Le retour de l'extraction d'uranium en Bretagne, si le Niger devenait trop dangereux ?

Interview publié le 20/09/10 21:27 dans Economie par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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On connaît Chantal Cusnier pour son investissement dans les dossiers concernant le démantèlement de la centrale de Brennilis et les anciens sites miniers d'uranium en Bretagne. Elle a récemment en Autriche accompagné un Nigérien qui expliquait la situation dramatique que vivent les voisins des mines d'uranium. L'ABP a rencontré cette militante qui va bientôt aller au Ministère à Paris pour parler de la sécurité autour des mines bretonnes.


Que pensez-vous ce ce qui se passe actuellement au Niger, la prise des otages et l'extraction d'uranium ont-ils un lien ?

- La prise d'otages est en lien avec l'extraction d'uranium car ce sont des salariés d'Areva et de Vinci travaillant pour la mine d'uranium d'Arlit qui ont été enlevés.C'est ce qu'explique clairement le communiqué de l'Observatoire du nucléaire du 16 septembre 2010 - (voir le site) Le conflit n'est pas nouveau et dure depuis plusieurs années dans cette zone. Les conflits, attentats liés au nucléaire sont nombreux. Rappelons nous la prise des otages au Liban en lien avec l'usine d'enrichissement Eurodif  de Pierrelatte financée par le Shah d'Iran, les infirmières bulgares libérées grâce à un «troc nucléaire» avec le colonel lybien Khadhafi.  


- Le risque n'est-il pas que l'on rouvre les mines d'uranium bretonnes ?

- Pas dans l'immédiat mais ce n'est pas à exclure car les filons ne sont pas épuisés. Et les zones d'extraction à l'étranger risquent de devenir des zones de conflit surtout dans un contexte où le lobby nucléaire fait le forcing pour le renouvellement du parc nucléaire.

De plus les peuples autochtones (Australie, Canada, Afrique) prennent conscience de l'héritage empoisonné laissé par l'extraction de l'uranium. Le 30 août 2010 à Bâle, lors de la conférence intitulée «Territoires sacrés, peuples empoisonnés», ils ont dit «Stop, laissez l'uranium dans le sol !».

 40 ans d'extraction de l'uranium n'ont pas enrichi le Niger qui reste le pays le plus pauvre de la planète, mais a pollué la richesse la plus précieuse pour la population pastorale : les nappes phréatiques et fossiles.  De plus les milliers de tonnes de déchets radioactifs laissés par l'extraction  sont balayés par des vents puissants et les particules radioactives respirées par la population. 


- Vous avez mené avec la Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) et l'association Roz Glas une enquête sur d'anciens sites miniers entre Guilligomarc'h et Pontivy. Quelles sont actuellement les conclusions scientifiques de vos investigations ?

- Dans tous les sites miniers explorés de Bretagne, de grandes anomalies radiamétriques (10 à même 100 fois le niveau naturel) ont été trouvées  notamment sur des sentiers de randonnée, des prés, terrains, parking, etc... contrairement aux discours rassurants  tenus en 2005 par la Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) ou Areva qui parlait d' «opération exemplaire» et «de radioactivité comparable à celle que l'on mesure dans la région».

Les analyses des prélèvement au laboratoire de la CRIIRAD ont confirmé les mesures et le classement en déchets radioactifs.  Les associations Roz Glas et CRIIRAD ont envoyé une lettre en juin dernier au ministre de l'écologie dénonçant la situation .

Depuis, le préfet a pris un arrêté obligeant Areva à revoir sa copie. Les associations seront reçues au ministère le 6 octobre, et insisteront notamment pour obtenir des garanties en matière de mise en sécurité et décontamination exemplaire de ces anciens sites miniers ainsi qu'un bilan complet de la situation radiologique des cours d'eau qui  les traversent et alimentent les captages notamment de la ville de Lorient. 


Pour ceux qui voudraient en savoir plus, contacter l'association Roz Glas au 02 98 53 81 79


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