Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi
Chronique
Il y a peu, Stéphane Le Foll, un proche de François Hollande, et Edwy Plénel, directeur de « Médiapart » ont eu à s'exprimer sur le site de l'Agence Bretagne Presse. Le premier pour dire que la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne était un débat qui n'intéressait pas les Bretons. Le second à l'occasion d'une conférence à Plozévet, sur le thème « Journalisme et démocratie ».
Dans les deux cas s'en est suivie une grosse tempête comme celles qui secouent notre pays tous les ans, particulièrement à cette époque de l'année. J'en veux pour preuve les 2362 lectures et les 92 commentaires (au 29 décembre), suivant la première intervention et 1es 1714 lectures et les 62 commentaires (au 4 décembre) provoqués par la seconde. Et il se dit que, de Ploudalmézeau à Clisson et de la Pointe-du-Raz au Mont-Saint-Michel, la colère bretonne suscitée par l'homme politique et par le directeur de « Médiapart », est assez loin d'être calmée.
Je tiens Edwy Plénel pour un excellent journaliste, même s'il est… parisien (l'un n'empêche pas l'autre) ; je note que la virulence des propos à son endroit sont loin d'être à la hauteur de ceux concernant Stéphane Le Foll.
Tous deux ont quand même dû être surpris d'un pareil taol kurun (coup de tonnerre) dans le ciel breton. Pour les rassurer, si c'est possible, on leur dira que c'est loin d'être le premier du genre, qu'il y en a eu bien d'autres dans le passé et que d'autres suivront.
La bataille du rail, la guerre du lait, Big-Dutchman, les kaolins de Plémet, le Joint français, le remembrement, l'Amoco et autres naufrages, Roc'h-Trédudon, Plogoff, les marées vertes, les chantiers de la Perrière, la décentralisation ratée, les manifs pour réclamer le retour de Nantes et la Loire-Atlantique en Bretagne, le nom des communes en breton, la crise de la pêche, le largage du cabotage, le droit de parler et d'enseigner la langue des ancêtres… Autant d'événements et bien d'autres, de conflits démontrant que les Bretons réagissent quand il le faut pour se faire entendre de Paris et d'un pouvoir trop centralisé. Avec excès parfois ? À chacun de juger et d'en débattre et aux assemblées d'élus de prendre les décisions qui s'imposent.
En tout cas ces événements, à de rares exemples près, n'ont pas trop fait réagir les médias parisiens. Ce qui vaudra un jour dans une assemblée d'élus ce coup de gueule de Louis Le Pensec, élu socialiste, à propos du peu d'échos de ces mêmes médias dans leurs colonnes, lors de l'ouragan d'octobre 87 : « Il y a eu un déficit d'émotion nationale ».
On retiendra que toutes ces manifestations - et celles qui suivront - sont celles d'un peuple dit « minoritaire » qui demande que des mesures soient prises en haut lieu afin que tous, dans l'Hexagone et l'Outre-Mer, soit traités sur le même pied d'égalité.
Liberté, égalité, fraternité. À y regarder de près, avec objectivité, c'est bien ce que réclame le peuple breton. Ni plus, ni moins.
Jean-Charles Perazzi