Richesses et développements de la Loire Bretonne

Forte de ses cinq élu-e-s municipaux et de son élu communautaire, issu-e-s de quatre communes de l'agglomération nantaise traversées par la Loire (Nantes, Rezé, Saint-Herblain, Couëron), l'Union Démocratique Bretonne entend prendre toute sa place dans le grand débat « Nantes, La Loire et Nous ».

En tant que présidente de Nantes Métropole, la démarche engagée par Johanna Rolland au début de son mandat,à travers le lancement de ce débat, est un signe positif et va dans le sens du renouvellement des pratiques démocratiques souhaité par l'UDB.

En effet, depuis décembre 2014, les habitant-e-s de la métropole ont été amenés à réfléchir d'une manière novatrice et intéressante sur l'avenir de leur ville.

La réflexion qui est posée, à savoir la place et les fonctions de la Loire dans la ville, va de pair avec l'implication réelle des habitant-e-s. Notamment grâce à des outils de participation innovants -qu'ils soient individuels ou collectifs- tels qu'un site internet dédié et évolutif, des séminaires, un panel citoyen, des rencontres publiques,... Ce foisonnement et la richesse de ces processus de participation garantissent à chacun-e des habitant-e-s de la Métropole une accessibilité équitable à ce Grand Débat.

Par ailleurs, un certain nombre de documents mis à la disposition du public, et ayant trait aux pratiques & aux usages liés à la Loire, invitent les habitant-e-s à échanger en ayant pris connaissance des éléments indispensables. Cette volonté de garantir un accès juste et équitable aux éléments clés du débat est exemplaire.

Certaines décisions ont certes déjà été prises en amont, mais d'autres choix majeurs -en termes de mobilité, d'urbanisme, de pratiques- restent à prendre, et la parole des nantais-e-s pèsera significativement dans la séquence qui suivra : celle des choix politiques.

Ce cadre de travail est nouveau pour Nantes, et montre l'exemple à d'autres métropoles : les citoyens ne sont pas simplement amenés à participer, mais deviennent véritablement acteurs de leur territoire, en influant sur des grands projets structurants. Ces nouvelles pratiques ont d'ailleurs suscité un véritable engouement.

Ainsi, ce foisonnement d'échanges -tout en vivifiant la démocratie- confirme l'impérieuse nécessité, soulignée depuis longtemps par l'UDB -notamment dans le cadre de la réunification de la Bretagne- de consulter les citoyens et les citoyennes sur des projets importants, qui les impactent directement.

La place de la Loire est intimement mêlée à l'histoire, à l'identité et à l'avenir de Nantes. Comme les nantais-e-s l'avaient indiqué en 2012 lors du projet 'Ma ville demain / 2030', la Loire est l'élément le plus emblématique de leur ville.

L'UDB met également depuis longtemps en relief le rôle prépondérant de la Loire. Notamment à travers plusieurs thématiques spécifiques :

• Notre ville se situe au carrefour de deux espaces : fluviaux et maritimes. Il est primordial de prendre ce fait en considération, préalablement à toute réflexion. Depuis la fermeture des chantiers, Nantes a tourné le dos à son fleuve, mais aussi à son estuaire, à son espace maritime. Ce sont bien sur ces deux espaces que nous devons continuer à travailler, pour que Nantes redevienne un grand port à la fois de terre et de mer.

• Le transfert administratif de la Loire-Atlantique à la Région des Pays-de-la-Loire, au cours du XXème siècle, a cassé la dynamique maritime de notre ville. Notre appartenance à cette région profondément terrienne a détourné politiquement, économiquement et culturellement la place prépondérante que Nantes devrait toujours occuper sur la façade atlantique, et ce à l'échelle européenne. Qui sait que la Ville de Nantes est la troisième plus grande commune de cette façade, allant de Belfast à Lisbonne ? Notre ville doit prendre conscience de l'énorme potentiel qui s'ouvrira à elle quand elle renouera pleinement avec sa vocation maritime. La Loire, en tant que cordon ombilical entre la Ville et l'Océan, occupe à ce titre une place fondamentale.

