Communiqué du 1er décembre à 16 h 45.
Jamais le Maxi Banque Populaire V n'a aussi bien assumé sa réputation de machine à réduire les distances. Neuf jours de course et les premières estimations se plaisent à envisager un passage au large du Cap de Bonne Espérance dans la matinée de dimanche...
Mais en attendant, Loïck Peyron et ses hommes offrent une leçon de trajectoire dans leur contournement de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Fluidité, courbure à faire pâlir d'envie les amateurs de belles formes, tout y est. Avec 571 milles d'avance sur le temps de référence, cette tentative de Trophée Jules Verne se poursuit... comme dans un rêve.
L'accalmie relative rencontrée il y a 24 heures, n'est décidément plus d'actualité pour l'équipage du Maxi. Ainsi, les chasseurs de record ont-ils retrouvé un flux, toujours aussi établi, mais plus soutenu, leur permettant d'en finir dans les prochains jours avec la «déviation» de Sainte Hélène, par la bordure sud-ouest pour l'instant, puis sud très bientôt. Comme prévu, la garde-robe s'est adaptée et à la mi-journée, le gennaker cédait sa place à la trinquette, plus appropriée pour faire face à un vent forcissant.
Contacté à l'occasion de la vacation du jour avec le PC Course installé à la Fédération Française de Voile à Paris, le Suisse du bord, Yvan Ravussin, dressait un état des lieux de ces dernières heures : « Ce matin il faisait 16 °C, c'était nuageux. Depuis, le soleil s'est établi, il y a une petite houle de 2,50 mètres donc c'est relativement plat et actuellement on a 28,7 nœuds sur la zone, 36 nœuds de vitesse instantanée. La journée d'hier c'était grand soleil, on en a profité pour faire la douche sur le pont pour toute l'équipe. On était tous revigorés. La fraîcheur s'est installée pendant la nuit, on a remis une couche. Mais il y a encore un petit peu de soleil et quand on manœuvre on a toujours chaud. Ce ne sont pas encore les températures en dessous de 10 °C qui vont nous attendre dans quelques jours, ce moment où on va mettre le bonnet et éventuellement les gants pour être de quart sur le pont ».
Si la fraîcheur ne devrait donc plus tarder à faire sentir ses premières morsures, le constat qui s'impose à tous, à terre comme en mer, en ce neuvième jour de course, est avant tout la perfection de la trajectoire du Maxi Banque Populaire V depuis quelques milles. Ainsi le recadrage vers les portes du grand sud et Bonne Espérance – premier des trois caps à passer dans ce Trophée Jules Verne – se fait-il dans une fluidité exceptionnelle.
Naviguant 600 milles plus au Sud que ne le faisait Groupama 3 lors de sa tentative victorieuse de 2010, le trimaran de la Banque de la Voile se ménage un angle d'attaque bien plus favorable pour la suite. En bon montagnard adepte des belles glissades, Yvan Ravussin appréciait : « C'est une trajectoire coulée qu'on doit à notre navigateur Juan Vila, à Loïck et aux barreurs qui s'appliquent à respecter les indications. Le secret de ce tour réside quand même dans des trajectoires les plus courtes possibles et sur ce premier quart de parcours on est bien parti pour réaliser cet objectif. La météo est avec nous, on ne va pas s'en plaindre. C'est un bonheur, tout le monde est heureux d'avoir ces conditions-là et de pouvoir avancer et grappiller des jours sur ce record qui va être difficile à battre. On a d'excellentes conditions pour faire parler la vitesse de ce bateau magnifique et on prend énormément de plaisir à la barre avec toute l'équipe, à faire des grandes parties de glisse. Pour les prochains jours c'est toujours du vent jusqu'à Bonne Espérance pour contourner cet anticyclone. Ce vent va forcir, va monter à plus de 30 nœuds. On va donc pouvoir allonger un peu la foulée, tout en restant conservateurs ».
Si en mer, les marins partagent bien volontiers le bonheur qu'ils ont à s'offrir cette tranche océanique, à terre et tout particulièrement à Lorient, à la base, on apprécie et on se réjouit pour la suite. Veillant sur la route des marins comme sur une casserole de lait sur le feu, Sébastien Duclos, directeur adjoint du Team, faisait part ce midi d'un optimisme de rigueur : « Le bateau va continuer à glisser très vite vers Bonne Espérance et la suite s'annonce de façon tout aussi favorable. On savait que le Sud se présentait bien, ça se vérifie. L'enchaînement des systèmes météo est vraiment intéressant pour la suite et va permettre de faire de la vitesse, en sécurité. Ils devraient passer Bonne Espérance autour des douze jours de mer, peut-être un peu plus... peut-être un peu moins».
Autant de bonnes nouvelles de nature à célébrer comme il se doit les petits événements du bord et souhaiter, en ce jeudi 1er décembre, un bon anniversaire à Loïck Peyron !
(voir le site) : Loïck Peyron, skipper du Maxi Banque Populaire V, né le 1er décembre 1959, à Nantes, marié, 4 enfants, a 52 ans aujourd'hui.
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