Si un jour il y a une guerre nucléaire, l'Ile longue sera détruite en priorité

Chronique publié le 13/08/22 15:51 dans Europe par Philippe Argouarch pour ABP
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Dégâts causés par un missile nucléaire ballistique de 10 kilo tonne sur la base navale de l'Ile Longue selon Nuclear Secrecy https://nuclearsecrecy.com/nukemap/

Le général britannique Sir Richard Barrons a confié au journal The Sun, le 7 août, qu'il est probable qu'au printemps 2023, après une offensive ukrainienne qui aboutirait à une expulsion de l'armée russe de certains territoires conquis en 2022, Poutine utiliserait un ou plusieurs missiles nucléaires tactiques.

Ces missiles tactiques d'une portée de 500 kms ont un pouvoir de destruction limité mais permettent de détruire une concentration de troupes et de matériel ennemis. Ces bombes nucléaires font moins de 10 Kt (kilo ou 1000 tonnes équivalent de TNT). 15 Kt représente la charge qui a détruit Hiroshima. Elles font partie de la doctrine de défense de l'armée russe.

Bien sûr, Rennes ou Nantes sont à 3000 km du front en Ukraine mais ce qui peut nous affecter, c'est le nuage radioactif. Celui de l'accident de Tchernobyl est allé jusqu'en Corse - et les Russes s'assureront que les vents seront tournés vers l'Ouest. Il n'est pas question pour eux de voir un nuage radioactif se diriger vers Moscou ! Ne pas oublier non plus que la centrale nucléaire de Zaporijia occupée par l'armée russe peut être l'objet d'un accident nucléaire grave, voire un melt-down.

Il est probable que ces frappes nucléaires locales de l'armée russe n'entraîneront pas une réponse nucléaire des États-Unis et la fin du monde, d'autant plus que l'Ukraine ne fait pas partie de l'OTAN (merci Merkel et merci Sarkozy ). Mais les radiations ionisantes colportées par les poussières du nuage radioactif peuvent très bien atteindre la France.

Ceci étant dit, ces petites charges nucléaires dégagent de très faibles quantités de particules radioactives car, contrairement à un accident de centrale, tout ou presque tout serait brûlé lors de l'explosion. L'accident de Tchenobyl, l'explosion du core donc, aurait émis bien plus de substances dangereuses que la bombe d' Hiroshima.

L'Ile Longue / Enez Hir

Même si une guerre nucléaire est peu probable en Europe, elle est dans le domaine du possible. Il ne s'agit pas ici d'attiser la peur mais seulement d'envisager le pire, d'en discuter librement comme d'une possibilité. Ceux qui connaissent l'histoire savent que le pire arrive souvent.

Il est évident que la première frappe de l'armée russe sera, non pas une grande ville comme Paris, mais la base des Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins (SNLE) de l'Ile Longue et en annexe l'usine d'assemblage des missiles juste à Guenvenez. Il s'agit pour les Russes d'éliminer d'emblée les capacités de riposte dans la mesure ou le ou les unités en mer sont localisées et détruites en même temps. Cette cible est d'autant plus un premier choix que normalement, trois des quatre SNLE, sont au repos ou en maintenance, dans leur alcôve à l'Ile longue.

Une bombe de 10 Kt est largement suffisante pour endommager sérieusement les 300 000 m3 de béton des alcôves et PC de l'Ile Longue. Bien comprendre quand même que le bêton résistera bien mieux que les maisons en bois et en papier d'Hiroshima. Si le missile balistique russe doit aussi détruire l'usine d'assemblage de missiles nucléaires à Guenvenez, au coeur de la presqu'île de Crozon, il faut beaucoup plus.

Selon la carte américaine interactive des dégâts causés par une frappe nucléaire sur un endroit et une charge que l'on peut choisir, il faudrait de 200 à 300 Kt pour détruire les deux sites en même temps. Les dégâts seraient considérables et atteindraient Brest sans même parler d'explosions nucléaires des têtes de missiles stockées à Guenvenez. Il est plus probable que deux charges de 10kt maximum soient utilisées, l'une sur l'Ile Longue et une autre sur le site de Guenvenez. Toujours est-il que, avec les vents d'ouest dominants, une ou deux frappes sur la presqu'île de Crozon auraient des conséquences graves sur tout le reste de la Bretagne et au-delà.

