Nathalie de Broc, présidente du festival, a toujours rêvé d'être « écrivain » et pas écrivaine, mot qu'elle n'arrive pas à assimiler, la sonorité lui étant désagréable, par contre elle a accepté « sans détour » d'être « présidente» d'honneur du Festival. C'est plus de 6.000 visiteurs qui ont emprunté les couloirs d'Athanor pour cette neuvième édition placée sous le signe de l'émotion avec le retrait de Pêr Loquet cette année, laissant la présidence du festival à une nouvelle personnalité guérandaise qui sera désignée en avril 2013. Le festival accueillait aussi parmi les 67 éditeurs présents, La Part Commune, éditeur rennais.
Le président Loquet a rendu hommage dans son discours inaugural à toutes les femmes, thème de cette édition, mais en particulier à Annaig Renault, décédée en janvier 2012. « Elle était une fidèle de notre festival, nous apportait chaque année, avec Bernard Le Nail son savoir et son immense compétence. Son engagement en faveur de la langue et de la culture bretonne était important ». Annaig Renault écrivait ses ouvrages en breton. Elle a été secrétaire générale de l'Institut culturel de Bretagne, au côté de Bernard Le Nail qui en était le directeur. Elle a reçu le Collier de l'Hermine en 2010. Ses enfants, Arzela et Fañch, étaient présents ce week-end. Pêr Loquet a souligné : « Ils savent ce que nous lui devons, ce que la Bretagne lui doit par son travail, son engagement pour notre langue et la littérature bretonne ». L'écrivaine était membre du jury du Prix Breizh-Bretagne. « Elle était sur tous les fronts de défense de la culture bretonne, et tout ce qui touche à la Bretagne ».
Placée aussi sous le signe de l'émotion avec la présence des éditions La part Commune, qui vient de perdre son fondateur, Yves Landrein. Sa famille était présente à Guérande, sur le stand. Décédé le 28 octobre. Jacques Josse lui rend hommage au travers de la revue Remue.net, revue numérique participative dédiée à la littérature. « Il avait 64 ans. C'était un homme discret et tenace. Il aura passé une grande partie de sa vie en compagnie des livres. Poète, auteur de deux recueils aux éditions Seghers au début des années 1980 (D'un lieu et Histoire d'un cahier), il a très vite voulu se tourner vers les textes des autres afin de les défendre du mieux possible.
Il a d'abord créé la revue Ubacs (avec Michel Barré) en 1976 (10 numéros seront publiés dont deux doubles) puis, peu après, la maison d'édition du même nom qui, en faillite, devra mettre la clé sous la porte en 1993 après avoir notamment publié Georges Perros (qui fut un proche de l'éditeur), Mathieu Bénézet, Michel Butor, Armand Robin, Franck Venaille, Michel Dugué, Paol Keineg, Hervé Carn, Jean-Pierre Chambon, Yvon Le Men, Claude-Louis Combet, Jacques Ancet...
Plusieurs titres du Fonds Ubacs sont disponibles auprès des Presses Universitaires de Rennes.
Toujours porté par le désir de susciter le partage, Yves Landrein a ensuite poursuivi son travail en fondant les éditions La Part Commune en 1998.
« Ce qui m'intéresse avant tout, c'est la qualité littéraire et formelle du texte. Une bonne intrigue, portée par une langue médiocre, ne me passionne pas. Pour moi, un texte est vivant quand il est bon... Que son auteur soit mort ou pas » (Le Matricule des anges, n° 102, avril 2009).
Attirer l'attention sur des œuvres parfois délaissées (Charles Louis-Philippe, Paul Gadenne, Hugues Rebell, Lucien Descaves) ou sur des textes plus connus mais introuvables tout en découvrant de nouveaux auteurs (Jeff Sourdin, Didier Jourdren, Laure Morali, Pierre Vinclair) et en poursuivant la publication de quelques-uns de ceux qui furent de l'aventure Ubacs (Armand Robin, Perros, Butor) à travers romans, essais, correspondances et poésie, tels sont quelques-uns des axes de La Part Commune qui compte aujourd'hui plus de 240 titres à son actif. Le meilleur hommage à rendre à Yves Landrein est bien de continuer à lire, au fil du temps, tous ces textes qu'il nous a donnés à découvrir.
Site des éditions La Part Commune :
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