Communiqué du 3 janvier à 18 h 10
À chaque journée qu'égrène en ce début d'année, se rapproche l'échéance. Toujours dans le contournement de l'anticyclone des Açores, Loïck Peyron et ses équipiers ont engagé leur trajectoire vers l'Est, signe avant coureur d'une arrivée à Ouessant en fin de semaine. Avec le retour du vent et des conditions favorables, tout les voyants sont au vert.
Les grains et les caprices du vent qui rythmaient il y a encore quelques heures la navigation des marins sont définitivement dans le sillage du trimaran géant. Presque au terme du grand tour initié pour éviter d'aller se frotter à des conditions trop sollicitantes pour le bateau, voici que les quatorze hommes du bord peuvent enfin mettre de l'Est dans leur route et se projeter, sur le chemin du retour à la maison. En bordure de l'anticyclone, les conditions rencontrées sont désormais propices à une progression vers le but et propres à allonger la foulée.
Un tableau confirmé par Loïck Peyron ce midi : « Ça va très bien ! C'est pas mal du tout même ! On est tous assez ravi de voir ce petit bateau virtuel se rapprocher de cette petite ligne en pointillés qui mène vers Ouessant. Tout le monde est content. Ça ne s'est pas fait tout de suite, mais on sait qu'en voile, le plus court chemin d'un point à un autre est rarement la ligne droite. Ça va s'accélérer au fur et à mesure. On termine le contournement de cet anticyclone et le vent arrive comme prévu. On sait que la mer sera calme pour les trois jours à venir et que tout ça va nous donner des conditions presque parfaites pour finir ce tour du monde ».
Fini donc les chemins détournés pour éviter d'anéantir toutes ses chances pour quelques hypothétiques milles gagnés. À bord on assume plus que jamais un choix, qui à terre a donné lieu à quelques interrogations, et on se fait pédagogue face à la situation. En chef d'orchestre consciencieux et surtout, en marin mesuré et expérimenté, Loïck Peyron sait que Juan Vila, Marcel van Triest et lui-même ont plus que jamais pris la juste décision en se rallongeant la route et esquivant un cocktail détonnant dans la remontée vers la Bretagne : « La route la plus courte était vraiment casse-bateau. Il faut savoir investir, infléchir la route. Peu importe le delta, l'important c'est de battre le record ».
Bénéficiant à nouveau de conditions de nature à allonger la foulée, chacun s'évertuait à pousser la monture à la juste performance et ce midi, le matossage était au programme. Ainsi, à bord, comme sur un Bénéteau, tout l'équipage s'attelait à déplacer les poids afin d'en rendre la répartition optimale. Une opération qui donnait le sourire au skipper : « Il y a actuellement une petite procession à bord, tout le monde transporte son petit bahut pour matosser. Dans le petit temps, tout était centré dans le bateau. Aujourd'hui on passe tout d'un même côté ».
Après 42 jours de mer et à environ trois jours du but, le Maxi Banque Populaire a donc entamé la dernière ligne droite. Mais comme toujours depuis le départ de Ouessant le 21 novembre dernier, la prudence et la modération restent le leitmotiv de toute l'équipe. Pas question donc d'aller chercher des vents plus forts au Nord, alors même que le record est à portée d'étrave. Après un tour du monde quasi complet dans le sillage, la priorité reste d'arriver et non pas d'affoler les compteurs à l'échelle de quelques heures : « On va essayer de ne pas aller trop dans le Nord et de se limiter à 30 nœuds, tout ça une fois de plus dans un souci d'intégrité du navire, pour arriver à Ouessant dans les meilleures conditions. Ça se refroidit exactement comme il faut. La bordure de cet anticyclone a cet avantage qu'elle est peu nuageuse. Derrière nous c'est noir dans le front. C'est ce qui va nous donner du vent sans que nous ne nous fassions rattraper par le mauvais temps ».
C'est donc avec un vrai beau temps hivernal que Loïck Peyron et ses acolytes devraient en finir en cette fin de semaine avec leur Trophée Jules Verne. Si les derniers routages donnent un passage de ligne entre Ouessant et le cap Lizard aux environs de minuit le vendredi 6 janvier, c'est samedi 7, sous un grand soleil promis par le skipper du Pouliguen, que Brest et le port du Château pourront célébrer leur incroyable parcours. D'ici là, il reste une fin heureuse à soigner.
776,5 milles d'avance par rapport au temps de référence
(voir le site) pour la cartographie.
(voir le site) pour le communiqué.
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