Lorsque le bénédictin et historien breton, Dom Morice, fit de Conan Mériadec l'ancêtre de la maison des Rohan, il ne rendit pas service à l’Histoire de la Bretagne. En effet, cela déclencha au 19è siècle un déchaînement de passions et de controverses qui, du reste, ne furent pas inutiles pour consolider, dans cette science hautement conjecturale, les prémices de raisonnements rigoureux et scientifiques.
Jusqu'alors, les historiens tricotaient des listes de rois comme de tranquilles ménagères brodant leurs ouvrages, et de siècles en siècles, l'illustre Conan devint le « Primus inter pares » de nos rois et ducs de Bretagne.
Geoffroy de Monmouth, (1) archevêque de St Asaph (Pays de Galles), d'origine bretonne, parla le premier de Conan Mériadec dans son Histoire britannique. L'ennui avec Geoffroy, c'est qu'il écrivit aussi la vie de Merlin, l'enchanteur, qui donna un formidable essor à la légende arthurienne, mais fit supposer son histoire tout aussi merveilleuse…
Le nom de Conan Mériadec n'a rien d’étonnant dans le monde brittonique, les déclinaisons de Conan sont nombreuses, Quénan, Kenan, Cynan, etc et ne facilitent pas les recherches. Il existe en Bretagne des Croaz Quénan, Hent Conan, bois de Conan, un porz Kénan (2), des saint Connan ou saint Connen, Kergonan près de Guérande, un Conan près de Tours, etc ; mais à qui faut-il attribuer ces toponymes, à saint Ké/Kenan ?, au roi ou aux princes nombreux (3) qui reprirent ce nom prestigieux, tel le duc Conan le Tort. Quant aux Mériadec, Mériasek, Murdock, Murdoc'h, de Meur-tog, grand chef ou Mori-catus, guerrier et marin, on trouve anciennement un évêque de Killala, un duc d'Albany, bien sûr saint Mériadec de Vannes, Mériasek de Cornouailles, et des écrivains tels que Walter Scott ou Leconte de Lisle (4) se sont emparés du nom qui fleuraient bon « âge sombre » et autres Macbeth.
La chronologie de Geoffroy fut reprise au long des siècles par nos historiens bretons, les Le Baud, Bouchart, d'Argentré, Dom Morice, Guillaume Le Jean, jusqu'à venir presque mourir aux pieds d'historiens plus récents, Dom Lobineau (18è) puis La Borderie (19è), tous deux très sévères pour Conan, le premier roi de Bretagne !, trop sans doute.
En effet, la présence d'émigrés bretons en Gaule au 4è siècle (5/11), ne fait guère de doute, des soldats surtout, ayant accompagné Maxime l'usurpateur, qui régna à Trêves quelque temps avant d'être battu à Aquilée (Italie). Après la défaite de leur chef, ses hommes restèrent sur le continent, principalement en Armorique et en Bretagne insulaire. Dans ces conditions, que ces soldats aient eu un chef et pourquoi pas Conan, n'a rien d'inconvenant.
Concernant le lieu d’atterrissage de Maxime, beaucoup et notamment J-C Even (7), ont contesté avec de bons arguments, qu'il ait pu débarquer dans la péninsule bretonne. Cependant rien n’empêche que Maxime ait accosté dans le nord de la Gaule, à Saint-Valery-Sur-Somme, tandis que son allié (Conan ?) ait rejoint la Bretagne. Dans la mémoire populaire, la «Ville rouge», le lieu de leur premier grand combat, désigne une ville gallo-romaine en briques rouges, elles sont nombreuses en France ; Rennes par exemple, dans ce cas les Bretons auraient pu débarquer du côté d'Aleth ou à Cancale, portus Calvosius ?… mais on trouve une autre « Ville rouge », dans le Finistère, le site gallo-romain de Kéradennec près du château de Penmarch (2) et d'une voie antique de Carhaix à Plouguerneau, … et rappelons un toponyme oublié dans ce débat, Ker-zulant, soit Ker-Tolente (carte 1), à 2 km à l'ouest de Kéradennec ! Certes l'existence d'un chef de lètes francs du nom d'Urbaldus/Imbaldus/Leonides dans le Léon est problématique mais on retrouve le préfixe Urba.. (urbem/ville) dans Saint Urbain et son père se serait appelé Jugon (Jugon-les-lacs/Plénée Jugon). En outre la confusion entre les peuples est courante chez les « antiquaires », qui dans le roman d'Aquin confondent Normands et Sarrasins, de même que ces derniers furent accusés à tort de l’enlèvement du corps de st Matthieu à Brest, vers le 9è siècle, car c'était encore l’œuvre des Vikings. Par ailleurs des unités de soldats de toutes origines stationnaient en Bretagne, des Maures Osismis, des Dalmates (Ploudalmezeau/plou-dalmatarum) (8), etc.
