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- Présentation de livre -
Michel Feltin-Palas : Sauver les langues de France

Michel Feltin-Palas, auteur d'une lettre d'information de L'EXPRESS intitulée Sur le bout des langues, vient de publier un recueil de ses chroniques sous le titre Sauvons les langues régionales

Philippe Argouarch pour ABP le 25/11/22 23:43
Sauver les langues régionales :
Réalisation : Olivier Caillebot
(232 vues)
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Michel Feltin-Palas est depuis 2018 l'auteur d'une lettre d'information de L'EXPRESS que beaucoup de Bretons éduqués lisent. Intitulée Sur le bout des langues, elle parle des langues minoritaires de France et aussi du français. Il vient de publier un recueil de ses chroniques sous le titre Sauvons les langues régionales aux éditions ÉLIOPOLES.

Ses chroniques sur les langues l'ont conduit à interroger chaque semaine des linguistes, des historiens, des universitaires, et oui des militants. Au fil des années, il a fini par monter en compétences, au point de publier des ouvrages et de donner des conférences sur cette thématique. Il était invité à Carhaix, le samedi 19 novembre, pour le colloque Pour une autonomie de la Bretagne, une belle occasion pour lui d'y présenter son livre.

Michel Feltin-Palas démolit plusieurs idées préconçues comme celle qui affirme que la défense des langues régionales renforce les mouvements indépendantistes. Tout au contraire, affirme-t-il, c'est le déni, voire le mépris, des langues régionales qui pousse au renforcement des mouvements indépendantistes. Il n'y a pas de mouvements séparatistes en Suisse et pourtant il y a plusieurs langues officielles et même pas de langue commune.

Pour Michel Feltin-Palas, toutes les langues se valent. Le picard a eu une littérature, Frédéric Mistral a été prix Nobel de littérature en 1904 pour une œuvre écrite en provençal. Pour lui le seul élément qui différencie les langues c'est leur statut. Comme l'a affirmé le linguiste yiddish Max Weinreich (1894-1969) « Une langue est un dialecte avec une armée et une marine ». Ce n'est pas parce qu'une langue n'a pas eu la chance de devenir langue officielle d’un État qu'elle est un dialecte ou un patois.

On peut sauver le breton si il y a une volonté de le sauver. Feltin-Palas compare souvent le breton au gallois « deux langues celtiques parlées en France et au Royaume-Uni, deux pays voisins et au développement économique comparable. Voilà quarante ans, on recensait pour chacune de ces langues environ 500 000 locuteurs. Or, aujourd’hui, le breton n’est plus parlé que par 200 000 personnes alors que l’on en compte 650 000 pour le gallois.» Et les Gallois prévoient un million de locuteurs en 2050. Et Feltin-Pallas rappelle : « au Pays de Galles, le gallois est soutenu par les pouvoirs publics. Son étude est obligatoire dans presque toutes les écoles jusqu’à 16 ans ; il dispose d’une télévision et d’une radio publiques depuis plusieurs décennies ; les citoyens peuvent s’exprimer dans cette langue devant les tribunaux ; etc. Toutes mesures qui n’existent pas pour le breton en Bretagne. Là est la différence.»

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 3 commentaires
  P.Bulot
  le Samedi 26 novembre 2022 02:11
"On peut sauver le breton si il y a une volonté de le sauver. Feltin-Palas compare souvent le breton au gallois : deux langues celtiques parlées en France et au Royaume-Uni, deux pays voisins et de développement économique comparable. Voilà quarante ans, on recensait pour chacune de ces langues environ 500 000 locuteurs. Or, aujourd’hui, le breton n’est plus parlé que par 200 000 personnes alors que l’on en compte 650 000 pour le gallois."
Outre la différence France/ RU il y a quand même une différence de taille au départ entre le Pays de Galles et la Bretagne au niveau linguistique.
Le Pays- de- Galles est un résidu de l'ancienne civilisation bretonne-insulaire. L'ensemble de son territoire est imprégné de culture et de langue galloise historiquement. Même à Oswestry en Angleterre, à la limite du pays de Galles, il existe des publications en gallois.
En Bretagne, il y a une dualité linguistique ancienne entre l'Est et l'Ouest. Tout cela pour dire que le renouveau gallois a été rendu possible par une adéquation entre langue et territoire politique qui n'existe pas en Bretagne (ou en Ecosse d'ailleurs). Pire, les centres de décision de la Bretagne elle-même sont précisément situés la où la langue bretonne est la plus éloignée.
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  Penn Kaled
  le Samedi 26 novembre 2022 11:32
Vous dites à juste titre Le Pays- de- Galles est un résidu de l'ancienne civilisation bretonne-insulaire .En effet je me demande si dans un certain imaginaire subconscient gallois ,il n'y a pas un désir de reconquête de ce qui est aujourd'hui l'Angleterre ,même si c'est utopique ? .Ceci dit une partie du Pays de Galles a été très anglicisé ,ce qui relativise votre conclusion .D'autre part concernant la dualité linguistique bretonne ,une partie de la haute Bretagne a été brittophone ,ce qui atténue territorialement cette question de cette réelle dualité linguistique .Par contre la présence d'un centre de décision en centre ouest Bretagne aurait eu des retombées plus favorables pour la langue bretonne ,les liens auraient été rétablis entre la langue des natifs et le perunvan .
(1) 
  Naon-e-dad
  le Mardi 3 janvier 2023 12:13
@P Bulot
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Quand je vous lis me viennent en mémoire deux éléments :
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Une carte géographique (à différentes époques) des locuteurs du gallois qui montre de grandes disparités dans l’usage de la langue. Le secteur le plus actif se trouvant dans le NW (Snowdonia), la région montagneuse ou les reliefs sont les plus éminents.
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Un élément qui a joué un rôle important dans l’histoire de la langue galloise. La traduction intégrale de la Bible en gallois, voici plusieurs siècles. Cette traduction a sans doute contribué à légitimer la langue en tant que telle, elle a aussi favorisé un standard écrit de fait. Ce standard étant d’ailleurs celui du N-W, parait-il (je ne suis pas galloisant).
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Ce qui est certain, c’est que les Gallois ont manifesté un attachement très marqué à leur langue, fut-elle, qui comme toutes les langues de pays présente des variations dialectales. Ce qui est certain aussi , c’est que la sauvegarde du gallois est une réussite au regard des chiffres (800.000 bretonnants dans la décennie cinquante / 500.000 galloisants).
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Nous avons donc en Bretagne (et par extension un peu partout en France) un problème politique à ce sujet. Je me demande si le peu d’attrait pour les langues (toutes les langues du monde), qui est un handicap à l’heure de la mondialisation, ne vient pas aussi de ce recroquevillement hexagonal, à la sauce troisième république ? Comment faire évoluer un système figé et mortifère ?
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Berrig-berr, emañ ar Brezhoneg ur vrav a yezh hag a gas lorc’h d’an dud a reont ganti.
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