Sevil Semvili, la jeune étudiante lyonnaise franco-kurde incarcérée à Eskisehir (Turquie) depuis le 10 mai dernier, ( (voir le site) a été remise en liberté lundi 6 août, mais reste sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire de la Turquie. Son procès est fixé au 26 septembre. Elle encourt une peine de 12 années d'emprisonnement pour des liens supposés avec une organisation clandestine d'extrême gauche pour avoir assisté, avec 350 000 personnes, à un concert du groupe Yorum, engagé à gauche, participé au défilé du 1er Mai – légal – à Istanbul, collé une affiche en faveur de la gratuité de l'enseignement et participé aux pique-niques d'une association étudiante. Les différentes protestations, dont celle du président de l'université Lyon-2, les 13 000 signatures de la pétition lyonnaise et les interventions discrètes du gouvernement français ont prouvé qu'il est possible de faire reculer le (encore) tout-puissant Recep Tayyip Erdogan.
Intervention de Daphna Poznanski- Benhamou
Les Amitiés kurdes de Bretagne avaient alerté Mme Daphna Poznanski- Benhamou, députée PS de la 8ème circonscription des Français de l'étranger (Chypre, Grèce, Israël, Italie, Malte, Turquie, Territoires autonomes palestiniens, Vatican) qui est intervenue à Paris auprès du ministère des Affaires étrangères. Mme Daphna Poznanski- Benhamou, dans sa profession de foi durant la campagne électorale, posait la question de la bi-nationalité. L'incarcération de Sevil Semvili (pour des motifs « bidon », comme le note une dépêche de l'AFP citant la jeune étudiante) devrait lui permettre de prendre des initiatives protégeant mieux nos concitoyens « binationaux » se rendant en Turquie.
Officiel : 2 824 étudiants emprisonnés
L'incarcération de Sevil SEMVILI met également en lumière la répression qui s'abat sur les étudiants. Selon le ministère turc de la Justice, la Turquie comptait au 31 janvier 2 824 étudiants emprisonnés (1 778 en détention préventive et 1 046 en train de purger leur peine). Parmi eux, 787, en majorité kurdes, sont en prison pour «appartenance à une organisation terroriste armée». Des objets comme des affiches, pancartes, livres, photos, keffieh, parapluies, citrons, œufs, sont présentés comme des preuves « d'appartenance à une organisation terroriste ». Un étudiant de 22 ans a été interpellé le 20 février 2010 à l'arrêt d'un bus à Istanbul et mis en détention provisoire, suspecté d'être membre d'un groupe de jeunes qui avaient attaqué une banque à coups de cocktails Molotov, parce qu'il portait, comme eux, un keffieh autour de son cou. La 14ème Cour d'assises d'Istanbul l'a condamné, le 11 mai dernier, à 11 ans et 3 mois d'emprisonnement.
André Métayer
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