Si un chef du nom de Conan mit pied à terre sur le sol breton, il doit bien en rester des traces. Où se trouve le fameux château de Meriadu, « le chastel vaillant et fort domine un port » dont parle Marie de France et la Vita de saint Goueznou ? (9). Et bien l'on trouve un Ker Meriadec< non loin de Tréflaouenan, près d'un affluent du Guillec, au milieu des terres ; las ! ce n'est pas un port (carte 2). L'endroit idéal pour surveiller la mer et prévenir le débarquement des barbares se situe à l’embouchure du Guillec, peut-être au lieu dit Coat an Tour, à deux pas du château de Kérouzere qui fut précédé par une motte féodale … (carte 3). Le château de Bel-air en Brélès est lui aussi réputé être le Castel Meriadu de Conan Mériadec.
Pour mêler davantage encore les voies, apparaît au 6è siècle un saint Mériadec, de la famille de Conan, évêque de Vannes, qui traversa la Manche et fonde une chapelle (oratory) en Cornouailles britannique, au 4è siècle ! De nombreux toponymes attestent de la présence d'un Mériadec, saint, tiern ou roi. Dans le nord de la Bretagne, Saint-Jean-Du-Doigt s'appelait auparavant Traon Mériadec où il n'est plus question de saint. On se demande pourquoi un reliquaire dédié à Mériadec se trouve là. Dans les environs de Vannes on remarque : le village de Mériadec près de Baden, avec un Botconan à 1 km !, une Chapelle St-Mériadec près de Bieuzy-lanvaux, un village de Meriadec près de Plumergat, avec un palais, le Palastre (palatium) et Ar Sal non loin, près de la voie gallo-romaine, et un moulin Conan au sud du village !, l'église et fontaine de saint Meriadec à Stival, aux magnifiques fresques murales. Or l'on sait que les rois et les saints sont des cumulards ! Tantôt roi, tantôt saint ! Meriadec ?, Caradoc, Judicaël, Macliau (évêque), Miliau, Melar, Salomon … et pour compliquer encore l'affaire, certains évoquent un lien entre Mériadec et Caradoc (10) qui gouverna des deux côtés de la Manche, comme Conomor. Curieusement, les toponymes caradec/garadec/caradeuc et meriadec voisinent assez souvent, kercaradec par exemple à l'ouest de Saint Jean-du-Doigt et près de Ker Meriadec.
Histoires, chroniques, vitas, hagiographies, manuscrits, triades et cartulaires, offrent un panorama extraordinaire pour les chercheurs et d'une telle complexité, qu'ils peuvent se rassurer… il n'en viendront jamais à bout ! Entendons-nous, il leur arrivera de trouver ici ou là comme une pépite dans un filon de quartzite mais que faire contre des siècles d'oublis, de destruction, de confusion, de corruption, de mauvaises intentions parfois, en un temps où légende et histoire faisaient bon ménage ? Cette fabuleuse matière recèle une multitude de vérités mais un échafaud d’hypothèses à la fragilité d'une seule. Au 19è siècle, une médaille et un tombeau furent attribués à Conan Mériadec, à tort, et qu'importe que cela soit Conan ou un autre, si de l'écrit ne nous vient pas la lumière, espérons que l'archéologie nous fournira un jour quelques repères sur cette fameuse émigration bretonne du 4è siècle ...
Nous pourrons alors dire, « J’ai vu du roi Murdoc’h la gigantesque image qui montait de la mer», Leconte de Lisle.
