Victoire de la commune de Plouégat-Guérand contre la francisation des lieux-dits bretons

Chronique publié le 16/03/23 11:12 dans Langues de Bretagne par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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24 000 lieux-dits en Bretagne.

Comme le relate Le Parisien, GEO, TF1 et France Bleu, Plouégat-Guérand, une commune de 1084 habitants (INSEE), dans le Nord Finistère, a obtenu gain de cause : La commune pourra conserver les noms de ses 140 lieux-dits.

La Poste lui demandait de se soumettre à la loi 3DS qui oblige les communes de moins de 2000 habitants à nommer toutes leurs rues et à numéroter l'ensemble de leurs bâtiments d'ici le 1er janvier 2026. Ironiquement, les 3D veulent dire «différenciation, décentralisation, déconcentration». En guise de «différenciation» la Poste aurait demandé des noms «à la française», avec les mots «allée, chemin, route, rue, impasse», etc. Les élus du Conseil municipal ont dit non.

Les Bretons qui remplissent des formulaires en ligne construits par des webmasters parisiens sont souvent étonnés que le formulaire leur impose d'entrer un numéro de rue alors qu'ils habitent un lieu-dit. Il y aurait 24 000 lieux-dits sur toute la Bretagne historique (voir les travaux de Jean-Yves Le Moing). Ces lieux-dits n'ont pas de numéro de rue puisque ce ne sont pas des rues. Les Bretons souvent entrent un zéro ou un 1 pour pouvoir compléter le formulaire numérique.

Renaud de Clermont-Tonnerre, maire de Plouégat-Guérand, propose d'ailleurs que si la Poste veut rendre obligatoire un numéro dans les adresses postales, on préfixe le numéro 1 aux lieux-dits, ainsi lieu-dit Coat Coazer deviendrait «1 lieu-dit Coat Coazer». La toponymie serait ainsi préservée.

Renaud de Clermont-Tonnerre dénonce dans Le Parisien une «culture de l’efficacité tirée par les cheveux». Pour lui, cette toponymie a «une histoire depuis des générations». Il souhaite préserver «la poésie des lieux» en langue bretonne.

Ma langue me remue les tripes et le cœur parce qu’elle me relie à mes grands-mères, à mes ancêtres, à mes parents, à mon fils, à mes amis, à ma terre, qui par ses noms de villes, de lieux-dits, de rivières, de champs, me parlent et me disent leur histoire et me permettent d’y inscrire la mienne. - Nolwenn Korbell

Pour rappel en Bretagne, chaque bois, chaque champ, chaque ferme avait autrefois une appellation en breton ou en gallo. On peut d'ailleurs retrouver cette toponymie sur les anciens cadastres.


Vos commentaires :
Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
Grâce à la «logique» implacable de cette normalisation postale, des gens qui habitent Keribilbeuz se retrouvent habiter «en même temps» 503 route de Keribilbeuz, alors qu'ils y sont déjà, à Keribilbeuz. Quand on habite route de Paris, on n'y est pas, à Paris. Cartèse (sic) réveille-toi, ils sont devenus fous !

Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
La photo d'illustration n'a pas été prise à Plouégat-Guérand, mais à Landudec. Le toponyme signifie «lieu habité par Argon». Ce nom de personne est attesté au 9e siècle. Il est formé du préfixe ar (devant) et de con (chien, guerrier), d'après Albert Deshayes.

Kervegon
Dimanche 24 novembre 2024
Je suis postier, et je dis : bravo !

Naon-e-dad
Dimanche 24 novembre 2024
Merci pour la teneur de votre «post»!
Nous ne nous connaissons pas, mais je vois que vous êtes une femme de grande culture...doublée d'une fine observatrice locale. Mousc'hoarzh....

Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
C'est gentil. Dans le cas présent, je me suis bornée à consulter le livre d'Albert Deshayes. D'ailleurs je n'ai pas vu tout de suite qu'il y a un autre Kerargon, situé en Plabennec, au sens différent car le toponyme a subi une modification au cours du temps.

Kvb
Dimanche 24 novembre 2024
Il est tout a fait normal de vouloir respecter la langue bretonne sans pour autant dénigrer le gallo

Jean-Louis Pressensé
Dimanche 24 novembre 2024
M. de Clermont-Tonnerre - saluons au passage ce descendant d'aristocrates dont la bretonnitude n'est pas vraiment avérée - a une chance : c'est d'avoir échappé à un regroupement de communes. Car c'est dans ce cas que la Poste se fait infiniment pressante, afin d'éliminer les doublons et triplons de Pâtis, de Quatre-vents, de la Patte d'oie, de Plessis - pour m'en tenir à la partie gallote. En revanche, elle ne demande pas aux administrations territoriales de supprimer les doublons en matière d'emploi(s) entre communes et communautés de !

Emilie Le Berre
Dimanche 24 novembre 2024
Que voulez-vous ? Il faut bien préparer le terrain pour les GAFAMs , la livraison du dernier gadget par véhicule autonome (adieu facteur) manager par une IA.
La transition n'est par là où on pense. La transition est celle de l'asservissement à la technologie.

Al Coin
Dimanche 24 novembre 2024
Intéressant Anne Merrien, en ce 9ième siècle il y avait deux autres personnages importants, deux frères dont les noms était attestés sous la même forme:
ALCUIN, le grand conseiller de Karl Gross(Carolus Magnus, autrement dit Charlemagne).
Alcuin, lui a été donné ou a pris comme nom latinisé ALBA. J'en avais déduit assez facilement,qu'en français Alcuin voulait signifier Leblanc,Leguin, Le Gwenn, AL Wenn

ARNON,son frêre etait évêque ou archevêque de...SALZBOURG
Ces deux frères étaient des Bretons de Northumbrie

???


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