Christian Guyonvarc'h, vice-président (Union démocratique bretonne) du Conseil régional de Bretagne chargé des affaires européennes et internationales, représentera la Bretagne au sommet de Copenhague du 13 au 16 décembre. Il accompagnera Jean-Yves Le Drian, président du Conseil régional.
Vice-président de NRG4SD (Réseau mondial des gouvernements régionaux pour le développement durable) (1), C. Guyonvarc'h est à l'origine de l'adhésion de la Région Bretagne à ce réseau en 2005. A ce titre il a piloté l'organisation du premier Sommet mondial des régions sur le changement climatique qui s'était tenu à Saint-Malo en octobre 2008. C'est dans le cadre de la préparation de cette manifestation qu'il est entré en relation avec le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), ce qui a permis l'implantation en Bretagne, en l'occurrence à Brest, du centre expert ClimSAT destiné à aider les régions du monde à réduire leur bilan carbone et à s'adapter aux conséquences du changement climatique.
Depuis la conférence de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) de décembre 2008 à Poznan (Pologne) C. Guyonvarc'h est chargé de représenter les associations internationales de Régions dans les négociations du post-Kyoto. A ce titre il a obtenu, à Bonn en juin 2009, le soutien de plusieurs gouvernements nationaux (Uruguay, Sénégal, Algérie) dans la demande de reconnaissance du rôle des Régions dans la lutte contre le changement climatique. Depuis lors le groupe Afrique, qui réunit les États africains, appuie cette démarche.
Cette demande de reconnaissance se fonde sur un constat établi par les Nations Unies elles-mêmes : « 50 à 80% des actions concrètes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et quasiment 100% des actions d'adaptation aux conséquences du changement climatique sont conduites à un niveau infraétatique » (Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la CCNUCC, le 8 décembre 2008 à Poznan, propos repris à son compte par Ban Ki-Moon en septembre 2009).
La Région Bretagne et d'autres collectivités bretonnes avec elle sont engagées dans des processus d'élaboration de plans climat territoriaux, dont il convient de rappeler que les deux lois issues du Grenelle de l'environnement les rendront obligatoires d'ici fin 2012 pour toutes les collectivités de plus de 50.000 habitants. Sachant que les collectivités représentent 72% de l'investissement public en France, on mesure combien leur implication peut contribuer à ce que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés au plan international soient réellement atteints.
La Région a pris des initiatives concrètes qui vont dans le bon sens tels le renouvellement et l'extension du parc de TER, le dispositif Eco Faur (depuis 2005 25 millions € attribués aux projets d'urbanisme économes en énergie dont 334 communes ont pu bénéficier), le Plan énergie de 2007 ou encore la création récente d'un Observatoire régional de l'énergie et des gaz à effet de serre. Pour autant l'action de la Région Bretagne est très contrainte par son absence de pouvoir législatif ou réglementaire et par un budget extrêmement faible : 1 milliard €, soit seulement 3% du total des dépenses publiques réalisées sur le territoire breton. La Région n'a aucun pouvoir dans le secteur de l'énergie comme le président du Conseil régional l'a encore souligné à l'occasion du débat sur l'approvisionnement électrique de la Bretagne. Et cela l'UDB ne l'accepte pas.
Cette absence de compétence législative et cette faiblesse budgétaire, dans un contexte français où le lobby nucléaire (Areva-EDF) a imposé ses règles, sont la cause de l'échec de l'implantation d'une filière de production d'éoliennes en Bretagne alors qu'il y a 30 ans les premières expérimentations mondiales s'étaient faites dans le Finistère. Le résultat c'est plusieurs dizaines de milliers d'emplois perdus pour la Bretagne et la France (l'industrie éolienne emploie 30.000 personnes en Allemagne et 20.000 au Danemark).
C'est le même scénario funeste qui risque de se reproduire avec les énergies marines. En effet, alors que les concepteurs bretons (Sabella, projet Winflo du consortium Nass and Wind / DCNS / Ifremer / Actimar..) peinent à trouver les capitaux nécessaires à la phase de développement industriel, EDF choisit d'installer au large de Bréhat une machine de conception irlando-américaine (OpenHydro), développée en Écosse.
D'ici quelques années les côtes bretonnes verront l'implantation d'éoliennes offshore, sans doute flottantes, d'hydroliennes sous-marines et d'unités de production à partir de la houle, c'est une certitude. Mais le risque est grand que ces machines, tout comme les éoliennes terrestres, soient construites à l'étranger. La valeur ajoutée et les emplois de ce nouveau secteur d'activité profiteront à d'autres territoires que la Bretagne.
Pour échapper à ce scénario la Bretagne doit regarder du côté de l'Écosse. Dotée d'un pouvoir législatif depuis l'an 2000, l'Écosse légifère librement dans le secteur de l'énergie comme sur l'aménagement du territoire. Et elle dispose pour une population de 5 millions d'habitants d'un budget annuel de 32 milliards €, soit 30 fois plus que la Région Bretagne. C'est grâce à ces atouts que l'Écosse est en train de s'affirmer comme le leader mondial des énergies marines. En outre son Parlement s'est fixé, en juillet 2009, un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 42% sur la période 1990-2020, ce qui constitue l'engagement le plus élevé au monde. Le Parlement écossais vient également d'innover en adoptant un projet de budget 2010 formulé non plus seulement en valeur monétaire mais en équivalent tonnes CO². Or, l'Écosse est gouvernée par le SNP (Parti national écossais), partenaire de l'UDB au sein de l'Alliance libre européenne et du Parlement européen. Le gouvernement SNP bénéficie du soutien des Verts écossais au Parlement.
L'autonomie régionale est la voie qui a permis à l'Écosse de s'affirmer comme le territoire le plus innovant au monde dans la lutte contre le changement climatique. C'est cette voie que la Bretagne doit emprunter à son tour.
Pour l'Union démocratique bretonne, La porte-parole Mona Bras
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