Une algue rouge pour réduire le réchauffement climatique

Chronique publié le 8/09/19 15:09 dans Environnement par Philippe Argouarch pour ABP
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Élevage d'asparagopsis armata par Algue et Mer à Ouessant. Photo Campus mondial de la Mer

La journaliste du Washington Post et auteure Ruth Kassinger vient de sortir un livre Slime : How Algae Created Us, Plague Us, and Just Might Save Us (Houghton Mifflin Harcourt, June 2019) où elle expose les propriétés étonnantes des algues dont Asparagopsis taxiformis et comment elles "pourront nous sauver".

Les ruminants émettent 7,1 milliards de tonnes de méthane par an. Ce qui représente en poids 15% de la pollution atmosphérique à effet de serre. Mais pire, à quantité égale, le méthane a un effet de serre 28 fois plus important que le gaz carbonique produit par les moteurs et l'industrie. À noter que si une vache laitière produit 90 kg de méthane par an, un porc n'en produit qu'un seul kilo.

Des scientifiques de l'université James Cook en Australie ont découvert qu'une algue rouge du nom de Asparagopsis taxiformis, ajoutée aux aliments du bétail à raison de seulement 2%, réduisait de 85% les émissions de méthane dues aux rots et aux déjections. Le goût du lait ne change pas. Son coût légèrement. Voir plus bas leur papier publié en février 2016.

Cette algue rouge en forme de fougère mais qui doit son nom latin à sa forme d'asperge se trouve normalement dans les eaux chaudes, voire tropicales. Une variété plus courte existe pourtant sur les côtes bretonnes depuis le début du XXe siècle sous le nom de Asparagopsis armata.

Asparagopsis armata est utilisée pour la fabrication de cosmétiques et est même cultivée dans la baie de Lampaul à Ouessant sur 5 ha. Elle a des propriétés antibactériennes, antifongiques, antivirales et anti-coagulantes nous dit Jean-Pierre Nicolas dans son livre magnifique Algues des côtes bretonnes (voir notre article).

Les algues Asparagopsis contiennent des molécules qui neutralisent la production de méthane dans l'estomac des vaches. "Elles ne rotent plus" ont observé les biologistes australiens comme d'autres en Californie qui testent les effets sur le long terme sur un élevage expérimental. Le défi à relever consiste à trouver un moyen de produire massivement asparagopsis pour en extraire les molécules à ajouter à l'alimentation du bétail. La Bretagne aura, là encore, une carte maîtresse à jouer.


Vos commentaires :
Samedi 20 avril 2024
Devant l'absence de commentaires je me décide donc à déclarer que, sans doute comme la plupart des lecteurs, je considère cette découverte comme doublement importante.

D'abord pour l'influence extraordinairement bénéfique à prévoir sur la pollution due à l'élevage et en conséquence, pour le nouveau débouché que pourrait nous valoir la culture de cette algue sur nos côtes particulièrement propices à ce développement.

A condition toutefois que nous parvenions à prendre notre place dans les premiers et non après tout le monde ...

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