• Dans le domaine touristique, la volonté affichée par le Conseil régional d'assurer une continuité avec le reste du bassin de la Loire, notamment en collaboration avec la Région Centre, confirme l'absurdité d'une tel positionnement pour notre ville. Quel est le lien flagrant et palpable qui existerait entre Nantes et Blois ? Alors que Nantes fût un des plus grands ports maritimes d'Europe, et qu'elle occupe toujours la quatrième place des ports français ? Construire une région Bretagne réunifiée, orientée de fait vers l'océan et ½uvrant pleinement au développement des activités maritimes, est une nécessité pour l'avenir de notre métropole.

• La Loire a été le creuset du développement industriel et économique de notre ville et doit rester un atout pour ces secteurs. A cet égard, le Bas-Chantenay constitue un espace exceptionnel, mais aux potentiels sous-exploités. La proximité de quais permettant d'accueillir des navires à fort tirant d'eau, d'emprises ferroviaires nombreuses et de voies routières nationales est un formidable atout pour Nantes.

• Grâce à ces équipements, qui devront être repensés et modernisés, le port de Nantes peut devenir une plate-forme à la fois fluviale, maritime & ferroviaire de grande envergure. Le tissu des PME de Loire-Atlantique qui ½uvrent dans des secteurs peu dé-localisables auront ainsi à leur disposition un formidable outil logistique et économique. Alors que seulement 2,5 millions de tonnes ont transité de manière globale sur Nantes en 2013. Ce qui est assez peu au regard des potentialités que présentent les trois sites exceptionnels de Cheviré, Roche-Maurice/Cormerais et Wilson.

• Du fait de la proximité avec le centre-ville et avec de nombreux espaces résidentiels, ce redéploiement des activités portuaires doit aller de pair avec une requalification urbaine novatrice. A l'instar de villes d'estuaire comme Bilbao, Dublin ou Anvers -qui ont concrétisé avec succès des grands projets urbains dans leur port- Nantes doit prendre conscience que l'articulation entre son développement portuaire et les opportunités urbanistiques qui en découlent constitue une opportunité historique, qu'il s'agit de traiter avec ambition et vision.

• La requalification des espaces et des fonctions des rives de la Loire a également une dimension sociale profonde. Un certain nombre de quartiers ont été construits sur ces rives pour accueillir une importante population ouvrière qui, à la fin du XIX ème siècle, venait principalement travailler dans le port et les chantiers navals. Aujourd'hui, la sociologie des quartiers a, certes, évolué mais est toujours caractérisée par un grand brassage social, où les classes populaires ont encore droit de cité. Nous devons maintenir cette mixité sociale et veiller à garantir un accès à des logements abordables pour toutes et tous.

• De plus, plus globalement, la Loire est un formidable atout pour entamer une véritable transition énergétique, à l'échelle de notre territoire. Le développement du cabotage en amont et en aval, du fret à la voile, l'éco-conception de bateaux et de navires peuvent participer, par exemple, à la construction de modes de déplacement alternatifs. Le respect de l'environnement et l'utilisation raisonnée et durable de nos ressources peuvent être, là encore, un atout exceptionnel pour Nantes et son estuaire.

• Enfin, la dimension écologique est très prégnante, notamment autour des marais de Couëron, Saint-Herblain, de la Grande Brière et du Pellerin. La fragilité et la richesse, de par leur biodiversité, de ces zones humides doivent être particulièrement prises en compte dans tout projet de développement. En effet, selon l'Organisme régional d'étude et d'aménagement de la métropole, ces étendues humides couvraient un territoire de plus de 40 000 ha à la fin des années 70. Aujourd'hui, seuls 20 000 ha subsistent. Il conviendra donc de pérenniser l'avenir de ces zones tout en les confortant avec les nouveaux usages qui se développeront dans l'estuaire.

A travers ces différentes thématiques, s'affiche ainsi selon nous la nécessité d'intégrer la place de la Loire à Nantes dans une perspective humaine, sociale, économique et environnementale.

Nantes s'est construite au fil des siècles grâce à ses eaux métissées, mi douces – mi salées, et doit pleinement reprendre possession de ses rives, afin de se réaffirmer comme une grande métropole à la fois fluviale et maritime.

Sonia Meziane (conseillère municipale à la Ville de Nantes)

Pierre-Emmanuel Marais (conseiller municipal à la Ville de Nantes et conseiller communautaire à Nantes Métropole)

Anthony Hamelin (conseiller municipal à la Ville de Saint-Herblain)

Yann Quéméneur (conseiller municipal à la Ville de Rezé)

Marcel Marc (conseiller municipal à la Ville de Couëron)