Nouvelles atteintes à la liberté de la presse

Dépêche publié le 24/11/15 23:45 dans Media et Internet par Philippe Argouarch pour ABP
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Dans le cadre du débat pour la loi cadre instaurant l'état d'urgence en France, un groupe de députés a proposé le 18 novembre un amendement qui donnait aux autorités le pouvoir d'interférer avec la liberté de la presse.

L'arrivée de lois liberticides

Il s'agissait de la possibilité de prendre le contrôle de publications "de toute nature" y compris radios, films et pièces de théâtre. La télé aurait été épargnée ? soit c'est un oubli, soit elle est déjà contrôlée et ne nécessitait pas de nouvelles mesures. En ce qui concerne l'internet, on sait la difficulté que cela représenterait. Ben soyons raisonnables. De toutes façons le terme proposé "publications de toutes natures" laissait la porte ouverte à tous les abus... Parmi les signataires de l'amendement, des députés bretons comme Mme Le Houerou, députée des Côtes d'Armor ou Michel Ménard député de Loire-Atlantique. L'amendement a heureusement été rejeté.

Il proposait d'ajouter après l'alinéa 22, l'alinéa suivant :

« Le décret déclarant ou la loi prorogeant l'état d'urgence peut, par une disposition expresse, habiliter les autorités administratives visées à l'article 8 à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales. »

(voir le site)

Double langage

Quelques jours auparavant, Madame Le Houerou déclarait sur son blog à propos des attentats " Liberté, Egalité, Fraternité ….L'effroi ou la sidération ne doit pas nous faire céder au piège tendu à la démocratie et à nos valeurs". On a bien compris, le discours de nos élus n'a rien à voir avec ce qu'ils font et ce qu'ils votent.

Asphyxier financièrement

D'autres tentatives ont lieu en ce moment pour museler la presse. Ainsi le FISC demande à Mediapart 4,1 millions d'euros. Mediapart, comme pour la presse papier, payait seulement 2,1% de TVA et ceci depuis sa création en 2008. Mais voilà que le FISC a décidé que le taux de TVA réduit qui s'applique à la presse papier ne s'appliquait pas à la presse en ligne ! c'est-à-dire que la TVA pour Mediapart est de 20% , soit 10 fois plus que pour les journaux papier !

Subventionner pour contrôler

Début novembre, la ministre de la Culture Fleur Pellerin, a étendu par décret les aides à la presse au titre du "pluralisme d’opinions", jusqu’ici réservées aux quotidiens, à une cinquantaine de titres, allant du Monde Diplomatique à Pèlerin Magazine, Causette, Témoignage Chrétien. La liste complète n'est pas publiée, du moins pas sur l'internet. Les aides directes autre fois réservées à la presse quotidienne sont maintenant étendues à d'autres périodicités (hebdos, quinzomadaires, mensuels, trimestriels). Les titres d'extrême droite, qui de toutes façons ne peuvent pas être contrôlés, ont été exclus y compris Valeurs Actuelles qui porte plainte. Charlie Hebdo ne qualifie pas car au-dessus du tirage de 300 000 exemplaires, le palier pour se qualifier. Les périodiques régionaux sont aussi exclus.


Vos commentaires :
Dimanche 28 avril 2024
Pourquoi se gêner et trop s'embarrasser de contre-pouvoirs irrévérencieux et fantasques ?

Le centralisme tentaculaire jacobin, qui s'épanouit déjà dans un écrasant millefeuille administratif, se renforce conjointement dans les médias à coups de subventions étatiques.

Ce faisant, il double la sujétion de l'information, puisque les grands groupes de presse sont déjà détenus par des banques, des sociétés d'armement ou de BTP qui vivent de contrats d'Etat ou de lois favorables à leurs affaires et dont en conséquence l'influence sur la vie politique du pays n'est évidemment pas neutre.

En effet, difficile d'aller trop loin contre les intérêts fondamentaux de qui vous aide à boucler vos fins de mois ou, plus encore, vous permet d'éviter la faillite et vous maintient magnanimement en survie thérapeutique (Libé, l'Huma etc...).

L'information plus ou moins à la merci donc du bon vouloir de l'Etat et du lobbying de grands groupes industriels ou financiers, sans qu'il soit néanmoins clamé à tous les vents que ces «bienfaiteurs» orientent finalement ainsi à leur guise l'argent du contribuable, vu en tant que citoyen ou comme client.

Sacrés fils à la patte ! diraient simplement certains, dont je suis.

On se demande bien pour quelles mauvaises raisons l'Allemagne et la Grande Bretagne ont supprimé ces subventions il y a quelques années déjà !

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