Notes
1. «La châtellenie de Monmouth fut octroyée au Breton Guihénoc de Laboussac, de Dol. Ce changement fit de la famille, et ce en dépit de son rang social relativement bas, la doyenne des familles résidant dans le sud-ouest de l'Angleterre vers 1086. Dès 1086, Guihénoc et son frère Baderon étaient moines de Saint-Florent de Saumur, à Monmouth, alors que leurs terres et leur rang de châtelains de Monmouth devenaient la prérogative du fils de Baderon, Guillaume. On ne saurait sous-estimer l'importance de leur châtellenie, dans les Marches Galloises hostiles… elle nous montre toute la confiance que le Conquérant pouvait accorder à ses alliés bretons. Il est donc très probable que ce Geoffroy soit de cette famille. »Le rôle des Bretons dans la politique de la colonisation normande d'Angleterre (c.1042-1135)«, Keats-rohan. Geoffroy s'inspira sans doute du « Livre des faits d’Arthur », Fleuriot, p 246
2. Le Scouezec, Guide de la Bretagne mystérieuse, Porz Kénan à Plouguerneau p 529, la Ville Rouge p 613,
3. Répertoire général de bio-bibliographie bretonne. René Kerviler (voir le site)
4. Walter Scott, The Lady of the lake, Leconte de Lisle, poèmes barbares, le massacre de Mona, (voir le site)
5. Louis Pape, la Bretagne romaine, p 257/258, Kynan du « songe de macsens »
6. Fleuriot, marie de France, p246. Castel Meriadec, Marie de France dans son lai de Guigemar fait état de la guerre qui oppose Guigemar, à un seigneur nommé Meriadu dont le chastel vaillant e fort domine un port; c’est précisément la situation du castrum Meriadoci, à l’embouchure du fleuve Guilidona (le Guiliec), paroisse de Plougoulm, dans la Vita de saint Goëznou (cf. A. de La Borderie, « L’Historia britannica avant Geoffroi de Monmouth et la Vie inédite de saint Goëznou », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 9 (1882), p. 228), (voir le site)
7. Marikavel : (voir le site)
8. John Morris, The Age of Arthur, p250 (plou dalmate), 256 (Conan), 411 (Grégoire de Tours cite un comte Conan au 6è siècle)
9. Fleuriot, p 246
10. Meurdoch/Caradoc d'après Jean de Tinmouth, moine de st Alban ? John Morris, p 250, 251
11. »Tout ce que l'on peut dire, en guise de conclusion sur Conan Meriadoc, c'est ceci : des chefs bretons, en grand nombre, ont suivi Maxime sur le continent. Il n'est pas invraisemblable que l'un d'eux se soit appelé Conan, mais pourra-t-on jamais le prouver ?" Fleuriot, Les origines de la Bretagne, 1980, p 123
2. Ker Mériadec au sud ouest de Tréflaouénan,
3. Coat an Tour près du Guillec
■Pour l'instant, elle prouve surtout qu'il ne s'est pas passé grand-chose.
JC Even
«Ca ne prouve pas qu'il n'existait pas déjà une tradition orale sur les lieux !»
En tant que rationaliste, je n'ai rien contre rien a-priori, sauf à ceux qui en parlent d'apporter la preuve de ce qu'ils avancent, s'ils peuvent le faire.
L'Histoire, avec un grand H, est d'abord basée sur des faits, pas sur des suppositions.
Où, quand, comment, pourquoi ?
Et contrairement à ce que dit Luigi Barsagli : «période plus qu'obscure et méconnue à vrai dire», cette tranche d'histoire du Bas-Empire romain est parfaitement bien connue. Il suffit de lire les historiens de cette époque, qui sont parfaitement fiables. Encore faudrait-il se débarrasser de la fausse histoire de Bretagne mise en place au XVè siècle et aux divagations de la celtomanie.
Cordialement
JC Even
Geoffroy de Monmouth n'avait donc pas dit de bêtises quand il évoquait que les villes qui ont tenté de résister avaient été «rasées jusqu'au sol».
Certains historiens ont aussi tenté de démontrer que Maxime aurait débarqué à Nantes, avant de s'emparer de Rennes. Mais ils ont oublié de dire d'où il venait, par où il est passé, et pourquoi il est tombé sur une résistance franque à Nantes à cette époque. Pour démontrer la Bretagne = Armorique, on n'a vraiment reculé devant rien !
Cordialement
JC Even
Excusez-moi mais l'article lui-même montre que l'existence de ce Conan Mériadec est obscure...si les celtomanes ont pu épiloguer (divaguer) là-dessus c'est justement parce qu'il n'y a aucun fait avéré. Quant aux sources de l'époque elle sont exclusivement romaines...avec ce prisme, c'est comme si on étudiait quelques bribes de textes de la République française au XIXème siècle avec une grosse loupe, je pense que la conclusion naturelle que vous en tireriez quelques millénaires plus tard est que le breton n'a jamais existé ou bien qu'il n'était plus parlé.
