Communiqué du dimanche 4 décembre 2011 à 16 h 45
C'est à 7 heures et 20 minutes (heure de Paris), ce dimanche matin, 11 jours 21 heures 48 minutes et 18 secondes (1) après son départ de Ouessant, que le Maxi Banque Populaire V a croisé au large de Bonne Espérance, arrivant ainsi au terme du deuxième segment intermédiaire dans ce Trophée Jules Verne et pulvérisant par la même occasion le temps précédemment établi. Avec déjà 8.245 milles dans leur sillage, Loïck Peyron et ses hommes inscrivent un deuxième record à leur tableau de chasse en quelques jours, et naviguent maintenant dans l'océan Indien.
Il est le premier des trois caps sur le parcours du tour du monde en équipage sans escale et depuis ce matin, il est derrière les marins de la Banque de la Voile. Après une entrée en matière corsée, une descente rapide vers les Canaries, un Pot au Noir marqué par un léger ralentissement, un passage de l’Équateur en des temps records, suivi d'une franche accélération et d'une belle cuillère pour éviter le centre de l'anticyclone de Sainte-Hélène, le Team Banque Populaire vient donc de faire tomber un nouveau temps de référence dans son escarcelle.
En améliorant le chrono arrêté par Franck Cammas en 2010 de 2 jours 15 heures 43 minutes et 25 secondes, ce temps intermédiaire vole en éclat sous la puissance du trimaran bleu.
Jour de grande affluence au Nautic de Paris, Loïck Peyron profitait d'une visioconférence exceptionnelle pour revenir sur l'effet procuré par ce nouvel exploit sur les hommes du bord : « Ce record est presque indécent ! Il y a quelques dizaines d'années, douze jours était le temps que Charlie Barr avait mis pour traverser l'Atlantique, un record qui a d'ailleurs tenu très longtemps.
Aujourd'hui, c'est à peine le temps qu'il nous a fallu pour arriver au sud de l'Afrique. Mais il ne faut pas oublier que nous avons sous les bottes une machine exceptionnelle. Banque Populaire est un outil extraordinaire qui se sert de l'intelligence des hommes et du travail d'une équipe. Ce que nous venons de faire n'était pas envisageable il y a trois ans. Il a fallu optimiser le bateau et accumuler une expérience incroyable ».
Naviguant désormais dans l'océan Indien, le maxi trimaran pointe désormais ses étraves vers les îles Kerguelen. Bénéficiant toujours d'un vent de secteur ouest, le trimaran géant est confronté à une mer creusée qui oblige les chasseurs de record à lever le pied. À bord la consigne donnée aux barreurs par le skipper est stricte : on ne dépasse pas les 30 nœuds ! :
« Nous avons enfin empanné il y a quelques heures et nous sommes tribord amure. Nous n'avions pas manœuvré depuis les Canaries, ce qui est aussi un record ! La mer est très formée et il faut se bagarrer à la barre pour ralentir parce que c'est casse bateau. Nous longeons actuellement un front et nous allons tricoter un peu pendant encore quelques heures avant d'arriver aux Kerguelen, demain pendant la nuit certainement. Depuis quelques heures, les efforts sont colossaux, le bateau est très sollicité. Il faut faire attention ».
Particulièrement favorisés par la météo depuis douze jours, Loïck Peyron et sa cellule météo entrevoyaient un ralentissement pour les prochaines heures. Toujours portés pas le même flux, ils s'attendent pourtant à un passage plus délicat aux abords des îles Kerguelen. Des heures d'autant plus sensibles que les glaces, jusqu'à présent absentes des écrans de contrôle, devraient en effet se charger de rappeler à l'équipage qu'il navigue dans leurs eaux : « C'est bleu d'un côté et gris de l'autre ! Il y a ce long front au nord duquel on glisse depuis quelques jours, le but est de s'en approcher et d'attendre que ça tourne. Les conditions vont se calmer, ça va devenir très léger vers les Kerguelen, dont on ne sait d'ailleurs pas encore si nous allons les passer par le nord ou le sud. Ce qu'on sait, c'est que la température de l'eau y est presque négative dans l'ouest. Il y a une grosse zone d'icebergs après les Kerguelen. Nous allons remonter assez nord pour l'éviter. Nous devrions être à Leeuwin dans une toute petite semaine. On bouclera sans doute l'Indien en six jours, avec sans doute un nouveau record à la clé. Mais attention, ça peut être mou aux Kerguelen et un plus difficile derrière. C'est d'abord l'état de la mer qui fait qu'on est en avance ou pas, et pour le moment elle vient nous contrer. Mais a priori cette mer va devenir très favorable pour aller jusqu'à Leeuwin ».
(1) Sous réserve d'homologation et de ratification par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council).