A l’occasion des vacances scolaires, certains éditeurs publient des ouvrages à l’intention des enfants, les plus connus étant les “fameux” cahiers de vacances, cahiers de révision à caractère ludique mais aussi des ouvrages à visées historique et touristique. Dans l’ensemble de la livraison 2015-2016, nous avons retenu 10 de ces ouvrages qui se proposent de donner «une vision de la Bretagne aux enfants». Malheureusement, trop souvent, une vision erronée, la vision administrative mais pas la réalité historique et culturelle. En effet, ne sont concernés que les 4 départements Finistère, Côtes-d'Armor, Ille-et-Vilaine et Morbihan. La Loire-Atlantique et Nantes ne sont pas présentes.
Dans un commentaire fait à propos d’un de ces ouvrages, il est pourtant dit que «votre enfant vous dira tout de l’histoire de Bretagne». Mais une histoire fausse ou du moins tronquée !
Les auteurs et les éditeurs mesurent-ils la gravité d'une telle intervention et de ses conséquences éducatives auprès de ces jeunes publics ? Manquent-ils de compétences historiques, géographiques et culturelles sur la Bretagne ou ne sont-ils pas complices des pouvoirs politiques PDLiens en participant à cette falsification de l'histoire de la Bretagne et à la campagne de débretonnisation menée actuellement en Loire-Atlantique ? Ne font-ils pas ce qu’on appelle du révisionnisme historique et culturel, compagnon de la partition arbitraire de la Bretagne?
Voici donc un rapide classement de ces ouvrages selon qu’ils sont révisionnistes, semi-révisionnistes ou non-révisionnistes. L’appellation “semi-révisionniste” renvoie aux ouvrages qui présentent une carte qui est intermédiaire entre la carte administrative et la carte nationale, entre B4 et B5. Elle intègre la moitié nord du département de la Loire-Atlantique avec Nantes mais exclut la partie sud : Clisson, Pornic, Machecoul. Nous l'appellerons B4,5!
1) La Bretagne, éd. Flammarion, Père Castor
Le parti-pris révisionniste est affiché dès la première page du livre : carte, superficie et population sont celles de la région administrative à quatre départements B4. Cet ouvrage a pourtant reçu l’imprimatur universitaire brestoise pour la relecture des textes... en breton. Une petite ligne sur le département de Loire-Atlantique et deux citations de Nantes. Dans le recueil d’adresses à la fin de l’ouvrage, aucune adresse en Loire-Atlantique.
2) La Bretagne des enfants, éd. Bonhomme de chemin
La carte d’identité (page 2) est celle “d’une région française qui compte 4 départements”. On enfonce le clou page 5 avec une nouvelle carte de la région administrative. Il faut attendre l’avant-dernière page, avant la page des marées, pour entendre parler de Nantes.
3) Vous partez en Bretagne ? , éd.Sépia
Belle carte administrative à 4 départements (page 5) accompagnée d’un test de connaissance qui porte sur le nom de la préfecture de la région administrative. Est offert au choix des enfants Brest, Rennes et...Nantes ? Illogisme ? mauvaise conscience ? inculture ?
4) Graines de voyageurs, éd. Graine 2
C’est la Bretagne B4,5 qui est présentée sur la carte de la page 4. Mais population et longueur des côtes sont celles de B5. Alors que les châteaux des Marches de Bretagne situés en Loire-Atlantique (Châteaubriant, Ancenis, Nantes et Clisson) sont cités page 26, ils ne figurent pas dans l’index des rendez-vous.
Nantes est sur la carte détachable des visites incontournables mais ne fait pas partie des textes de présentation des visites incontournables. C’est mêlant tout ça comme on dit au Québec !
5) C’est beau la Bretagne, éd.Coop Breizh, Beluga
Grand étonnement de trouver, édité par Coop Breizh, un ouvrage semi-révisionniste. La carte est amputée du sud-Loire et Nantes n’y apparaît même pas. Par contre, les trois premières fiches de l’ouvrage sont consacrées à Saint-Nazaire, Le Croisic et Guérande.
