Vers une définition périculturelle de la laïcité

Communiqué de presse publié le 27/04/15 18:29 dans Politique par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Directeur de la revue «Diasporiques», revue trimestrielle interculturelle coéditée par la Ligue de l'Enseignement et l'association Diasporiques (www.diasporiques.org), Philippe Lazar introduit son exposé de trois quarts d’heure par quelques mots en breton.

Il commence par souligner que le «principe de laïcité», très souvent invoqué, n'existe en fait dans aucun texte de nature juridique, contrairement au « principe de précaution » qui fait l'objet d'une définition constitutionnelle très précise, même s’il est souvent employé à tort et à travers.

Il évoque ensuite les deux lois de 1901 (droit d'association) et la loi de 1905 (séparation des Églises et de l'État) parce qu’on les classe habituellement dans la catégorie des lois « laïques » de la République bien qu’elles n’utilisent pas ce terme. Ce sont pour lui des lois de «libération» parce que leur adoption libérait la population la première de l’interdiction de constituer librement des regroupements de tous ordres, la seconde de l'emprise très forte, à l’époque, de l'Église.

«Nous avons le droit et le devoir de respecter ce qui est écrit», ajoute-t-il. Le mot laïque figure explicitement dans la Constitution : elle dispose que la France est une république « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Affirmer que la France est « indivisible », c’est reconnaître sa complexité en même temps qu’affirmer la volonté de ne pas la diviser. La qualifier immédiatement après de « laïque », c’est donner la clef de la gestion de cette complexité si l’on accepte de considérer la laïcité comme « un principe de reconnaissance mutuelle de l’égale dignité des cultures ».

A l’appui de cette interprétation, Philippe Lazar rappelle l’étymologie grecque, laïos, du mot laïque, qui renvoie au peuple dans toute sa diversité et il précise que cette définition « périculturelle » de la laïcité permettrait, entre autres, de se rapprocher des nombreux autres États européens qui ne peuvent accepter une définition « péricultuelle », telle que celle qui résulte de la Loi de 1905 - puisqu’ils ont une religion d’État ! - mais qui pourraient tout à fait se rallier à une définition d’ordre culturel.

Philippe Lazar souligne, pour conclure que les écoles Diwan lui semblent combiner de façon harmonieuse les « deux » laïcités : la classique, puisqu’elles adoptent la même référence à la laïcité que l’école publique (celle qui relève de la Loi de 1905) et la «culturelle » puisqu’elles sont fondées sur un principe de cette nature – l’immersion dans la langue et la culture bretonnes – sans pour autant ignorer, bien au contraire, les autres cultures.■


Vos commentaires :
Brocèlbreizh
Vendredi 15 novembre 2024
Le jour béni où les pays de France seront alter-égaux, nous vivrons dans une démocratie parfaite.
Un principe d'Altérité entre les peuples de nos régions, c'est le respect mutuel de nos différentes identités culturelles (comme l'aspect cultuel): voilà l'Égalité.
La version actuelle s'assimile à l'égalitarisme : le nivellement vers le bas.
La République Démocratique Française (= RDF) correspond au mur du jacobin conservateur.
Les citoyens admettent que la Liberté est un pilier, tandis que nos politiciens la considèrent plus aisément comme une valeur amputable au profit de la sécurité.
Quand les sans-dents le comprendront, la France sera une véritable démocratie. Actuellement, elle est grandement perfectible et stagne.
Cette situation serait risible si nous n'avions pas tant de chômeurs et d'exclus…

TLL3L
Vendredi 15 novembre 2024
Oui, mais pour une AG de Diwan est-ce le lieu pour une telle discussion?

De plus, si certains propos sont intéressants car progressiste vis à vis de la définition actuelle de la République, une autre définition, celle de la Nation, est surprenante dans un cadre scolaire...!

La Nation n'est pas le fait d'être sous le chapeau d'un état (définition Républicaine à la sauce française totalement contraire à la définition internationale et faisant l'amalgame avec la notion de Citoyenneté).

Dans la définition internationale, la Nation est liée à la notion de peuple souvent consolidé par sa capacité à s'auto-administrer (Exemple concret de la Nation Bretonne qui s'est auto-administré du 5ème siècle au 18ème siècle).

Hors justement, Monsieur Lazar nous explique clairement qu'il y a plusieurs peuples (pudiquement dénommé communauté) dans l'Hexagone, la somme ne peut donc pas faire une nation... au plus une citoyenneté!

Pas besoin d'aller loin pour trouver des pays qui l'on compris depuis longtemps!

Hors, n'est-ce pas plutôt la définition internationale de nation qui conviendrait d'enseigner aux élèves, quitte à leur enseigner également la notion de citoyenneté, car visiblement cela ne ferait pas de mal?

De même que le discours sur le concept de France une et indivisible, qui nous est présenté comme une volonté des peuples de s'unir certes à égalité.... Egalité oui, mais s'unir???

(pour mémoire, la Bretagne avaient ses propres institutions qui représentait le peuple... quel est donc le document émit par la Bretagne et le peuple breton dans ce sens de cette soit distante union?)

La France actuelle ne s'est pas formée sur le modèle participatif de l'Union-Européenne que je sache?!

Encore une fois et même si intéressant, je doute que ce type de débat soit à sa place à l'école!

(sauf à Science-Po, mais cette filiale de Diwan reste à ouvrir...! Ce qui serait d'ailleurs une bonne idée...)


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