C'est parfaitement exact, et c'est pour cela que je l'avais souligné dans mon étude : Genèse de la Bretagne armoricaine, au chapitre : Voir le site
Mais ceci reste «annexe» au fil du sujet de conversation, qui est celui de Conan Mériadec. Il convient donc de rester pragmatique et de traiter du fil plutôt que de se laisser perturber et divertir par des aspects secondaires qui, de toute façon, font consensus.
A greiz kalon
JC Even
On peut lire le livre de Léon Fleuriot « Les origines de la Bretagne » qui est à mon avis un ouvrage majeur de référence sur l’époque de la fondation de la Bretagne armoricaine. Il y a en a d’autres, on peut regretter que l’université française répugne à encourager des recherches sur cette époque car trop dérangeante pour la construction du « récit français » qui ne peut pas admettre une origine des peuples de l’hexagone autre que gauloise, gallo-romaine puis franque etc … Certains historiens « officiels » vont jusqu’à suggérer que la parenté évidente entre Gallois et Bretons ne seraient que le résultat d’un mouvement de population inverse de celui admis jusqu’ici. Tout ceci dans le but renforcer de « récit mythique français » et de rattacher encore plus les Bretons à des origines continentales.
Il y a sans doute des bribes de notre histoire à découvrir mais une grande partie restera énigmatique, c’est ainsi ! Si nous regardons l’histoire de l’Egypte antique, on connait désormais beaucoup de choses de leurs croyances donc de la culture des anciens Egyptiens mais on ignore toujours comment furent construites les pyramides. Comme quoi l’archéologie ne résout pas tout !
Pour ceux qui ont collectionné, les anciens numéros d’AR MEN, ils reliront un article d’Albert Deshayes dans le N°128 (mai/juin 2002) consacré aux toponymes gallois ayant un correspondant breton.
Cordialement
JC Even
Et, en corollaire, il faudrait aussi se débarrasser l'esprit que la soi disant Bretagne armoricaine créée par Maxime correspondrait à une imaginaire Armorique antique qui n'a jamais existé, ni avec la Bretagne médiévale post nominéenne, créée plus de 600 ans plus tard.
Cordialement
JC Even
JC Even
Quelques remarques personnelles :
L'histoire est une matière indissociable de la politique, c'est planéraire et bien entendu Historique. Prétendre le contraire c'est comme «faire de la politique autrement». Lors des dernières régionales, on demande à Loïc Chesnais sa période préférée de l'histoire de Bretagne. Il répond :« Le Néolithique». J'aurais parié une bonne somme sur cette réponse.
J'aime bien cet article sur le leader Meriadec. Il ne prétend pas écrire toute l'histoire ni faire une thèse, en 30 lignes, il introduit un sujet. C'est aussi l'histoire d'une chef. Par définition la plus politique puisque c'est le début de l'histoire politique de Bretagne.
L'empire romain fut tout de même une domination inégalée dans l'histoire, sa chute est par définition une période charnière pour la suite de l'humanité. Suite à cette disparition, les peuples de l'empire ont dû se débrouiller et s'organiser politiquement.
Les livres de Brian Sykes sont interdits d'édition en France, c'est pour cette raison que je les ai lus. L'archéologie est aussi génétique.
Voir le site
Un archéologue m'a dit une chose que j'ai retenue «nos trésors sont dans les déchets de cuisines», les poubelles c'est aussi une technique d'espionnage industrielle. Ainsi si on retrouve des os découpés par des outils semblables, du métal semblable, des céréales semblables, c'est très peu médiatique donc il ne se passe rien ? Et pourtant en en déduit une économie, des routes maritimes ...
Certains Bretons sont allés jusqu'à l'extrême pour défendre ce qui n'était qu'un fantasme, et qui le reste encore pour beaucoup.
