Pourquoi l’immigration renforce le jacobinisme et donc bloque toute dévolution en Bretagne

Chronique publié le 6/09/20 16:54 dans Politique par Philippe Argouarch pour ABP
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Photo France-Culture

Plus il y a d’immigrants en France, plus le jacobinisme se renforce et par conséquent bloque toute dévolution.

Il y bien-sûr une dilution de l’identité bretonne à Nantes via l’arrivée massive d’immigrants de Vendée ou d'ailleurs mais pour les migrants venus de plus loin, comme d'au-delà de la mer méditérrannée , l’assimilation est une francisation et pas une bretonnisation. Certains nouveaux arrivés ne savent même pas qu’ils sont en Bretagne ; d’autres, comme le clandestin qui a mis le feu à la cathédrale de Nantes, se foutent royalement des trésors dont ils ont la garde ! Le sentiment d’appartenance de la Loire-Atlantique à la Bretagne ira en diminuant.

Mais le fond du problème est ailleurs.

Le jacobinisme contre les communautés et la diversité

Que ces nouveaux immigrants arrivent en France légalement ou pas, qu’ils soient des réfugiés politiques, climatiques, économiques, sanitaires, ou autres n’y changeront rien : l’Etat doit faire face à un problème d’intégration de plus en plus évident, de plus en plus menaçant.

La ghettoïsation ou la formation de communautés ethniques ou religieuses dans les grandes banlieues, qui ne peuvent que s’accentuer avec les crises économiques, ne pouvaient que provoquer le renforcement du concept de citoyenneté républicaine définie par des droits et des valeurs comme la laïcité, l’égalité, le centralisme démocratique, l’universalisme, l’assimilation. Jamais le discours politique et médiatique ne s’est étoffé de tant de références aux valeurs de la République, à la citoyenneté républicaine laïque et soi-disant non-ethnique.

Attention, toutes ces valeurs ne sont pas à rejeter pêle-mêle, mais la négation des identités, des communautés, des différences est une atteinte aux Droits Humains fondamentaux. Cette négation a des conséquences graves pour les minorités nationales en France dont l’existence même est niée par la République.

L’argument principal des jacobins est l’égalité devant la loi, un concept hérité des fantasmes de la Révolution qui se voulait universelle et qui voulait imposer ses valeurs à toute la planète, du moins au reste de l’Europe. En 1789 un « Français » était quelqu’un qui adhérait à la Révolution. Du jour au lendemain, des Allemands, des Italiens etc... sont devenus citoyens français. Depuis cette universalisme de la loi française s’est fortement limité, l’égalité devant la loi ne s’appliquant plus qu’a l’hexagone. Les députés Paul Molac et Jean-Jacques Urvoas ont fait remarquer que cet argument d’égalité n’était plus vraiment sérieux puisque des départements d’outre-mer avaient des lois et des droits spécifiques.

Le jacobinisme en défense de l’identité nationale

L’explosion de la diversité des identités sur le territoire, en particulier l’arrivée de nouvelles cultures extra-européennes ne peut que pousser les gouvernements à renforcer le concept de république citoyenne uniformisée pour tous, donc, par la même occasion, à nier les identités régionales historiques pourtant constituantes de la République.

En 2009 le président Sarkozy avait même lancé un débat sur l’identité nationale. L'ouverture d'un débat sur l'identité nationale est "nécessaire" avait annoncé Nicolas Sarkozy : "A force d'abandon, nous avons fini par ne plus savoir très bien qui nous étions", disait-il. Le débat lancé avait vite été clos tant il ressemblait à une boîte de Pandore.

Il semble difficile pour les gouvernements de la Ve République de reconnaître des identités historiques régionales tout en niant les nouvelles communautés d’immigrants qui, de plus en plus d’ailleurs, se localisent dans des territoires particuliers. D’ailleurs l’Etat est parfaitement conscient qu’il ne peut généraliser l’enseignement de l’arabe dans certains territoires alors qu’il traîne les pieds ou fait semblant de vouloir enseigner les langues régionales. C’est vrai que sa marge de manoeuvre est étroite.

Le jacobinisme contre le séparatisme

De nouveaux immigrants venus du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, voire d’Afghanistan ou du Sahel, sont aussi parfois porteurs d’un projet politique, en plus de vouloir former des communautés séparées afin de préserver leur identité. Emile Granville, parmi d’autres, aborde le problème dans son livre Défi de Notre temps . Les conférences annuelles rassemblant les ministres d’une soixantaine de pays au sein de l’[[ISESCO]] sont claires (voir notre article) mais aussi la Stratégie de l’Action Islamique Culturelle à l’extérieur du Monde islamique visible ici

L’islamisme, et pour certains l’Islam, sont bien sûr incompatibles avec le projet politique de la République. Le gouvernement devant ces constats prépare donc une loi contre le « séparatisme ». Sauf que le mot « séparatisme » est très mal choisi. Il n’a pas été choisi au hasard, car la loi pourra effectivement s’appliquer à la fois contre les Islamistes et contre le séparatisme corse, voire tout simplement contre l’autonomisme ou l’indépendantisme breton !

Le jacobinisme le credo de Marine Le Pen

L’arrivée au pouvoir éventuelle du Rassemblement National ne sera que l’aboutissement logique de ce retour au jacobinisme pur et dur. Marine Le Pen est pour un super-jacobinisme avec une assimilation à marche forcée. Une seule région : la France, une seule identité : l’identité française, une seule culture : la culture française, une seule histoire : l’Histoire de France, une seule loi : la loi française, une seule langue, la langue française, Marine Le Pen est autant contre l’enseignement de l’arabe que du breton.

