Vivement les jeux Olympiques en Turquie pour «un monde meilleur»
Leyla Zana, ex-députée kurde, condamnée à deux ans de prison Osman Baydemir et 52 maires kurdes condamnés à deux mois et demi de prison
Nous ne pouvons que nous réjouir de la résolution du Parlement européen «condamnant fermement la répression brutale exercée sur le Tibet par les forces de police et l'armée chinoise» et, comme Roselyne Lefrançois, députée européenne, nous pensons que les Jeux Olympiques de Pékin sont une opportunité à saisir pour «inciter les autorités chinoises à progresser sur la voie de la démocratie». La majorité des tibétains, en effet, ne demandent pas l'indépendance mais «davantage d'autonomie et le respect de leur identité culturelle et linguistique».
Faudra-t-il attendre les J.O. d'Ankara ou d'Istanbul pour que les chefs d'Etat et de gouvernement européens adoptent une attitude commune et concertée reconnaissant que les revendications kurdes sont identiques à celles, tibétaines, qu'ils estiment légitimes ?
José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, en visite à Ankara, du 10 au 12 avril, qui, tout en exhortant ses interlocuteurs à progresser dans la voie des réformes, «souligne que la Turquie avait fait d'importants progrès jusqu'à présent», sait-il que le fameux article 301 du code pénal turc est liberticide ? depuis son entrée en vigueur le 1er juin 2005, il a permis aux autorités de maintenir une pression énorme sur les médias et de nombreuses personnes, en particulier des journalistes et des écrivains, qui sont poursuivies en justice en vertu de cet article dont la réforme annoncée à grand bruit n'accouchera que d'une réformette «cosmétique» : « Les fortes peines de prison pour les délits d'opinion sont maintenues et plus d'une vingtaine d'articles de loi continuent de restreindre la liberté de la presse en Turquie» a déclaré Reporters sans frontières (europe2@rsf.org, 9 avril 2008), la «Plateforme de solidarité avec les journalistes emprisonnés» (TGDP) ajoutant que, après l'incarcération de deux correspondants de l'agence DIHA, les 30 mars et 1° avril derniers, ce sont 23 journalistes qui sont détenus dans différentes prisons turques de type F à Tekirdag, Edirne, Gebze, Sincan, Kandira, Diyarbakir, Mersin, Manisa, Urfa, Bolu, Amasya, Batman. Au même moment, le jeudi 10 avril , la kurde Leyla Zana, prix Sakharov des droits de l'Homme 1995, était condamnée à deux ans de prison, en vertu d'un article du code pénal sanctionnant «la propagande en faveur d'une organisation terroriste», pour avoir déclaré, lors de son discours au festival culturel de Diyarbakir, en mars 2007, à propos d' Abdullah Öcalan qu'il a, à côté de Jalal Talabani et Massoud Barzani, «une place dans les coeurs et les esprits des Kurdes». Cette ex-députée du parti pro kurde D.E.P. (empêchée de se présenter aux dernières élections législatives) a déjà purgé dix ans de prison (1994-2004) avec trois autres anciens parlementaires kurdes. Francis Wurtz, Président du groupe «Gauche unitaire européenne - Gauche verte nordique» (GUE - NGL), demande au Président du Parlement européen, d'intervenir immédiatement auprès des autorités turques afin que soit annulée «cette condamnation indigne»
En dépit des déclarations apaisantes de M. Barroso, 53 maires kurdes, dont Osman Baydemir, maire de Diyarbakir étaient condamnés, ce 15 avril, à deux mois et demi de prison, (peine commuée en amendes), coupables de «soutien délibéré au parti -interdit- des travailleurs du Kurdistan (PKK)» pour avoir défendu auprès Premier ministre danois, au nom de la liberté de la presse, ROJ TV, la chaîne de télévision kurde en exil, menacée de fermeture à la suites de pressions orchestrées par la Turquie et les Etats-Unis.
A quand les J.O. en Turquie ? Les athlètes français auront-ils le droit de porter un badge subversif destiné à montrer leur attachement aux droits de l'homme?
Je propose « Pour un monde meilleur, Paix au Kurdistan»,
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