Hier soir les « Assises du Développement Durable », deuxième session, se décentralisaient à Saint-Nazaire. Les Nazairiens avaient été largement invités à y assister (photo 1). Les « débats participatifs » se tenaient dans le Salon République à 18 h 30.
Les militants de la réunification de la Bretagne, une trentaine et un peu plus au cours de la soirée, arrivés dès 18 heures, ont été repoussés par un vigile. Ils ont dû rester sur le trottoir, assistant au filtrage. Pour peu qu'on arbore un bonnet Breizh, un T-shirt Gwenn ha Du, ou même une simple casquette avec le mot Bretagne et une ancre de marine, c'est « Non, vous n'entrez pas, vous avez un signe ostentatoire... ». Clair ! Et claire aussi la discrimination...
« La dernière fois, à Nantes, les gens nous disaient en sortant : “Ce n'est que de la comm', ils [ndlr Les pays de la Loire] posaient des questions et on n'avait pas de réponses” », se souvient un jeune militant, venu ici pour essayer de participer enfin à des débats supposés démocratiques... Un autre, lucide « Ils se servent du Développement durable pour faire parler des Pays de Loire, c'est tout... ».
Aidés par les jeunes de 44 = Breizh, les membres de Bretagne Réunie – comités locaux de Saint-Nazaire et Guérande – ont pu distribuer leurs tracts “Pays de la Loire et développement durable” ; les membres de l'UDB, leur nouveau prospectus “La réunification. Construisons 4 régions qui comptent, connues, attachantes...” (en PDF ci-dessous), aux chanceux qui pouvaient entrer et aux passants. Ceux-ci, jamais critiques de l'agitation, ont montré une grande sympathie et beaucoup ont demandé des explications à propos des tracts, commentant pour la plupart, « mais nous sommes bretons ! », en acceptant un vin chaud de la thermos.
Zack Moullec, un conseiller municipal (Label Gauche) de Saint-Nazaire, venu avec deux amis, s'est vu refuser l'entrée (probablement parce que le vigile l'avait vu parler avec des militants qu'il connaissait). Comprenant que la Région se permettait d'interdire l'accès aux débats, Zack Moullec et ses amis se permirent alors d'essayer de les faire entrer en coinçant le vigile. Il s'ensuivit une bousculade, des cris, des slogans (1), une chanson de dérision, rien de bien violent.
Aux cris entendus d'en haut, des “gens de la Région” descendent et réaffirment que « Vous êtes interdits d'accès aux débats et vous avez assez communiqué », rapporte un jeune qui était tout près. La police – 6 personnes – discrète jusque là, se rapproche, mais n'intervient pas. « Pas comme à Nantes où quelqu'un s'est trouvé plaqué au sol... », se souvient un jeune « Ici ils sont cool ». La police nazairienne a d'ailleurs, au long de la soirée, fait preuve d'une certaine complicité amicale, déclinant toutefois un vin chaud car en service.
Accompagnés par des anciens, ils sont jeunes, les militants de la réunification de la Bretagne, d'où l'atmosphère festive et décontractée de la soirée. Ils sont bien organisés, un bar est improvisé avec un grand carton retourné sur une poubelle de ville en attendant une table de camping. Bientôt le barbecue fume, les saucisses grillent. Sur fond musical des Ramoneurs de Menhirs la soirée s'annonce et est déjà très agréable, favorisée par un temps sec et une température de saison. « Pluie battante ? On serait venus quand même ! » assurent-ils !
Des jeunes, lycéens, excédés de la propagande Pays de Loire à leur endroit, étaient là. Certain voulait exposer les problèmes du TGV vers la Vendée « Remarquez, j'ai rien contre, mais la ligne Nantes-Rennes et les liaisons vers le reste de la Bretagne sont quand même vachement en retard, et les réductions jeunes qu'il y a pas et tout ça..., ça nous pompe... De la vraie discrimination là aussi... ».
Le lycée expérimental de Saint-Nazaire (qui dépend directement du ministère de l'Éducation et non de la Région) et qui accueille des jeunes de toute la France, est un peu à l'abri de cette propagande. Ils publient même un “journal” bimestriel ; dans le dernier, il y a 4 pages sur l'histoire de la Bretagne et les enjeux de la réunification...
La réunion s'est terminée à 22 h 30. Il n'y eut guère plus de 20 Nazairiens à y assister en plus des élus et fonctionnaires des Pays de la Loire. La sortie de monsieur Auxiette ne se passa pas dans le calme. (voir notre article) et la video.
Maryvonne Cadiou
(2) Slogans comme “Avec Auxiette, la démocratie, elle est pourrie !”. (Sur un air connu).