Messe en breton : quand Mgr Dognin, en visite au Minihi Levenez, donne l’exemple

Compte rendu publié le 18/03/19 17:15 dans Religion par Yann Lukaz pour ABP
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La surprise fut de taille, elle fut belle.

Il est rare qu’un chrétien ait l’impression de participer à un événement d’Eglise. C’est pourtant bien ce qui s’est passé samedi 16 mars, lors de la messe bilingue du soir, en l’Eglise de Treflevenez / Trelevenez , concélébrée et présidée par Mgr Laurent Dognin, Evêque de Quimper et Léon, à l’occasion d’une visite pastorale très attendue.

Ce dernier, précédemment à Bordeaux et en poste à Quimper depuis 2015, a ouvert la célébration avec le signe de croix en breton (« En ano an Tad, hag ar Mab, ar Spered glan »), et mieux encore a réitéré avec le coeur même de la messe - Offertoire / lid ar Provoù, Consécration / ar Gorreoù - autrement dit toute la partie liturgie eucharistique en breton. Il est vrai que Job an Irien, responsable du Minihi-Levenez, bretonnant natif et l’un des concélébrants, pouvait venir en appui.

Mais force est de reconnaître que la prononciation de l’évêque du Finistère – qu’il a certainement travaillée auparavant avec l’aide d’un jeune prêtre bretonnant - est tout à fait convaincante. Quand l’on sait que l’un des arguments trop souvent opposés pour la mise en place de messes, même partiellement, en breton, est le manque de prêtres bretonnants, on reçoit comme une belle surprise cet acte qui en réconcilierait plus d’un avec l’Eglise. Et l’on se prend à rêver enfin de nouveaux bourgeons pour notre langue, quasi-exclue (sauf rares exceptions) du monde liturgique. Que l’on comprenne bien, les lectures étaient bilingues, et l’homélie en français, comme si d’emblée un bon équilibre avait été trouvé pour un public ordinaire, assez largement local, mais pas exclusivement.

Bien sûr un bretonnant, natif ou néo, goûtera un vrai plaisir dans une célébration par ailleurs identique en tout point à n’importe quelle autre. Si ce n’est que les mélodies musicales et le phrasé en breton enracinent de manière tout à fait éminente dans le substrat culturel local, et nous introduisent dans le chaînage des siècles de façon inégalable.

Au-delà encore, participer à une célébration dans la langue du pays à quelque chose de revigorant du point de vue de la Foi. Comme si le cœur profond était touché au-delà de ce qu’il est possible d’en dire. Dans la communion des défunts d’hier et des vivants d’aujourd’hui. Comme si l’Eglise se réveillait, se révélait, s’exprimait sous un jour nouveau. Dans une authenticité qui n’aurait d’égale que la simplicité. Après tout, Jésus, en son pays de Nazareth, ne s’exprimait-il pas en araméen, teinté d’accent galiléen, qui n’était déjà plus la langue du pouvoir civil ou religieux ?

La célébration a été suivie d’un vin chaud - pas de problème pour ceux venus de loin, le degré du breuvage s’évapore en bouillant nous assure-t-on, ne subsiste donc que le bouquet du parfum - .Pakañ ur banne, de quoi rajouter de la convivialité et délier les langues, pour des échanges libres. Ce qui après tout est aussi le but d'une visite pastorale.

Bennozh Doue deoc’h, Aotrou an Eskob.

nota:

le centre spirituel bretonnant du diocèse de Quimper et Léon, a été créé en 1984. Minihi-Levenez

21 meurzh 2019, légères retouches / cheñchamañchoùigoù


Vos commentaires :
Mardi 30 avril 2024
En breton, en français, en latin...Dieu reconnaîtra les siens. Mais s’enorgueillir d’une messe en breton, c’est d’abord un péché, puis c’est reconnaître sa culture chretienne, avant tout; la culture des ancêtres bretons, où est-elle dans tout ça?
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