Désormais, seul un résident permanent d'au moins cinq ans pourra obtenir le droit d'acheter un bien immobilier en Corse. C'est du moins le vote de l'Assemblée nationale corse et, au-delà de la solidarité naturelle, nous devons oeuvrer dans le même sens : résider en Bretagne depuis au moins 5 ans avant de pouvoir y acheter.
Qui peut en effet ne pas comprendre la limpidité de la réaction de Jean-Guy Talamoni, conseiller territorial à l'Assemblée de Corse, face à cette levée de boucliers ? «Je n'ai pas envie que mes enfants ou mes petits-enfants s'installent dans une HLM de la banlieue de Marseille ou du 93 parce qu'un mec fortuné a tout acheté ».
« Notre Chance, l'Indépendance / Trawalc'h, Breizh Dizalc'h », entente politique vannetaise qui, proposera des candidats indépendantistes aux élections départementales, souscrit entièrement à cette proposition limitant l'accès à la propriété, à la faveur de la population active et aux retraités modestes. C'est la clef d'une économie saine, durable et diversifiée. Face au centralisme des décisions, nous sommes la proie d'une économie de marché des plus sauvages ; la Bretagne est vendue au plus offrant, les Bretons doivent s'exiler ou bénéficier du droit au logement social.
Pour mesurer l'ampleur des dégâts, il n'y a qu'à observer la destruction du tissu socio-économique en Bretagne et principalement sur le littoral : centres-villes moribonds, volets fermés plusieurs mois de l'année ; « urbanisation palliative » totalement désordonnée pour répondre à la montée du coût de l'immobilier et du foncier ; aménagement du territoire non anticipé, destructeur des liens sociaux et de l'environnement ; et surtout, exil massif de la population, chômage ou emplois précaires…
Cette politique entraîne la paupérisation aussi bien des actifs que des retraités moins aisés que les spéculateurs. En somme, il s'agit d'une politique catastrophique, encouragée par les partis français au pouvoir.
Or, il ne faudra pas attendre le courage de nos élus actuels pour sortir le peuple breton de la politique d'aliénation : ces représentants des partis français contribuent ici à la confiscation des richesses humaines et des biens, à la désintégration sociale et économique de la Bretagne au profit du coeur de la machine France, Paris. Ces mécanismes constituent l'essence même de leurs partis politiques, leur raison d'être.
Un exemple, si besoin est, à l'heure où des députés évoquent la réunification de la Bretagne et la décentralisation, ils adoptent hypocritement le plan de réduction de 50 milliards d'euros des dépenses publiques concocté par Manuel Valls. Ces fausses économies, combinées au financement du projet de « grand Paris », se feront en grande partie sur le compte des dotations aux collectivités territoriales, revues à nouveau à la baisse pour ce faire.
La France nous donnera ainsi le coup de grâce car cela signifie simplement que notre contribution fiscale sera réquisitionnée plus que jamais pour être investie contre nos intérêts. Nous devrons subvenir de miettes et nous ruiner plus encore pour eux, comme dans tout système colonial.
Si la Bretagne veut sortir de la spirale spéculative, de la dette et du marasme dans lesquels la France l'enfonce, il faudra prendre notre destin en main, au sein de l'Europe des peuples en plein éveil (Écosse, Pays de Galles, Flandres, Pays Basque, Catalogne…).
Pour « Notre Chance, l'Indépendance »,
Bertrand Deléon
■Le problème que vous soulignez ne doit pas être traité comme cela. D'ailleurs de nombreux bretons ont des résidences secondaires sur la côte et travaillent à Rennes, Nantes ou plus loin encore.
Mais si votre projet est de quitter l'Union Européenne, de mettre des frontières partout et expulser ceux qui ne sont pas suffisamment bretons alors oui, vous pouvez proposer cela.
Cette proposition correspond à un désir égoïste de riches : pour que moi, résident breton depuis 5 ans, je puisse acheter cette jolie villa les pieds dans l'eau, je supprime une partie de la concurrence avec une règle irréfléchie. Mais cela ne favorisera pas forcément ceux qui vivent et travaillent déjà sur place.