Je suis désolé de devoir essayer / tenter, d'ouvrir les yeux aux néophytes, et à ceux qui n'ont pas assez de recul vis à vis de l'Histoire, avec un grand H, et qui sont des proies faciles pour tous les marchands de fantasmes
A greiz kalon / Evit ar Vro
JC Even
JC Even
«Les neuf filles d'Eve» de Brian Sykes est bel et bien traduit en français, mais cela n'ôte rien à la justesse de votre constat sur la censure des études génétiques en France. L'autre jour je lisais un article sur je ne sais quel journal (Ouest-France ou le Monde ?) à-propos d'une étude génétique actuellement menée dans le Cotentin. La question était de mesurer l'impact d'une éventuelle colonisation viking, mais la moitié de l'article était consacrée à de prétendus problèmes d'éthique. Des associations anti-racistes craignaient une instrumentalisation par les identitaires et je ne sais quoi encore. J'ai longtemps cru que le politiquement-correct n'était qu'un sujet d'invective entre chroniqueurs-télé. En réalité, c'est un obscurantisme qui entrave l'avancé de la science.
Qu'importe, un jour ce tabou ridicule tombera. On prouvera que les Bretons sont les descendants directs des habitants de la Bretagne du néolithique. Ce sera la défaite de tous ceux qui font commencer l'histoire de notre pays par l'arriver de trois évêques et deux aristos britto-romains au VIème siècle après JC.
On peut à ce stade remonter aussi aux origines de homo-sapiens et c’est exact qu’il est dommage que la France s’oppose aux recherches des parentés génétiques des populations pas seulement dans l’ouest européen mais sans doute bien au-delà. Cela étant dit, ce questions ne relèvent pas de l’histoire des peuples proprement dite.
Si nous parlons d’histoire de la Bretagne, c’est une histoire qui doit nous expliquer comment une terre qui n’était pas la Bretagne ait pris ce nom peu de temps après le chute de l’empire romain. Ne faisons pas de « l’histoire à la française » où l’on nous propose le « récit français » remontant à la préhistoire sur fond de carte hexagonale contemporaine.
La terre qui fut appelée Britannia Minor ne s’appelait pas ainsi tant que des Bretons insulaires ne l’avaient pas eu colonisée. Si on parle d’histoire de la Bretagne c’est bien là que ça commence si les mots ont un sens. Ceci ne retire rien à l’origine continentale des populations autochtones et il est d’ailleurs peu probable que ceux qui ont implanté une langue, une religion, des patronymes, des noms de paroisses primitives soient très nombreux, c’est toujours ce phénomène d’acculturation imposé par une minorité ou adopté pourquoi pas par les populations converties à de nouvelles croyances ou religions.
De même Rome cinq siècles auparavant lorsque l’empire s’est étendu sur toute l’Europe et l’Afrique du nord, cela ne s’est pas effectué qu’avec des hommes de troupe venant tous de Rome. Ces extensions de territoire se sont faites avec des populations indigènes de territoires conquis militairement par des soldats bien organisés puis par une administration civile efficace pour le conquérant. De la même façons les civilisations se sont succédées par les techniques, les croyances ou religions sans qu’il y ait forcément déplacements massifs de populations du moment qu’un pouvoir ait les armes et l’organisation apte à s’imposer à la majorité.
En général ce ne sont pas hélas les armes de la démocratie. L’histoire contemporaine nous démontre que la loi du plus fort reste toujours en vigueur.
C'est exactement basé sur le terme «Armorique» donné par Geoffroy de Monmouth. Comme nous l'avons vu, l'erreur d'approche est aussi fausse pour les Francs que pour les Bretons. Et cette erreur a bien dépassé la XIXè siècle, puisqu'elle persiste encore aujourd'hui (2016), pour des raisons purement idéologiques, et qui n'ont rien à voir avec l'objectivité de la recherche historique.
Cordialement
Nous sommes d'accord : Je n'ai le monopole de rien du tout.
Mais, pour moi, un événement historique doit avant tout s'analyser dans le contexte de son époque : mettre en place ce que l'on sait de façon certaine concernant l'histoire et les personnes, sans aller chercher des arguments 1000 ans avant ni 1000 ans après, dans des contextes forcément différents.
Qui est Maxime ? D'où vient-il ? Pourquoi a t'il agit comme il l'a fait ? Comment s'y est-il pris ? Où cela s'est-il passé ?
Autrement dit, il faut analyser l'histoire romaine connue de 367 au début 383 ! (comte Théodose (l'Ancien), Valentinien Ier, Valens, Gratien, Théodose (le jeune), empereur).
Ces gens là n'ont strictement aucune préoccupation particulière vis à vis de l'ouest armoricain. Leur seule préoccupation est le pouvoir politique de l'empire romain.
