Ce sculpteur de granit a la douce folie des pataphysiciens...
Il a créé un monde et l'offre à celui qui cherche à comprendre, à qui aime le suivre dans les différents parcours de son parc de sculptures. La Bretagne l'inspire, les Vénus enfouies puis retrouvées, les cromlec'h, les vases funéraires, les demoiselles sacrées, les totems et tous ces rites qui font que la pierre nous relie à l'univers, du menhir à Stonehenge en passant par les vasques, les pierres des fontaines d'ici et d'ailleurs, les cuillers africaines.
Il collectionne les eaux de pluie et a des spécimens rares comme des perles de pluie ou de la pluie afghane, il a des cailloux très spéciaux qui font de la musique et d'autres qui ont des poignées pour rendre la pierre qui fait 250 kg, “portative”. Le soleil joue avec les ombres, les reliefs, les surfaces. Il sculpte les mots aussi et grave dans la pierre le poème le plus court : “Encore”.
Un travail de trente ans de recherche, de jeu avec la pierre et l'eau, le bois, les vieilles espèces de roses, les pommiers et les citrouilles qui entourent les pierres, nous rappelant que nous ne faisons que passer dans ce monde. Ontologique, l'inspiration de Ronan ? Poétique aussi : il cite Michaud, Jarry, Brel, il aime Gauguin, les peintres primitifs, connaît sa mythologie et en invente d'autres.
Ronan est un artiste de la pierre, de l'humour et du vent. Difficile pour lui d'être reconnu, malheureusement, comme tant d'autres artistes en Bretagne, pourtant il en a la carrure. Le rêve souffle, mais le réel n'est jamais loin, que ce soit avec ses champignons post-atomiques, la vallée des sept seins ou ses statues humaines du cataclysme qui n'ont plus aucun membre ni visage, juste un orifice pour faire rentrer une carte bancaire ...
Il en faudra beaucoup, des démiurges comme ça, pour nous refaire un monde vivable ... Allez visiter son parcours et encouragez les créateurs de son style : il en manque !
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