6) La Bretagne, éd. Milan
On commence timidement par une carte à 4,5 départements. “La Bretagne est une région (avec Nantes (page 8), une région en France (sans la Loire-Atlantique (page 9)”. Les produits de Bretagne en Loire-Atlantique sont le sel de Guérande, les paquebots et la mâche nantaise (page 22). Mais Nantes est dans une autre région (page 77). À la fin de l’ouvrage, une carte sur les 9 pays de Bretagne, dont le pays nantais et le pays de Retz occupe une page et une double page est consacrée à la Loire-Atlantique.
7) Vakañsoù e Breizh
Dans cet ouvrage, l’accent est mis sur la langue bretonne puisque chaque double page correspondant à un thème commence par un texte en breton et sa traduction en français suivie d’un évocation du sujet, de jeux en français et d’exercices en breton . Le deuxième thème abordé est Nantes suivi de Rennes. La séparation de la Loire-Atlantique de la Bretagne administrative par le régime de Vichy en 1941 est rappelée. Le cinquième thème est Saint-Nazaire. Mais la seule carte présente est une version amputée. Si La Baule apparaît comme station balnéaire connue, Pornic est oublié de ce fait.
8) Bretagne à gratter, éd. Coop Breizh et Au clair de ma plume
Bon rattrapage pour Coop Breizh avec cet intéressant cahier. En deuxième de couverture, un petit pavé dans la mare : “La Bretagne est un pays (et non une région) à part en France”. Sa population est de 4.475.295 habitants. Et c’était à Nantes, la première “people bretons” Anne de Bretagne ! La Loire-Atlantique est à l’honneur : “Tu pars de Nantes... Tu bronzes à La Baule…”Mon oncle” de Tati a été tourné à Saint-Nazaire... Tu veux du sel de Guérande... «Le Petit beurre de Nantes”
9) Jean-Lou et Sophie en Bretagne, éd. Casterman
C’est un petit roman de lecture agréable dans lequel les deux personnages aident les marins du Croisic à décharger la pêche.
10) Détours en France. Testez votre culture bretonne
Pas d’ambiguïté, l’ouvrage est construit sur les 5 départements et la Bretagne historique. Mais population et superficie sont erronées. Et la Loire-Atlantique oubliée dans un jeu proposant de choisir un département. Mais pas le FC Nantes. Une page est consacrée au port de Nantes. Comme annoncé, c’est malgré tout un bon condensé de la culture bretonne.
»Une petite maxime en guise de conclusion"
Lors de vos prochaines vacances en Bretagne, vous serez très avisé(e) lorsqu’il s’agira d’offrir à vos petit(e)s écolier(e)s des ouvrages sur l’histoire, la géographie, la culture de notre pays d’y regarder à deux fois. Car il y a beaucoup de fausses histoires de Bretagne !
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Triste anecdote recueillie cet été au plan d’eau d’Etel :
M’adressant, sur l’aire de jeux, à deux enfants membres d’une colonie de vacances, je leur demande d’où venaient-ils ? Le premier me répond de Nantes et le second de Sainte-Reine de Bretagne. J’en conclus benoîtement qu’ils étaient de Bretagne. Ma surprise a été forte lorsque l’enfant de Sainte-Reine de Bretagne m’a répondu avec assurance : “Non , monsieur, je ne suis pas de Bretagne”.
Faire-valoir en général sauf pour “Vakañsoù e Breizh”, la présence de la langue bretonne est constante dans tous ces ouvrages, avec une importance variable et quelques fautes impardonnables. Mais la tendance générale est d’utiliser des mots bretons sans donner leur signification. On fait comme si c’était des mots français. De fait, on peut constater que les touristes français, persuadés de l’inexistence de la langue bretonne qu’ils n’entendent guère dans la sphère publique, ne se soucient guère de la toponymie bretonne. Heureusement que le bilinguisme routier est là pour la rappeler... au grand dam de certain(e)s souverainistes français(es).
■Pouvez-vous donner des exemple de cas où cela pose vraiment problème ? Des mots comme «fest-noz» ou «biniou» font parti du vocabulaire de tous les Français. Des termes plus pointus comme «mein-zao» ou «rozell» sont facile à trouver sur internet.