Quand on parle de «Bretons», à cette époque là, on parle de Britto-romains, qui sont mélangés de Celtes britanniques citoyens romains et des différentes nationalités composant les unités militaires des trois légions présentes, Legio II Augusta, Legio VI Victrix, et Legio XX Valeria Victrix.
Maxime lui-même était Espagnol ! A quoi bon évoquer son AdN ? Si oui, alors que dire de son fils, Victor, qu'il a eu d'Elen, princesse bretonne de Caernarvon ? AdN «celte» ou pas ?
L'erreur fondamentale de rechercher le lieu de débarquement de Maxime quelque part en Bretagne médiévale, par confusion entre Bretagne et Armorique, a précisément été utilisée par les Français pour prétendre à une antériorité des Francs en ces lieux, puisque le texte de Geoffroy dit que Maxime a rencontré une vive résistance de la part de Francs, sous le commandement d'Himbaldus. Et les Bretons favorables à une telle vision ne peuvent même pas se défendre du contraire, puisque basés sur le même texte. Ils se mettent eux-mêmes la corde autour du cou, que les Français se font un malin plaisir de serrer.
Ceux qui s'obstinent à vouloir démontrer le contraire sont sûrs d'aller à l'impasse et à l'échec.
Je n'ai pas besoin d'être courageux vis à vis de qui que ce soit; il me suffit d'aborder la recherche de façon objective. Et si quelqu'un peut démontrer autre chose de façon objective sur «les points qui demeurent incertains», qu'il le fasse. Le lecteur saura faire les comparaisons et / ou les différences.
Cordialement
JC Even
cher ami et compatriote :
- chaque chose en son temps, et on y verra plus clair. Pour l'instant, nous sommes en 383 ap. J.-C., pas un siècle ni quatre siècles plus tard. Pour l'instant, il s'agit d'un putsh en faveur d'un prétendant au trône impérial romain d'Occident. C'est tout ! ... et qui, contrairement à l'erreur commune, n'a strictement rien à voir avec une quelconque volonté de créer une entité 'celtique' brittonique en Gaules, hostile à Rome.
Pour le panégyrique d'Ermold Le Noir en faveur de Louis le Pieux, c'est un écheveau facile à dénouer, l'argument reposant sur un glissement sémantique à partir des Gaules romaines vers un soi-disant 'empire franc', sachant que les chefs francs, du fait même de la déliquescence de l'empire d'Occident, en ont été les 'héritiers' à la demande même du clergé gallo-romain. Et comme il se trouve que des Britto-romains étaient déjà légalement installés en Gaules, dans le cadre de l'empire romain, avant Clovis, ce glissement sémantique Gaules > empire franc les a concerné aussi ! C'est vicieux, c'est subtil, mais reste facile à démontrer : ces Britto-romains légalistes étaient installés en Gaules avant que celles-ci ne s'offrent aux Francs, ce qui fait à la fois que les Bretons ne doivent pas leur installation en Gaules aux Francs, mais qu'ils sont aussi, de facto, et a contrario, membres de cette partie de l'empire qualifié désormais 'franc', en lieu et place de Gaules.
A noter aussi qu'à l'époque de Louis le Pieux, ni Rennes ni Nantes ... ni Vannes, ne faisaient partie du 'royaume breton'.
Pour la cité de Vannes, cela tend à démontrer que des peuples de langage celtique pouvaient faire partie de l'empire 'franc'.
A contrario, la cité des Curiosolites, romane mélangée de britonnique, faisait partie du 'royaume breton".
Ceci tend à démontrer que l'argument linguistique n'apporte rien à l'analyse historique concernant Maxime ni Conan.
Pour ce qui concerne les Vénètes, sujet qui a fait aussi couler beaucoup d'encre, je reporte à mon étude Genèse ... sachant que même s'ils sont riverains de l'Océan, ils n'en sont pas pour autant riverains de la Manche.
Cordialement
JC Even
«Autour de Vannes on parlait breton ou gaulois , mais il me semble que la ville de Vannes elle même était romanisée , et craignait les Bretons.
La frontière franque a même été jusqu'à l'Ellé pendant un moment»
Quid, dans ce cas : c'est quoi la Bretagne armoricaine identique à l'Armorique ? Cela veut-il encore dire quelque chose ?
voir une étude d'universitaire : Noël-Yves Tonnerre : Naissance de la Bretagne. Presses Universitaires d'Angers. 1994
Stop ou banco ?
