En entendant les cris d’orfraie venant de tous les bords de la classe politique française après le discours de Jean Guy Talamoni à l’assemblée de Corse, on a d’abord envie de se pincer. Voilà en effet que ce ramdam vient de ce qu’on a parlé corse à l’assemblée territoriale de Corse… Ce qui serait considéré tout à fait normal dans d’autres pays européens qui ont adopté le multilinguisme prend, dans la prétendue patrie des droits de l’homme, une dimension ubuesque et totalement anachronique.
A Breizh Europa, nous constatons d’abord avec plaisir que la France, après avoir tout fait pour faire disparaître les langues et identités régionales, n’a pas atteint son but. Des régions, autrefois prises par les armes, résistent à l’uniformisation réclamée par Paris. Et quelle meilleure manière de lutter contre la mondialisation que de préserver nos langues, nos identités, mais aussi nos intérêts économiques régionaux ?
Nous remarquons également que le Front National a fait ses moins bons scores dans ces régions où les identités dites régionales sont restées fortes. Cela devrait faire réfléchir nos élites, car à force de vouloir tout unifier, tout araser, on crée des citoyens sans Histoire, sans profondeur, sans recours devant les discours les plus populistes, et de plus en plus réceptifs à un nationalisme français réducteur, et monolingue.
Ainsi, quand Marie-Noëlle Lieneman ou François Fillon en appellent à la République pour interdire les langues régionales, n’oublions que le mot république, dans la bouche de nos politiques parisiens et leurs relais locaux, est juste le faux-nez d’un nationalisme français insidieux, qui enferme cet Hexagone sur lui-même depuis trop longtemps.
Sinon, comment expliquer que les mêmes politiques français, adversaires du breton et du corse, soutiennent la pratique, louable également selon nous, du français au Canada ? Cherchez l’erreur.
Caroline Ollivro, présidente de Breizh Europa
■