Le collectif Ai'ta ! Kreiz Breizh s'étonne de la tiédeur avec laquelle le conseil municipal de Rostrenen a voté le niveau 3 de la charte « Ya d'ar brezhoneg » et du délai choisi pour y arriver (3 ans). Si celui-ci est respecté, il aura donc fallu 10 ans (obtention du niveau 2 en 2007, obtention prévue du niveau 3 en 2017) pour avancer de façon tangible (alors que le délai entre le niveau 1 et 2 n'avait été que de trois ans). C'est dire l'empressement qu'ont les élus à faire avancer ce dossier ! Gageons que la langue bretonne sera morte et enterrée avant qu'ils ne se décident à passer au niveau 4 ! Pour rappel, le nombre de brittophones diminue tous les ans et l'UNESCO classe toujours le breton parmi les langues en sérieux danger d'extinction. Les décisions que prennent les élus d'aujourd'hui, quel que soit leur échelon, sont donc fondamentales pour l'avenir.
Rostrenen a la chance de disposer de deux filières d'enseignement bilingue (l'une à l'école publique, l'autre à l'école privée) ce qui permet une transmission minimum de la langue aux jeunes générations. Valoriser la langue bretonne dans l'espace public, à commencer par les plaques de rue et l'ensemble de la signalétique, est capital. En effet, cela leur permet de voir que le breton n'est pas cantonné à la classe mais a bien une place et un usage dans la société qui est la leur. Quant au surcoût évoqué également par A.Régan, il est très faible voire nul pour peu que l'on ait pris soin d'anticiper et de réaliser correctement les signalétiques bilingues, comme le montre l'étude faite à Pleskob (ville ayant atteint le niveau 3 de la charte). Ai'ta ! s'étonne enfin du fait qu'il ne soit pas proposé à l'ensemble des employés municipaux de se former à la langue bretonne. La formation professionnelle est un droit, et proposer n'est pas imposer… alors ? Les retours venant des municipalités ayant engagé cette démarche montre qu'il y a une réelle demande et attente en la matière. En quoi l'ensemble des employés rostrenois en serait-il privé ? Voire la langue bretonne sur les panneaux, c'est bien, l'entendre et pouvoir la parler dans la vie municipale c'est mieux ! D'autres mesures permettraient également de faire progresser la place du breton, à moindre coût, dans la cité. Citons, entre autres, quelques phrases prononcées en breton dans tous les discours officiels (ha re stert 'vefe deoc'h, aotrou maer?), un article en breton dans le bulletin municipal, la traduction en breton du site internet de la ville…
Le collectif Ai'ta ! demande donc aux élus de faire preuve de volontarisme en adoptant une véritable politique linguistique visant à développer la place du breton dans la vie publique afin que puisse être préservé et transmis ce trésor commun qu'est la langue bretonne.
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