Sièges de campagne : les centristes de Villepin, Morin et Bayrou s’installent au plus cher !

Puisque l'on parle de rigueur après la perte salutaire du triple A, un plan de rationalisation pourrait être aisément appliqué aux sièges de campagne des candidats à la présidentielle. Si les Verts et l'extrême gauche sont économes, le centre vise le top ! du prix au mètre carré.

Il y a quelques jours, Hollande inaugurait son nouveau siège de campagne situé au n° 59 avenue de Ségur, dans les beaux quartiers du VIIe arrondissement de Paris. Des trublions de l'UMP se sont emparés de l'occasion pour tourner en dérision cette installation (voir le site) désignant les Invalides comme destination au projet du PS.

Sarkozy envisage effectivement de s'installer dans le XVe près du nouveau siège de l'UMP au n° 238 rue de Vaugirard, dans un ancien garage Renault. Dans un quartier où le prix du m² voisine les 7.000 € au m², une broutille pour Paris. Et presque moitié moins que là où s'est installé François Hollande.

Nous avons décidé de nous intéresser aux sièges des candidats qui ont pour l'instant fixé le leur. Sert de référence le prix moyen du mètre carré pour un appartement à l'adresse indiquée.

Le classement des sièges de campagne des candidats à la présidentielle 2012, selon le prix du mètre carré

Pour les candidats qui ont fixé leur siège au même lieu que les locaux de leur parti :

Hervé Morin : 84 rue de Grenelle 75007, siège du NC : 12.552 €/m²

François Bayrou : 133 rue de l'Université Paris 75007 (siège du Modem) : 12.384 €/m²

Dominique de Villepin : 91 bis, rue du Cherche-Midi 75006, a acquitté d'ores et déjà 100.000 € de loyer de janvier à fin mai pour 400 m² : 11.744 €/m²

Chevènement : 3 av Corbéra 75012, (siège du MRC) : 7.000 €/m²

Eva Joly : 6 bis rue Chaudron 75010 (siège de EELV) : 5.218 €/m²

Poutou : 2 rue Richard Lenoir 93100 Montreuil (siège du NPA) : 3.700 €/m²

Nathalie Arthaud : 93500 Pantin, (siège de LO) : 3.572 €/m²

Pour les candidats qui ont choisi un siège de campagne diffèrent des locaux de leur parti

François Hollande : 59 av de Ségur 75007 Paris, 1.024 m², paye 37.500 € de loyer + 3.519 € de charges au mois : 11.650 €/m²

Marine Le Pen : 64 bd Malesherbes 75008, paie pour 160 m² 10.500 €/mois : 9.622 €/m²

Corinne Lepage, 49 rue Liancourt 75014, paie 1.450 €/mois hors taxe pour une petite superficie : 8.382 €/m²

Nicolas Sarkozy : dans le XVe de Paris : (voir le site) près Vaugirard vers 7.000 €/m²

Christine Boutin : Levallois Perret (92), 131 rue Jules Guesde, (350 m²) : 6.781 €/m²

Jean-Luc Mélenchon : l'Usine, 8 rue Chassagnolle, 93260 Les Lilas, paie pour 260 m² dans une usine rénovée par des bénévoles 10.000 €/mois : 4.500 €/m²

Il ressort de ce classement que les centristes Morin, Bayrou et de Villepin sont les leaders du classement, comme s'ils visaient plus les beaux quartiers que le menu peuple. Nicolas Sarkozy s'en sort bien, mais sans doute moins qu'en 2007 lorsqu'il s'était installé dans le Xe. Eva Joly qui s'y est installée avec son importante équipe de campagne (40 personnes de toutes les tendances de l'écologie) est la candidate qui s'est installée à moindre prix dans Paris.

Les candidats excentrés s'en sortent mieux. Mélenchon peut même s'offrir la partie la plus chère et la plus proche de Paris, Les Lilas. Les candidats de gauche font même doublement des économies, car le siège du candidat est souvent installé dans celui du parti. Seuls Bayrou et de Villepin suivent cet exemple à droite, pour des raisons matérielles : tous deux manquent de moyens, mais se sont pourtant installés dans les quartiers de Paris où le prix du mètre carré atteint des moyennes vertigineuses.

Il faut par ailleurs ajouter que les « gros candidats » louent souvent d'importantes superficies pour des équipes élargies. Dans 1.000 m², Hollande serre 80 personnes, et une équipe sans doute non moins importante fera du QG de Sarkozy une ruche nuit et jour. Dominique de Villepin occupe avec son parti 400 m², Marine Le Pen 160 m² pour sa pléthorique équipe de campagne (voir le site) , et ainsi de suite.

Cela dit, c'est une convention parisiano-centriste qui oblige les candidats à installer leur siège dans Paris ou aux abords. Le siège de campagne idéal doit être au centre du territoire à conquérir, facilement accessible et proche des électeurs. A quand, donc, un siège de campagne d'un candidat installé à Tours, Bourges ou Clermont-Ferrand ?