Nedeleg zo 'tont. C'est-à-dire que Noël approche. Le Tram brestois aussi. Les rails sont posés et soudés, le béton est coulé, le granit n'est pas en reste. Nos grands zefs d'élus embarqueront dans la rame d'honneur le treize juillet après l'aube. Quand retentira le premier coup des Tonnerres de Brest 2012 le maire de Brest (et président de Brest Métropole Océane) pourra au moins se targuer d'avoir su jouer la carte locale sur les dalles et le long des bordures. François Cuillandre sait que le granit breton occupera un tiers du tracé, le reste c'est du chinois. Qu'en pensent les gars des carrières ? Les exploitants de la mythique pierre celte affectent une petite mine réjouie à l'approche des fêtes de fin d'année. Tout n'est pourtant pas si rose dans le monde fabuleux du minerai breton, il s'en faut même de beaucoup.
Ni en Bretagne ni en France le granit breton n'est une évidence
La rue de Siam et la place de Strasbourg ont été habillées breton avant l'hiver. Une coquetterie qui rapporte 800.000 euros aux exploitants de notre belle Armorique. La bataille fut pourtant rude face au géant chinois qui n'entend pas buter sur la pierre tombale. En une décennie le dragon asiatique a su terrasser son homologue celte sur ses propres terres. Marbriers et voiries bretonnes se servent prioritairement au delà de la grande muraille. Il en faudrait certes plus pour décourager Jean-Marie Bégoc. Les deux pieds sur le granit des carrières de Lanhélin dont il a la direction commerciale à la tête de la SOCAL, cet opiniâtre Léonard n'est pas du genre à courber l'échine. Quant il ajuste son second casque, celui de président du syndicat des Granitiers Bretons, c'est pour défendre bec et ongles une filière regroupant une centaine d'exploitants pour 1.200 salariés.
Tout Léonard qu'il est, il n'hésite pas à donner de la voix quand les élus locaux d'ici et d'ailleurs font les yeux de Chimène au granit oriental. Les pavés et bordures du tramway de Tours seront entièrement de Chine ? Alato ! Via La Nouvelle République du Centre-Ouest du 8 décembre, le natif de Lokournan Leon interpelle les élus du bord de Loire sur leur choix. « Prétendre que seuls les Chinois sont capables de garantir les volumes nécessaires avec une qualité irréprochable est erroné », affirme-t-il du haut de son socle breton. Mais tout cela va bien au-delà d'une question de sentimentalisme ou d'identité, même si le gars de Saint-Renan se plaît à rappeler que le granit breton s'affiche sans complexe jusqu'à Hong Kong (tiens donc !) en passant par l'Allemagne et les lignes de tram de Paris, du Havre, de Dijon ou de Lyon.
Reste à savoir si un tel enthousiasme sera suffisant pour enrayer le cycle infernal qu'a connu la filière granit du pays breton dans la décennie écoulée. Cinquante entreprises ont vu leurs carrières tomber en désaffection. Mille cinq cents emplois directs en ont pâti. La route de l'enfer est-elle pavée made in China ? Les élus de chez nous et des contrées voisines ont une partie de la réponse. Les Granitiers Bretons en appellent à la volonté politique, il y va de la sauvegarde des emplois.
■