Yvan Guéhennec est spécialiste de l’antiquité celtique. Depuis une trentaine d’années il a publié de nombreux ouvrages sur les langues, la religion, l’écriture, les pratiques des anciens peuples celtes. Dans cet ouvrage colossal, il synthétise l’ensemble de ses recherches pour tenter une approche globale de la culture, de l’esprit et de l’histoire des peuples celtes brittoniques de l’antiquité. Un livre aussi complet qu’érudit pour comprendre un héritage celtique qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Préface de Philippe Jouët, historien et docteur de l'école pratique des Hautes-Études.
Après plus de dix ans d’absence de parutions sur le sujet des Celtes, Yvan Guéhennec, professeur d’histoire, diplômé d’études bretonnes et celtiques, nous gratifie d’un important ouvrage de 400 pages qui reprend l’ensemble de ses publications précédentes, mais qui contient également de nouveaux travaux afin de proposer une approche globale de la culture, de l’esprit et de l’histoire religieuse des peuples celtes brittoniques de l’antiquité. L’auteur s’abreuve aux sources les plus fiables, en particulier les traductions des auteurs de l’Antiquité et les sources médiévales irlandaises et galloises dont il donne la traduction de nombreux passages qui éclairent la similitude sur de nombreux points entre les traditions irlandaise, galloise, bretonne et plus généralement indo-européennes.
L’ouvrage débute par un rappel des conceptions indo-européennes et se termine sur des chapitres traitant de l’origine des druides selon les textes classiques et de l’évolution du néo-druidisme à partir du XVIIIe siècle.
Pour ne citer qu’un exemple, en relation avec l’article de Maen-Nevez reproduit dans le présent numéro de Ialon : Barenton - La Fontaine d’orage (publié dans Kad n° 6, 1 946), Yvan Guéhennec dans son chapitre Le feu dans l’eau et le serment, après avoir décrit successivement l’importance des éléments Feu, puis Eau chez les Indo-Européens, rappelle la tradition du pouvoir de la fontaine de Barenton qui pouvait déclencher un orage si l’on versait de l’eau sur son perron. Mais surtout, il atteste à deux reprises une pratique similaire au Pays de Galles. Sur le mont Snowdon où, si quelqu’un fait jaillir de l’eau sur un bloc de granit nommé «l’Autel Rouge», un orage éclate avant la fin du jour, et également dans un récit gallois du XIIIème siècle, le Conte de la Dame de la Fontaine, lorsque Kynon pris le bassin d’argent avec une chaîne près de la fontaine et de l’arbre et en versa l’eau sur la pierre, ce qui provoqua un fort tonnerre …
Bien que le contenu soit dense et ardu, le découpage du livre en chapitres assez courts permet de le lire petit à petit, comme un dictionnaire des concepts de la tradition celtique, incluant entre autres : les druides et leurs spécialisations, les pratiques (magie, rituels, …), les dieux, les éléments, le temps et l’espace celtiques, les directions, les animaux symboliques,... De par ses qualités de pédagogue, la méthode de présentation est rigoureuse. L’auteur fait une sorte de synthèse sur la «Tradition celtique» ne conservant que les théories qui lui semblent les plus fiables (telle que la trifonctionnalité dumézilienne), et en éliminant certaines fantaisies modernes, précisant, par exemple, que l’Ogam ne constitue pas un «alphabet végétal». L’appareil critique est donc bien présent. Chaque propos est minutieusement sourcé, avec de nombreuses références d’ouvrages. Le livre contient aussi des déductions et propositions de l'auteur, ce qui en fait toute la saveur.
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