Sea, sel, surf : Franck Cammas et son équipage reprennent la tête de la Volvo Race

Communiqué de presse publié le 26/03/12 1:17 dans Sport par Vincent Borde pour Vincent Borde
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Communiqué de presse du 24 mars 2012 à 14 h 40

Trait d'union

Depuis trois jours, le rythme s'est emballé sur le 47° Sud : bien qu'ils restent prudent, les équipages alignent quasiment 500 milles par jour en longeant la limite des glaces. Une grande ligne droite qui va s'incurver dès ce samedi soir (heure locale) avec le franchissement de la deuxième marque virtuelle. L'union pour lever le pied dans la tempête australe risque d'imploser quand la route vers le cap Horn va s'ouvrir !


Tout droit, ou quasiment ! Depuis plus de 1.000 milles, les quatre leaders tirent un trait parallèle à la limite des glaces (par 47° Sud entre le 150° W et le 130° W) poussés par un flux puissant de sud-ouest de 30 à 35 noeuds avec rafales à plus de 45 noeuds. Avec deux ris dans la grand-voile, trinquette et foc de brise (J-4), les VO-70 avalent le Pacifique Sud à près de 20 noeuds de moyenne, une vitesse qui reste « raisonnable » car tous les skippers sont d'accord : ce n'est pas sur cette phase de l'étape que la différence se fera. Il faut avant tout rester groupés, suivre le coup de vent, préserver le matériel et se préparer à une descente vers le cap Horn qui s'annonce extrêmement véloce pour finir brutale...

La fièvre du samedi soir

Jusqu'ici, tout est sous contrôle, même si la durée de cette tempête lève une mer de plus en plus grosse et commence à user les organismes. Les conditions extrêmes de froid, de vent, de vagues, de grains sont éprouvantes physiquement, mais surtout la tension psychologique est forte. La question que se pose tous les navigateurs est de savoir si la toile portée est suffisante vu l'état de la mer (ce qui semble faire l'unanimité même si les ardeurs sont un peu réfrénées), mais aussi comment faudra-t-il aborder la descente vers le cap Horn. Car dès que la deuxième marque virtuelle de la limite des glaces sera dépassée, il va falloir plonger vers le 50° S. Le flux puissant de cette dépression australe va s'orienter à l'Ouest en mollissant progressivement à 25 noeuds dès demain dimanche.

Mais avant ce ralentissement du vent qui va paradoxalement provoquer une accélération des bateaux, il y a une phase délicate à négocier ce samedi vers minuit (heure française). En s'approchant de la deuxième marque virtuelle (Central Ice Limit), les voiliers seront aussi à moins de 500 milles du centre de la perturbation qui s'est scindée en deux cellules. Or l'expérience météorologique indique que ce système de dépressions secondaires qui tournent autour d'elles-mêmes provoque un mouvement rotatif des isobares qui se compressent. Le vent est plus violent, plus instable, plus fort, plus irrégulier. Samedi soir (vers 23 h UTC), la brise va encore grimper d'un cran avec plus de 40 noeuds, et surtout des bourrasques à plus de 50 noeuds sous les cumulo-nimbus. Heureusement, le phénomène ne devrait durer que quelques heures et la situation sera plus apaisée quand la nuit australe va tomber sur le 47° S...

Sea, sel, surf...

Franck Cammas et ses hommes, qui ont pris la tête de la flotte depuis vendredi soir, se maintiennent entre les Néo-Zélandais, 40 milles sous le vent (qui ont cassé une cloison avant vendredi soir), et les Espagnols 18 milles au vent, eux mêmes à seulement 25 milles de la limite des glaces imposée par l'organisation de la Volvo Ocean Race. Il semble préférable, stratégiquement, de raser cette « bouée » imaginaire pour gagner au plus vite dans le Sud en bénéficiant de la bascule du vent à l'ouest. Camper ne sera pas en position favorable au moment de ce changement de cap qui devrait s'enchaîner par un empannage autour du 50° S lorsque la brise va encore tourner en s'orientant au nord-ouest. Or cette manoeuvre est très importante pour la suite, l'atterrage sur le cap Horn ! Car ce nouveau régime de vent va accompagner les quatre bateaux jusqu'au détroit de Drake. L'angle de navigation va être capital car le coup de vent va de nouveau s'étoffer par effet de compression de la perturbation sur la Cordillère des Andes...

En attendant, les équipages subissent un véritable assaut de vent, de mer, d'embruns et même de pluies, de grêle et peut-être même de neige sous les grains ! Les vagues combinées à la houle des mers du Sud gonflent de plus en plus, pour atteindre plus de huit mètres, parfois dix. Ce qui, pour un VO-70 de 22 mètres de long est plutôt une bonne occasion de surfer. Même si parfois, la descente à près de 30 noeuds se termine par la pénétration de la mer dans le creux : violent coup de frein et surtout, torrent d'eau glaciale sur le pont... Difficile d'imaginer se changer ou même se laver dans ces conditions, et le sel, qui s'incruste partout, irrite les yeux, les fessiers, les points de frottement du ciré (col, poignées). Franck Cammas et ses hommes doivent faire très attention à l'hygiène, car ce flux violent et portant va encore durer après le cap Horn dont le passage est prévu mercredi. Et il n'y a pas de pause prévue avant vendredi prochain...

Classement de la 5e étape entre Auckland et Itajaï, le 24 mars 2012, à 13 h UTC

1. Groupama à 4.470,8 milles de l'arrivée ;

2. Telefonica à 18,3 milles du leader ;

3. Puma à 43,7 milles du leader ;

4. Camper à 74,1 milles du leader ;

5. Abu Dhabi Ocean Racing à 646,4 milles du leader ;

6. Sanya : en route vers Auckland suite à une avarie de safran.


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