Festival Interceltique de Lorient : mais où est passé le quai du livre ?

Chronique publié le 15/08/22 14:14 dans Festivals par Didier Lefebvre pour ABP
t:4
https://abp.bzh/thumbs/55/55791/55791_1.jpg
https://abp.bzh/thumbs/55/55791/55791_2.jpg
Déserté des festivaliers, l'ancien quai des livres
https://abp.bzh/thumbs/55/55791/55791_3.jpg
Les professionnels du livre présents obligés de bricoler un affichage
https://abp.bzh/thumbs/55/55791/55791_4.jpg
non loin du club K, encore un trou, qui aurait pu être utilisé

On ne compte plus le nombre de fois qu'a été posée cette question par les visiteurs du Festival de Lorient cette année. Un festival qu'on peine presque à appeler « interceltique », tant la substance culturelle qui faisait sa particularité (et, nous n'en doutons pas, son succès), semble avoir été sciemment reléguée au second plan pour cette première édition post-covid. Fameux virus qui, rappelons-le, avait déjà été le prétexte pour sacrifier les acteurs culturels en 2021, leur interdisant d'exposer, malgré l'obligation de présenter un passe sanitaire valide à l'entrée. Règle qui, rappelons-le encore, n'avait pas empêché la tenue de la fête foraine cette année-là, véritables marchands du temple, ni le débit de boisson.

Jeu de chaises musicales

Cette année donc, nous nous attendions un juste retour à la normale. Mais que nenni. Le Quai du livre a purement et simplement disparu dans un joyeux jeu de chaises musicales, expédié sur « la colline » (comprendre « l'ancien jardin des luthiers », eux-mêmes envoyés encore plus loin), sans aucune signalétique et laissant de nombreux espaces vides et inanimés entre les différentes zones du festival. Cette année, c'est sûr, on aura respecté les « distanciations sociales », au vu de ces grandes étendues perdues, inutiles et ennuyeuses.

Un souhait inavoué ?

Alors... ras le bol de certaines institutions (comme l'Hôtel de police qui voulait avoir place nette devant ses bâtiments), volonté de faire plonger une culture déjà moribonde (rappelons les graves difficultés des mondes du livre et de l'édition comme Coop Breizh, Keltia magazine...), ou souhait inavoué de la nouvelle équipe à la tête du festival de cacher bien loin des stands à caractère trop militant ou trop authentiquement et fièrement celtes (Diwan, artisans luthiers, ...) ?

Des professionnels du livre sont excédés

Un peu de tout, sans nul doute, et donc une responsabilité partagée entre la Ville de Lorient, le Conseil d'administration du FIL et de sa direction, malgré les alertes des exposants. Le président Jean Peeters (qui avait, rappelons-le, porté plainte contre les actions pacifiques à l'UBS du collectif Aï'ta ! pour la langue bretonne en 2015), ainsi que le nouveau directeur Jean-Philippe Mauras, se déclaraient récemment tout à fait satisfaits de la soit disante fréquentation record au FIL cette année, voir Ouest-France . Une affluence (dont nous jugeons le comptage très douteux, pour avoir fréquenté le site tous les jours) qui n'aura décidément pas profité à la culture écrite : les stands du livre présents affichent une chute allant de 50 à 80% de leurs chiffres d'affaires par rapport aux années précédentes. Les professionnels du livre sont excédés.

Bravo messieurs : si plomber le livre, et la vraie culture celtique dans son ensemble, encore un peu plus était votre objectif, il est complètement atteint.

L'heure est grave : face à ces ultimatums, il est temps de réagir pour sauver ce qui est un des monuments de la culture celtique sur le continent européen.


Vos commentaires :
Jeudi 25 avril 2024
Nous apprenons aujourd'hui (25/08) la démission de Jean-Peeters pour des soi-disant raisons de disponibiltés..Peut-être a-t-il aussi entendu les balles siffler à ces oreilles ? Jean-Philippe Maurras va-t-il suivre le même chemin ou sera-t-il réorienté par un nouveau président, un vrai, qui saura remettre le FIL dans le droit chemin et chassera les marchands du temple ?
En tant qu'un des rares luthiers«survivants », exposant sur la «Colline»je confirme les dires de nos amis libraires qui, bien involontairement, ont pris notre place ! Il est clair que tout ce qui mobilise un peu de matière grise (Solidaires, Arts, Luthiers, Diwan, Livres) a été déporté en périphérie au profit d'une gigantesque foire attrape-touristes sans rapport avec le thème central du festival. Le manque de signalétique et la quasi-impossibilité de nous trouver à partir de la documentation officielle ont complété cet isolement.
Il est très souhaitable que la future équipe dirigeante comprenne que le FIL n'est ni la Foire du Trône ni la Fête des Loges, c'est la fête de la Celtie et de la Bretagne.
2

Écrire un commentaire :

Cette fonctionnalité est indisponible en ce moment, mais existe sur votre ordinateur.

Combien font 2 multiplié par 8 ?
Note : Ce lieu est un lieu de débat. Les attaques personnelles ne sont pas autorisées. Le trolling est interdit. Les lois contre le racisme, le sexisme, et la diffamation doivent être respectées. LES COMMENTAIRES ÉCRITS DANS UNE LANGUE AUTRE QUE CELLE DE L'ARTICLE NE SERONT PAS MIS EN LIGNE.