Les nuages radioactifs

La première menace en cas d'explosion nucléaire à proximité est l'iode 135, le premier jour. Dans les jours suivant l'explosion, la radiotoxicité est dominée par l'iode 131, d'une durée de 8 jours. L'iode radioactif des retombées peut être ingéré et se fixer sur la thyroïde, où il peut entraîner le cancer, surtout chez les enfants. Pour se protéger de ces [[isotopes]], il est important de saturer sa thyroïde avec de l’iode non-radioactif, pour qu’elle ne laisse pas passer l’iode radioactif qui se trouverait dans l’air, l’eau ou la nourriture.

Selon wikipédia, dans une deuxième période, la contamination dominante est le strontium 90 de période de 28,8 ans, celle du césium 134 de demi-vie 2,06 ans, et celle du césium 137, de période 30,2 ans. Le strontium 90 est l'un des éléments les plus dangereux des retombées d'explosions atomiques. Il se fixe dans les os et remplace le calcium avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer dont le cancer des os.

Prévoir le pire : se prémunir contre les radiations ionisantes

Vous pouvez vous procurer des pastilles d'iode de 50mg chez votre pharmacien. Sauf que, en France, il n’y a que si vous habitez à proximité d’une centrale nucléaire que vous pouvez obtenir de l’iode chez votre pharmacien.

Vous pouvez par contre aller ramasser des algues brunes et les faire sécher. L'algue qui a le plus d'iode est la laminaria digitata (le kombu breton) soit 4860 µg par gramme séché, mais aussi la laminaria saccharina (le kombu royal). Oui, 10g de kombu breton ont autant d'iode qu'une pastille de la pharmacie.

Attention, l'iode s'évapore quand vous faites bouillir les algues brunes pour les attendrir ! Il serait plutôt préférable de se munir de l'Himanthalia elongata (le haricot de mer qui est partout sur le littoral breton) ou l'algue rouge palmaria palmata (la dulse). Les deux peuvent se manger fraîches ou juste réhydratées, et conservent donc leur teneur en iode.

A noter que selon le spécialiste des algues Yves Le Borgne, les médecins japonais ont utilisé la molécule laminarine, extraite des laminaires, pour traiter après coup les irradiés d'Hiroshima

Selon un proverbe des Indiens d'Amazonie, "pour toute maladie, il y a une plante tout près qui peut la guérir". Contre les radiations, en Bretagne il y aura les algues. Si contre les radiations ionisantes des isotopes de l'iode, on pourra compter sur les algues, on ne semble pas trop savoir comment lutter contre le strontium 90. A noter qu'entre 1945 et 1980, les explosions nucléaires atmosphériques ont répandu une quantité relativement importante de Strontium 90 dans l'atmosphère.

Pour info, depuis 1945, il y a eu plus de 5000 tests de bombes nucléaires sur la terre et nous sommes toujours là !


Vos commentaires :
Vendredi 19 avril 2024
Vous avez fait une excellente réponse. Sans approuver politiquement François Fillon, Malgré tout ce n'est pas un imbécile, une de ses dernières déclarations, je cite le monde se dirige actuellement comme des somnambules vers la troisième guerre mondiale.Si les Bretons n'adhèrent pas beaucoup à l'idée d'émancipation, une des causes est la sécurité dans beaucoup de domaines que leur garantit l'état français, or actuellement celle-ci est remise en cause comme le système de santé à la dérive, mais la base l'Ile longue de part le nouvel embrasement du monde devient de plus en plus un danger pour la population bretonne, je me demande pourquoi les mouvements bretons et aussi les politiques de tout bords un peu conscients de l'avenir de la Bretagne ne communiquent pas davantage à ce sujet, qui pourrait être un thème mobilisateur capable de faire basculer l'opinion bretonne ? Au minimum les élus bretons devraient revendiquer la construction d'abris anti nucléaires comme c'est le cas en suisse qui en ait bien pourvue.
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