La langue bretonne, anti-France par nature ?

Chronique publié le 22/02/20 15:26 dans Langues de Bretagne par Jacques Morvan pour JM
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interdit

Le fond du problème que personne n'ose avouer publiquement, c'est que le choix d'une prétendue ''langue commune'' est un choix lié à une idée de puissance et donc de supériorité. La France pour peser économiquement devait peser militairement .Ce qui n'était pas le cas de la Bretagne qui a su peser économiquement sans passer par la puissance militaire mais au prix de devenir une cible de choix pour son voisin.

Pour peser militairement, il convenait à la France de neutraliser les voisins qui pouvaient l'être : la Bretagne, les Flandres, la Savoie, etc... Mais la ''neutralisation'' représentant des moyens disponibles non utilisés, il a fallu rendre les ''actifs'' pour les additionner à la puissance de la France. Pour les Européens, cette ''activation'' fut réalisée par la ''Francisation''... En clair, transformer l'étranger neutralisé en Français... La chose fut relativement simple pour les Flamands, les Alsaciens, les Savoyards... La chose fut plus compliquée pour les Corses et les Basques, voire totalement infructueuse pour les Bretons, car si ces derniers n'étaient pas farouches à l'idée de gonfler les rangs de la puissance France, ils restaient peu flexibles à l'idée d'être Français dans le sens où cela signifiait de ne plus être Breton.

Pour les non-Européens, ce fut par l'idée de défendre un idéal ''supérieur'' souvent présenté comme ''l’œuvre civilisatrice de la France'' qui serait un ''cadeau'' fait aux peuples ''inférieurs'', un cadeau qu'il convenait de protéger... Du fait de la résistance des Bretons à abandonner leur identité, les deux approches ont été mises en œuvre : la francisation par la notion des deux patries, la grande et la petite : on est ''Français'' même si on est autre chose, avec l'ajout de la notion d' ''idéal supérieur, cadeau à défendre''...

De fait, il convenait d'avoir une langue commune, une langue qui avait du sens en terme d'avenir... idem pour la culture, l'identité, le système politico-démocratique.... Abandonner la langue représentait le sacrifice douloureux mais nécessaire... Du fait, vouloir sauver la langue représente une remise en question de cet idéal supérieur et civilisateur (une trahison, une perte de sens moral...)

Les non-Européens (Africains/Asiatiques) se sont en partie libérés de ce discours moralisateur... Même en utilisant le terme ''langue régionale'', dans le contexte français vouloir préserver cette langue c'est de l'anti-France : non pas de l'anti-France comme une opposition belliqueuse, mais de l'anti-France par un affaiblissement de sa puissance. Du moins de la puissance que la France considère comme devant être la sienne. Les députés, sénateurs, haut-fonctionnaires sont totalement conscients du fait : d'où la volonté de faire mourir l'identité bretonne à petit feu, pour prétendre à un événement naturel/souhaité. Pour eux, il n'y aura jamais de volonté dynamique à faire vivre l'anti-France.

Les militants, élus, citoyens bretons ont en grande partie conscience du fait : mais la majorité d'entre eux ne l'assume pas... Actuellement, tout le monde sait que le 21e siècle va apporter un changement dans les esprits... La France est bloquée de partout dans l'unique but de maintenir les apparences de sa prétendue ''puissance'' et de sa prétendue ''œuvre civilisatrice''... (1% de la planète qui prétend diriger et guider le monde avec 6 autres pays).

Etre anti-France va s'assumer de plus en plus en Bretagne... non par agressivité envers la France, mais tout simplement parce que cela n'apporte rien de bon à personne, ni aux Bretons, ni aux Français. Le fameux ''cadeau civilisateur'' est devenu ouvertement un boulet au pied pour vivre dans le 21e siècle...

La langue bretonne, anti-France par nature, ne va pas disparaître... à moins que les Bretons décident de participer au maintien d'une chimère de ''puissance'' qui ne trompe plus personne... Or je pense que les gens ont autre chose à défendre que des chimères... Le temps du ''cadeau civilisationnel'' a vécu... La Bretagne va renaître, la France va soigner ses plaies, l'occident va se réconcilier avec lui-même...! L'avenir c'est une Bretagne brittophone avec des Bretons multilingues capables de pouvoir à nouveau dialoguer avec nos voisins sans avoir à prétendre à autre chose que d'être nous-mêmes ! Soit en gros, une situation banale qui représente le cas majoritaire des gens de cette planète.


Vos commentaires :
Samedi 20 avril 2024
@Jo Kergaden

Peut-être, mais je pense que votre manière de le présenter n'est pas la bonne. Pour la raison simple qu'elle laisserait à penser que les Bretons sont responsables du malheur qui est le leur et que d'une certaine manière qu'ils le méritent.

En fait, le sujet est bien plus complexe...
Les gens doivent faire avec une réalité, mais ensuite il faut avoir la force de changer cette réalité.

Du fait, il convient de positiver, de valoriser... afin de redonner le courage de repartir.

Des nations et des peuples qui ont été écrasés et qui se sont relevés, ils en existent : La Chine pour citer un exemple de taille, qu'on écrasait du pied il y a un siècle, qu'on ridiculisait il y a 30 ans, qu'on respecte actuellement, sans même évoquer ceux qui ne seraient pas loin de se soumettre à sa volonté... (un retournement de situation, plus qu'intéressant).

Vous dites moins connaître les colonies et l'outre-mer... Ok, mais pour juger la Bretagne et les Bretons, il convient de la replacer dans son environnement naturel... c'est à dire, au sein de l'histoire des autres nations de cette planète...

Réaliser une analyse critique en ne regardant qu'à l’intérieur de nos frontières, c'est à mon sens prendre un risque d'exprimer sa frustration plus-que de présenter une analyse.

J'imagine sans difficulté que si en 1946, une Allemagne victorieuse aurait souhaité germaniser les Français... Nos voisins colonialistes vainqueurs de la Bretagne n'auraient pas été nombreux à s'y opposer...! Et je n'ai que peu de doute sur le fait que cette volonté étendue à la Bretagne aurait suscité un enthousiasme quelque peu en écart!

Et oui, 532 ans après la défaite, 488 après la perte d'indépendance, environ 231 ans après la perte de notre Etat et de nos institutions... Il y a toujours des Bretons qui n'arrivent pas à comprendre qu'ils sont Français...!
Pas sûr qu'ils faillent autant de temps pour germaniser un Français...! (Français venant de Franc, un peuple déjà germanique... même pas besoin de réécrire les livres d'histoire)

Quant à la libération de nombreux pays colonisés d'Afrique, disons que si la couleur de peau des Bretons auraient été autre que le blanc, cela aurait certainement favorisé l'attention des institutions internationales...

La Nouvelle-Calédonie est sur la liste de l'ONU des pays à décoloniser, mais pas la Bretagne (un pays ancien de 15 siècles)...

On pourrait dire la même chose si le pétrole de la mer celtique (vrai nom de l'Iroise) avait tenu ses promesses...!
Nous aurions probablement eux pléthores de compagnies américaines à vouloir signer avec les Bretons et à nous parler de Démocratie et d'autodétermination des peuples, plutôt que de passer par Paris...

Donc, il vaut mieux rester prudent sur le Breton fervent partisan de son malheur...

A galon vat,

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