Suite à un article paru sur ABP critiquant l'exposition Migrations / Divroañ du Musée de Bretagne aux Champs libres à Rennes (voir notre article), nous publions ce droit de réponse provenant de la direction du Musée de Bretagne.
Bonjour,
Je ne vais pas détailler mot par mot vos propos. Ils vous engagent et vous avez bien évidemment et fort heureusement votre libre-arbitre. Mais en revanche, il y a de nombreux points qui sont faux et je souhaiterais qu'ils soient corrigés.
«Et le parti-pris tiers-mondiste ?» Il est surtout présent dans l’espace « Un accueil sous contrôle». On insiste sur les contrôles auxquels sont soumis les immigrants en France mais on passe sous silence les difficultés rencontrées par les émigrants bretons aux USA par exemple. Difficultés en France pour obtenir le visa et aux USA pour être accepté.» Pour information, cette partie de l'exposition comportait exactement le même nombre de vitrines et de thématiques entre immigrés en Bretagne et émigrés bretons. Seule la thématique des sans-papiers s'adressait plus effectivement aux immigrés étrangers, qu'aux Bretons et pour cause.
Vous affirmez que nous passons sous silence « le fameux centre d'accueil d' Ellis Island à New-York, centre par lequel sont passés des milliers de Bretons1, c'est un peu révoltant. » Ceci est faux, mais je vous rends justice, la densité de l'exposition ne permettait pas de tout voir, même pour un oeil aussi aiguisé que le vôtre. Il y avait une vitrine consacrée à ce passage ainsi que des textes sur les quotas imposés à toute personne arrivant sur le sol des U.S.
Par ailleurs, comme j'avais pu vous le dire, le musée n'a pas confié la responsabilité scientifique de l'exposition aux sociologues Anne Morillon et Angélina Etiemble. Elles ont assuré un co-commissariat et co-écrit des textes et nous avons bénéficié de l'apport scientifique d'une trentaine de chercheurs. Le musée a écrit la majeure partie des textes d'exposition concernant l'émigration. Donc la mention« Le cabinet de sociologues-ethnologues chargé de la préfiguration de l'exposition » n'est pas juste.
Faux également la mention concernant les livres à disposition du public : «Des livres sont aussi présents à ce moment de l'exposition. Ils s'adressent à nouveau plus aux immigrants et à l'émigration en Bretagne qu'aux émigrants et à l'émigration bretonne dans le monde.» Nous avions (à deux titres près) le même nombre d'ouvrages sur les deux aspects.
Pour la Loire-Atlantique, nous en avons parlé longuement et je n'y reviendrai pas. Mais, je me permets juste une question. Imaginez-vous professeur d'histoire dans un collège ou un lycée et vous devez parler de l'état actuel de la France et de ses régions administratives et de ses départements ? En toute honnêteté et objectivité, que diriez-vous ? Nous sommes un musée d'histoire et nous devons restituer au public la réalité la plus objective possible.
Enfin, personnellement, je n'aime pas votre usage du terme tiers-mondiste, que je trouve presque dangereux dans les temps qui courent. En revanche, et je plaide coupable, je crois encore à une certaine forme d'humanisme, qui a constitué sans doute pour cette exposition , un fil sous-jacent.
Bien à vous, Françoise BERRETROT Conservatrice, commissaire d'exposition MUSEE DE BRETAGNE ■
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