Le droit à notre Histoire
La réforme du collège et des programmes, prévue pour la rentrée 2016, illustre la volonté permanente de l’État français d’imposer une histoire unique et falsifiée, quitte à se priver des bonnes pratiques pédagogiques.
Ainsi les programmes d’histoire et de géographie gardent leur caractère annuel et leur lourdeur encyclopédique. L’objectif non avoué est politique : faire des bons élèves de bons Français ; pour les autres, on s’en fiche.
Il y a bien quelques libertés données aux enseignants de choisir ici ou là un thème plutôt qu’un autre. Mais évidemment pas de thème intitulé « histoire régionale », qui permettrait aux jeunes Bretons de réaliser qu’ils n’étaient pas Français avant 1532, sans pour autant renier leur identité française d’aujourd’hui. Ce qui leur permettrait en passant de comprendre plus facilement la complexité du monde contemporain, et les enjeux de la construction européenne. Excusez du peu.
Une dimension régionale proposée parmi les 8 thèmes des fameux «enseignements pratiques interdisciplinaires» (EPI) aurait pourtant aisément rapproché les disciplines entre elles. C’était pourtant l’un des objectifs de cette réforme. Un thème « identité régionale » aurait pu ainsi recouper la géographie, le développement durable, la littérature, les arts de Bretagne ... Il n’aurait pas exclu par les autres identités, il aurait été au contraire un liant, d’une richesse apaisante. Pour s’ouvrir au monde, pour tolérer les autres, un jeune doit connaître la diversité de ses racines. Pour respecter les espaces dans lesquels il vit, l’homme doit les aimer. Mais pour aimer, il faut connaître … Et c’est là que le bât blesse car, en France, à part la vulgate officielle (la construction de l’autorité royale, la monarchie absolue au programme de 5ème, la fameuse Révolution française, classe de 4ème ...) point d’histoire ou de géographie régionales. Un arbre a beau avoir un beau tronc, de belles branches, sans racines, il crève …. On aurait pu ancrer les enseignements dans l’environnement proche, et ainsi corriger cet autre tort du système français. Tant pis.
A ce stade, on n’ose parler de l’enseignement du breton ….
Ainsi l’Éducation nationale est associée, quoi qu’en disent ses affidés, aux puissances de la sphère marchande pour « déterritorialiser »les citoyens, Bretons ou pas. Créer des individus hors-sol, sans Histoire, coupés de leur communauté, et sans réflexion. Voilà le résultat.
Enseigner l’histoire bretonne, d’une façon ou d’une autre, devient aujourd’hui un enjeu vital pour la Bretagne. Cela doit être une de nos causes prioritaires, capable de rassembler les Bretons de bonne volonté : élus, intellectuels, artistes, professeurs et cadres de l’enseignement, dans les diverses organisations politiques, culturelles, professionnelles … Chaque enseignant de Bretagne doit s’emparer de la matière bretonne et ainsi nos enfants ne seront plus orphelins de leur Histoire et, de leur territoire. C’est ainsi que l’on devient un citoyen responsable dans le monde du XXIe siècle.
Vincent Fraval
Membre du Bureau, Breizh Europa
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