De l'avis général, la mer constitue l'un des enjeux mondiaux du XXIe siècle. Elle se situe en effet au cœur des défis environnementaux et climatiques que doit surmonter l'humanité.
Elle apparaît comme une immense ressource possible pour satisfaire les besoins alimentaires d'une population mondiale en pleine expansion. Elle est aussi un univers largement inexploré et porteur de ressources encore insoupçonnées (en termes de matières premières, de biodiversité, de découvertes scientifiques, de potentiel biotechnologique, etc.). Enfin, dans un contexte de crise énergétique grandissante, elle représente un gisement considérable et prometteur de production d'énergies, ou encore le support de l'un des modes de transport les plus économiques.
Face à tant de perspectives, la France, deuxième puissance mondiale en surface maritime, et la Bretagne (un tiers du littoral français) ont potentiellement une immense carte à jouer. Pourtant, force est de constater que la Bretagne a perdu depuis longtemps sa splendeur maritime et qu'elle tourne aujourd'hui largement le dos à la mer. C'est sans doute là l'un des paradoxes les plus criants de sa situation actuelle.
Le premier port breton…Le Havre !
Le premier port breton est depuis bien longtemps… Le Havre. Alors que la France importe 80 % de ses produits de la mer, on subventionne la casse des bateaux de pêche. Dans un autre registre, la Bretagne, qui représente 50 % du potentiel de production d'énergies marines en France, n'a toujours pas réussi à implanter un projet industriel d'envergure en ce domaine (les principaux projets éoliens marins offshore se situent au large des côtes normandes…). Le fossé se creuse de jour en jour avec nos partenaires européens plus investis sur la production d'énergies renouvelables (Norvège, Royaume-Uni, Allemagne, etc.).
Si l'essentiel de la population bretonne vit aujourd'hui à proximité des côtes, l'implantation d'activités économiques liées à la mer apparaît bien souvent de plus en plus difficile du fait des conflits d'usages et d'un manque de décision politique. Une part importante de la population bretonne vit ainsi aujourd'hui « au bord de l'eau », avec la mer comme décor, sans pour autant constituer une société maritime tournée vers le grand large et ses nombreux horizons.
Il convient pourtant de se féliciter des récents succès brestois en matière d'implantation d'activités de recherche sur les énergies renouvelables (Ifremer, DCNS) ou sur le changement climatique (ClimSat). Ces succès ponctuels doivent désormais s'accompagner d'une véritable stratégie maritime régionale, orientée vers les enjeux de demain. C'est là l'une des clefs fondamentales de l'ouverture de la Bretagne au monde mais aussi, très probablement d'un meilleur équilibre de développement entre l'est et l'ouest du territoire.
article publié dans le magazine armor
contribution de Bretagne Prospective
■