JC Even
Oui, c'est ce que montre le chanoine Falc'hun en s'appuyant sur des indices principalement linguistiques mais aussi chorégraphiques :
Cela expliquerait peut-être pourquoi les Trégorrois sont plus blonds et clairs de peau que les Cornouaillais et la violence de leur racisme envers nous.
«Quand à la génétique il me semble surtout de nos jours difficile de différencier de populations qui étaient de toute façon proche de part et d'autre de la Manche»
Les Anglais on quand même un phénotype différent du nôtre. Je trouverais surprenant qu'on ne puisse pas les distinguer génétiquement de nous.
«c'est le cas des vénètes qui sont cités avant la fracture indo-européenne»
Ce n'est pas possible. Déjà les Indo-européens ne sont qu'une hypothèse de travail pour certains linguistes et historiens des religions. Ce n'est en aucun cas un peuple attesté. Ensuite, selon les hypothèses les plus sérieuses, les Indo-européens se seraient séparés il y a plus des 8000 ans. Pour alors, l'écriture n'existait pas et il est donc impossible que les vénètes soient cités avant la fracture indo-européenne.
C'est sûr que des partisans de la sociale-démocratie à l'eau tiède, il n'y en avait pas des masses au IXème siècle ! Complètement anachronique comme jugement...
Ça dépend si on regarde son haplogroupe, une séquence allélique spécifique sur le chromosome Y, et qui permet de remonter la lignée paternelle ou bien son ADN mitochondriale qui permet de remonter la lignée maternelle. Je crois que votre sensibilité 68arde vous fait passer à côté de domaines autrement plus intéressants que la vie des usurpateurs romains du IVème siècle.
C'est tout simplement parce que j'ai l'habitude de répondre à la question posée. Ici, la question concerne Conan Mériadec. Je réponds donc sur Conan Mériadec, et donc sur Maxime, son beau-frère, dans le contexte géopolitique qui était le leur. C'est pourtant simple à comprendre, non ? C'est précisément à force de toujours éviter de placer cet événement dans son contexte que les historiens, n'y comprenant rien en mélangeant tout, ont pris l'habitude de le rejeter dans la Légende. Et moi, je préfère l'Histoire à la Légende !
Ce n'est pas le fait lui-même qui est faux, c'est l'approche qui en a été faite par des esprits embrigadés et culturellement enfermés.
A chacun ses recherches de prédilection, et nul n'a à juger quel domaine est (serait !) plus intéressant que les autres.
Cordialement
JC Even
Merci de nous communiquer ce blog très intéressant. Le plus surprenant dans l'étude en question, c'est que les Cornouailles soient aussi distinctes génétiquement du Devon. Moi qui pensait bêtement que le Devon étaient aux Cornouailles ce que le Pays gallo est à la Basse-Bretagne !
Sinon, le passage qui compare les populations de la Grande-Bretagne et celles du continent n'est pas assez précis pour régler la question des invasions britto-romane. Par contre, il confirme que les Îles brittaniques ont été peuplé à la proto-histoire depuis la France du nord. D'où le fait que le gallois soit proche du gaulois et par conséquent du breton. Sinon, on à la confirmation de ce qu'on savait déjà par l'étude du phénotype : les lignées britanniques les moins touchées par les invasions médiévales ont des relations avec l'Espagne.
Cela rejoint la question que se posait Eilert Ekwall (The Concise Oxford Dictionary of English-Place-names; first edition 1936) pourquoi le nom primitif de Cirencester, chez les Dobunni : Corinion, présentait un thème semblable à celui du Cornwall.
Ma réponse : les thèmes consonnantiques en KRN représentent la première vague pouvant être qualifiée 'celtique primitive' en G.B, qui a été suivie par une autre, celles en thème D°m°n - D°b°n qui les a refoulés ou absorbés.
Voir légende de Corineus (KRN), fondateur mythique de la population de la Bretagne insulaire.
Voir le thème de «Saturne réfugié dans les iles au nord du monde», sachant que Saturne est la reprise de Kronos (KRN)
Pour les Silures, à l'embouchure de la Sévern / Sabrina, selon Tacite : "... à la peau basanée et aux cheveux crépus, qui dénotent une origine africaine.
Voir aussi les études sur l'expansion des mégalithes, du sud au nord atlantique.
JC Even