NewCorp Conseil, une agence de conseils en communication lancée récemment par Alain Renaudin, a réalisé une étude comparative du sentiment de fierté d'appartenance à une région (1). La Bretagne est loin devant avec 96% des Bretons fiers d'être né en Bretagne.
Les Bretons sondés se disent « très fiers » d'être nés en Bretagne à 73% contre seulement 36% en Pays de Loire qui se disent fiers d'être nés dans les Pays de la Loire. Les Franciliens ferment la marche avec 21% de Franciliens fiers d'être nés en Ile-de-France.
L’agence a ajouté une possibilité d’esquive modératrice en permettant la réponse « assez fiers » ce qui fait que les écarts se rétrécissent quand on additionne les « très fiers » et les « assez fiers ». Cette possibilité permet une réponse pas trop négative à ceux qui n’ont pas d’opinion tranchée.
Certes on regrettera que le sondage n'ait pas posé la question Êtes vous fier d'appartenir au Grand-ouest ? . Quoi qu'il en soit, les écarts se confirment par les pourcentages additionnés de ceux qui ne sont « pas vraiment fiers » et « pas fiers du tout » et ainsi nous lisons dans l’ordre croissant :
Bretagne :3%, Pays de Loire :10%, Basse-Normandie ;14%, Ile de France :37%.
Ces comparaisons entre les régions administratives d’un mythique « Grand Ouest » sont tout à fait éloquentes quant à l’inopportunité qu’il y aurait à forcer des fusions politiques entre Bretagne et PdL par exemple. De même certains groupes de presse ont peu de chance de créer un soi disant « Peuple de l’Ouest » même en forçant le trait pour créer cette nouvelle espèce d’individus coïncidant comme par hasard avec les zones commerciales de diffusion et la volonté cachée des jacobins de diluer à jamais une identité qu'ils perçoivent à tort comme menaçant leurs intérêts et une construction politique de plus en plus remise en cause.
Le rejet par les Bretons de la notion de Grand Ouest en tant que territoire et circonscription n’obère en aucun cas l’intérêt des coopérations inter-régionales. Les ententes à ce niveau seront d’autant plus aisées que la Bretagne et les Bretons auront obtenu le respect constitutionnel de leur intégrité territoriale.
Des artistes comme Alan Stivell et des universitaires bretons (2) l'ont souvent fait remarquer : le plus grand bouleversement en Bretagne ces dernières années est invisible. Il s'agit d'une mutation profonde et signifiante dans la perception que les Bretons ont d'eux mêmes. Au fil des siècles, les Bretons étaient devenus honteux d'eux-mêmes suite à un matraquage constant par les acteurs et les missionnaires de la culture dominante d'un voisin qui les avait conquis et qui avait voulu détruire tout particularisme craignant qu'il se transforme en séparatisme. Malmenés par l'histoire, les Bretons sont restés fidèles à leurs racines. À la recherche de justice, de paix et de dignité, les Bretons sont toujours là et entrent tête haute dans ce 21e siècle avec une fierté retrouvée.
Notes
(1)
(2) Voir par exemple le livre du géographe Jean-Michel Le Boulanger : Etre Breton ou la thèse d' Erwan Delon, Docteur en sciences humaines et sociales : Jeunes Bretons ou l'identité enchanteresse.
Philippe Argouarch
■on lira avec intérêt quelques observations concernant les découpages hérités de la technocratie :
*** Le scénario alors vraisemblable est un découplage entre le découpage administratif d'inspiration financière et étatique, et le découpage régional culturel, qui ne se reconnaîtra pas dans les régions «vues d'en haut», c'est-à-dire de Paris.
Alors, plus les régions seront larges et éloignées, plus le maillage des identités locales se réaffirmera et sera fin. Des exemples existent déjà, comme la Vendée ou la Savoie pour n'en citer que deux, qui vivent davantage à travers leur identité départementale que régionale (Pays de la Loire et Rhône-Alpes respectivement).***