agit plus d’être optimiste ou pessimiste mais de créer de l’engagement politique.
Camp des Canonniers, à Strasbourg, où vivent des centaines de migrants. 2019
Vous plaidez pour une action non violente en expliquant que c’est plus efficace. Mais l’histoire montre que ce n’est pas aussi simple.
Évidemment, il y a toujours eu les deux en parallèles. Pour le mouvement des droits civiques aux États-Unis, Martin Luther King, appelait à des actions non violentes et Malcom X était plus radical. En Inde, vous aviez Gandhi qui était pacifique et d’autres gens qui sabotaient. Mais généralement les mouvements non violents sont plus inclusifs et attirent plus de gens, car tout le monde n’a pas envie ou n’est pas capable d’utiliser la violence, souvent le fait de jeunes hommes. De plus, les sciences sociales ont analysé tout cela et montré que les mouvements violents remportaient moins de succès.
Que pensez-vous de ceux qui, face à l’hypocrisie et l’inaction du gouvernement, on envie d’être plus radical dans leur combat ?
Nous avons essayé toutes les voies les plus softs pour nous faire entendre : des pétitions, des marches, etc. Sans vraiment de résultat. Donc, oui, je comprends la lassitude. D’autant que le système dans lequel nous vivons est oppressif. Il exploite les gens tout autant que l’environnement. C’est le système qui est violent lui-même et non pas quelques activistes qui font du sabotage et utilisent de la violence contre un gouvernement ou des entreprises qui seraient pacifiques. Il nous faut de petits groupes radicaux qui se connectent entre eux et surtout qui relient les enjeux environnementaux aux enjeux sociaux.
Votre livre a clairement une sensibilité anticapitaliste. Pourtant, vous n’écrivez jamais ce mot. Pour quelle raison ?
Quand vous prononcez ce mot, les gens pensent que vous allez faire sortir Lénine ou Staline de leur tombe ! Ils sont très effrayés par le communisme. Un système qui était d’ailleurs également basé sur la croissance. Ainsi, pour s’éloigner de cette réaction instinctive, nous parlons plutôt d’économie de la décroissance.
Quels sont vos prochains combats ?
Je souhaite continuer à travailler sur les questions de conservation de la nature et surtout les questions décoloniales. En Afrique par exemple, beaucoup de parcs nationaux sont militarisés avec expulsion des populations indigènes. Sachant que l’ONU propose de protéger 30 % de la planète nous voulons demander comment ils vont faire pour que les droits des populations indigènes soient respectés. Car si nous avons besoin de préserver la biodiversité, il faut qu’on se rende compte que les populations indigènes ne sont pas des menaces, au contraire. Elles vivent sur ces terres depuis des centaines d’années sans les surexploiter, contrairement au modèle industriel. Qui pratique la surpêche ? Qui déforeste l’Amazonie ? Ce ne sont certainement pas les populations indigènes ! C’est très important et nous avons besoin d’en parler.
Propos recueillis par Laury-Anne Cholez
ll est temps d’agir, éditions L’Iconoclaste, septembre 2020, 150 p., 17 euros.
Notre petite Europe de l'Ouest, il y a 105 ans, dominait tous les continents et toutes les mers, en partie grâce au sacrifice des marins bretons. Aujourd'hui en 2020 elle n'est plus qu'une zone commerciale sans âme, une zone d'occupation américaine, ravagée par le mercantilisme asiatique et allemand, où la bureaucratie française n'a d'autre passe-temps que d'asphyxier la culture bretonne.
Malgré tout, l'Europe a conservé un certain niveau de complexité dans son organisation, qui rend chacun redevable des autres de son niveau de vie... ce qu'on appelle la Civilisation.
Pendant ce temps l'Afrique, qui était cinq fois moins peuplée qu'elle, est désormais deux fois plus peuplée, bientôt trois. Mais le niveau de vie n'a guère évolué. Si bien que la demande pour notre confort est infinie.
On peut aimer autant qu'on veut l'Afrique et les Africains, être fasciné par la culture arabo-musulmane, avoir un grand respect pour le Bouddha, il n'empêche : on n'a jamais vu de civilisation reposer sur la haine de soi, et ces exemples d'ailleurs le démontrent. Or cette rancœur envers les Européens c'est bien ce qu'expriment tous ces professionnels de l'altruisme.
Or il ne s'agit plus de se repentir pour des péchés virtuels, mais de survivre en tant que civilisation. Car partout où les communautés s'installent, la confiance envers l'État et la confiance entre les gens est rompue : c'est le même schéma partout, en Ile-de-France, à Marseille, peu à peu dans toutes les villes grandes et moyennes jusqu'à Nantes, Rennes, Brest... selon la même logique implacable, de Chicago à Malmö, qui pousse les Européens à fuir les villes qu'ils ont construites, devenues trop dangereuses.
Cet enjeu avait été perçu il y a 50 ans par Jean Raspail, un écrivain d'une très belle plume, amoureux de la Bretagne, dans son livre Le Camp des Saints : si un million de réfugiés arrivent après-demain, faut-il les sauver, ou... nous en sauver ? Déjà il entrevoyait la trahison du patronat capitaliste, l'angélisme des journalistes et des curés, et la lâcheté des politiciens.
Carola n'entrevoit rien de ces enjeux, elle agit par une sorte de foi missionnaire, cette fois retournée contre son continent. Elle se croit anti-capitaliste, alors que le patronat de son pays l'Allemagne a fait de multiples déclarations en faveur de l'immigration de masse et de l'accueil de réfugiés - car c'est la future masse de lumpen et d'acheteurs... il n'y a pas de petits profits.
Elle dit que «tous les êtres humains sont similaires et veulent la même chose», mais ce n'est pas ce que nous dit l'expérience de ces 50 dernières années. Elle en sait quelque chose : dès la première heure en Europe, de nombreux réfugiés exigent que leur viande soit hallal. Et alors qu'on s'attend à ce qu'avec les générations la religiosité baisse, les enquêtes montrent que c'est le contraire.
Il est urgent d'ouvrir les yeux. Selon tous les démographes déjà 20% à 40% de la jeunesse en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, est d'origine extra-européenne, 50% à la génération suivante si rien n'est fait. Or personne n'a résolu le problème de «l'intégration». Une véritable décadence qui bouleverse aussi l'Europe de l'Est qui avait envié l'Ouest pendant si longtemps.
Et quid de la Bretagne dans tout ça ? L'auteur de l'article nous dit que l'immigration de masse ne peut pas aider la Bretagne dans son combat pour la survie de sa culture. Est-ce que tu apportes le moindre début d'argument contre ce que dit l'auteur ? Crois-tu qu'il se lèvera 10.000 Bretons d'origine africaine pour le rattachement du 44 ? Crois-tu qu'on verra 10.000 Bretons d'origine maghrébine lutter pour nos droits linguistiques... c'est-à-dire le breton ?
Avec le bouleversement anthropologique que connaît l'Occident, nous sommes face à «la vérité de l'être» : seuls les forts d'esprit survivront à cette épreuve. La première chose est de ne pas se faire avoir par ce chantage à l'émotion auquel participe toute la presse subventionnée par les ennemis des peuples.