La montée en puissance du RN n’est pas seulement la conséquence de réactions épidermiques, voire racistes, d’une partie des citoyens français face aux immigrants, elle est la conséquence politique logique de l’échec de la République, son aboutissement. L’échec de la République c’est d’avoir pensé que l’Etat n’était pas l’organisation d’un peuple, d’une nation, mais juste le management d’un ensemble de citoyens de cultures et d’ethnicités les plus variées.

Y-a t-il une solution? Je n’en vois qu’une. Pour stopper le renforcement du jacobinisme et l’arrivée au pouvoir du RN, il faut une immigration zéro sauf pour les cas particuliers de demandes d’asiles vérifiés et documentés. Il faudra aussi révoquer la loi sur le rapprochement familial instauré sous la présidence Giscard d’Estaing. Il faudra aussi renvoyer chez eux tous les clandestins. Si ces mesures ne sont pas adoptées rapidement, Marine Le Pen sera la prochaine présidente de la République. Pour la Bretagne autonome, la langue bretonne, la réunification, ça sera la fin des haricots. Il n’y aura plus de Bretagne.


Vos commentaires :
Samedi 20 avril 2024
@Krys44 :
Krys, tu manques d'une vision de loin...

Notre petite Europe de l'Ouest, il y a 105 ans, dominait tous les continents et toutes les mers, en partie grâce au sacrifice des marins bretons. Aujourd'hui en 2020 elle n'est plus qu'une zone commerciale sans âme, une zone d'occupation américaine, ravagée par le mercantilisme asiatique et allemand, où la bureaucratie française n'a d'autre passe-temps que d'asphyxier la culture bretonne.
Malgré tout, l'Europe a conservé un certain niveau de complexité dans son organisation, qui rend chacun redevable des autres de son niveau de vie... ce qu'on appelle la Civilisation.
Pendant ce temps l'Afrique, qui était cinq fois moins peuplée qu'elle, est désormais deux fois plus peuplée, bientôt trois. Mais le niveau de vie n'a guère évolué. Si bien que la demande pour notre confort est infinie.

On peut aimer autant qu'on veut l'Afrique et les Africains, être fasciné par la culture arabo-musulmane, avoir un grand respect pour le Bouddha, il n'empêche : on n'a jamais vu de civilisation reposer sur la haine de soi, et ces exemples d'ailleurs le démontrent. Or cette rancœur envers les Européens c'est bien ce qu'expriment tous ces professionnels de l'altruisme.
Or il ne s'agit plus de se repentir pour des péchés virtuels, mais de survivre en tant que civilisation. Car partout où les communautés s'installent, la confiance envers l'État et la confiance entre les gens est rompue : c'est le même schéma partout, en Ile-de-France, à Marseille, peu à peu dans toutes les villes grandes et moyennes jusqu'à Nantes, Rennes, Brest... selon la même logique implacable, de Chicago à Malmö, qui pousse les Européens à fuir les villes qu'ils ont construites, devenues trop dangereuses.
Cet enjeu avait été perçu il y a 50 ans par Jean Raspail, un écrivain d'une très belle plume, amoureux de la Bretagne, dans son livre Le Camp des Saints : si un million de réfugiés arrivent après-demain, faut-il les sauver, ou... nous en sauver ? Déjà il entrevoyait la trahison du patronat capitaliste, l'angélisme des journalistes et des curés, et la lâcheté des politiciens.
Carola n'entrevoit rien de ces enjeux, elle agit par une sorte de foi missionnaire, cette fois retournée contre son continent. Elle se croit anti-capitaliste, alors que le patronat de son pays l'Allemagne a fait de multiples déclarations en faveur de l'immigration de masse et de l'accueil de réfugiés - car c'est la future masse de lumpen et d'acheteurs... il n'y a pas de petits profits.
Elle dit que «tous les êtres humains sont similaires et veulent la même chose», mais ce n'est pas ce que nous dit l'expérience de ces 50 dernières années. Elle en sait quelque chose : dès la première heure en Europe, de nombreux réfugiés exigent que leur viande soit hallal. Et alors qu'on s'attend à ce qu'avec les générations la religiosité baisse, les enquêtes montrent que c'est le contraire.
Il est urgent d'ouvrir les yeux. Selon tous les démographes déjà 20% à 40% de la jeunesse en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, est d'origine extra-européenne, 50% à la génération suivante si rien n'est fait. Or personne n'a résolu le problème de «l'intégration». Une véritable décadence qui bouleverse aussi l'Europe de l'Est qui avait envié l'Ouest pendant si longtemps.

Et quid de la Bretagne dans tout ça ? L'auteur de l'article nous dit que l'immigration de masse ne peut pas aider la Bretagne dans son combat pour la survie de sa culture. Est-ce que tu apportes le moindre début d'argument contre ce que dit l'auteur ? Crois-tu qu'il se lèvera 10.000 Bretons d'origine africaine pour le rattachement du 44 ? Crois-tu qu'on verra 10.000 Bretons d'origine maghrébine lutter pour nos droits linguistiques... c'est-à-dire le breton ?
Avec le bouleversement anthropologique que connaît l'Occident, nous sommes face à «la vérité de l'être» : seuls les forts d'esprit survivront à cette épreuve. La première chose est de ne pas se faire avoir par ce chantage à l'émotion auquel participe toute la presse subventionnée par les ennemis des peuples.

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