Requiem pour une bibliothèque en langue bretonne

Chronique publié le 20/10/24 12:59 dans Langues de Bretagne par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier
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drapeau breton

Requiem pour une bibliothèque en langue bretonne !

L’annonce de la fermeture d’une bibliothèque en langue bretonne à Cavan pour le mois de juillet 2025 par le Conseil départemental des Côtes d’Armor, interroge.

Quel symbole que la fermeture d’une bibliothèque ! Symbole encore accru par le fait qu’elle est dédiée à la langue du pays dont personne n’ignore qu’elle se trouve en voie de disparition du fait de l’ensemble des politiques publiques menées depuis des décennies.

Les raisons budgétaires sont invoquées et la priorisation donnée par le Conseil départemental des Côtes d’Armor, à majorité socialiste, aux politiques de solidarité.

Comment penser le fait que la survie de la langue bretonne n’est pas une priorité pour cette collectivité locale située en Bretagne ? Voici le tour de pensée que l’on doit certainement à toutes ces politiques de déconsidération de notre langue et culture menée par l’éducation nationale. De langue menacée de disparition, la langue bretonne est devenue secondaire.

Les politiques de solidarité ? Mais de quelle solidarité le Conseil départemental des Côtes d’Armor peut-il invoquer sur la ruine de notre langue, celle qui nous réunit et fait de nous une communauté solidaire, un peuple distinct ?

La solidarité alléguée n’est qu’une solidarité de pacotille lorsqu’elle est conduite au mépris des peuples.

Le peu de lecteurs assidus ? Une trentaine dit-on ! Mais c’est le socle du renouveau, et c’est ce socle qui aurait dû conduire le Conseil départemental des Côtes d’Armor à en faire une priorité politique !

On aura compris que ces arguments sont de peu de poids face à la tradition anti-bretonne de ce Conseil départemental qui refusait récemment de soutenir le nouveau projet de collège Diwan. Que l’on me permette encore d’évoquer ici le refus de la mairie de Plouezoc’h de rectifier les erreurs commises et reconnues comme telles lors de la mise en place du nouvel adressage et ayant conduit à la débretonnisation de plusieurs noms de lieux emblématiques !

Mais soyons solidaires !

La mise à mort de notre langue est d’autant plus efficace en Bretagne que ce sont les collectivités bretonnes qui l’accomplissent, avec constance et toujours au nom de la solidarité !! Les valeurs portées par la sauvegarde d’une langue minoritaire n’entrent en grâce que lorsqu’il s’agit des langues étrangères.

Certains s’interrogent désormais à la région sur l’opportunité de maintenir l’enseignement Diwan par immersion, alors qu’il s’agissait d’un acte de résistance menée par les militants et qui devrait avoir le plein soutien des responsables politiques bretons.

Est-ce aux Bretons de payer aujourd’hui le prix des dérives d’un système français reposant sur l’endettement et appelé à une cure drastique ? Notre territoire n’a jamais figuré parmi les priorités des investissements nationaux tournés vers Paris et les politique de grandeur.

Il n’y a qu’un seul remède ! Prendre nos affaires en mains ! Récupérer la gestion du produit de nos impôts et l’affecter librement selon nos besoins.

Pour mettre un terme au linguicide, il faudra que les Bretonnes et les Bretons s’engagent massivement en politique.

Yvon Ollivier

auteur


Vos commentaires :
Rostrenenn
Dimanche 24 novembre 2024
Politique artificielle de division linguistique au niveau de la Région Bretagne sous Chesnais-Girard + département où la partie bretonnante est minoritaire.

Le tout avec les mêmes majorités politiques = PS.

Le président du CD 22 me parait particulièrement hostile à la langue bretonne.

Si il y a bien un département qui n'a absolument aucun sens culturellement, géographiquement, économiquement et nuit à tous (sauf St "Bérieu") = le 22


Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
Le Président du CD 22 parle breton, mais ne veut faire montre d'aucun favoritisme.
Les cinq départements bretons sont découpés n'importe comment, avec des noms farfelus en plus.

Léon-Paul Creton
Dimanche 24 novembre 2024
Une langue n’existe pas avant un Peuple ! Un langue n’est pas préexistante au peuple qui l’a créée ! Elle ne peut être et rester flottante, née de « rien » ; et exister à nouveau sans reposer absolument, un, jour ou l’autre, sur son Peuple, et parmi lequel sur ceux qui veulent se l’approprier !
Dès ses origines un Peuple naissant a élaboré sa langue et au fil de son Histoire, quelle qu’elle soit, a développé sa langue avec des différences lorsque la dimension de ce peuple a évolué avec les distances entre divers groupes qui investissaient et s’organisaient sur d’autres territoires ! Ce qui naturellement a plus ou moins distendu, notamment en tradition orale, les divers liens des origines, et les territoires, jusqu’à parfois rendre la langue quasi incompréhensible par les groupes de mêmes origines.
La langue bretonne d’Armorique, n’a pas échappé aux conséquences de son Histoire et surtout pas aux nuisances de la sauvagerie, franque, normande et française !

L’hébreu est un cas très intéressant. La langue de ce peuple avait presque disparue. La langue originelle a été gravement affectée par la défaite de ce peuple dans son berceau historique et les migrations plus ou moins imposées, en groupes plus ou moins importants. Ces groupes, ces familles se sont répandues durant près de 2000 ans à travers le continent euro asiatique, et plus loin, avec les vicissitudes les souffrances que l’on connaît qui leur ont été imposées, ici et là, au fil de ces siècles.
Logiquement d’après ce qu’on observe par ailleurs (?), ce peuple aurait dû être dilué, disparaître comme tous les autres dans les mêmes situations. Mais si la langue hébraïque originelle était gravement affectée, voire presque disparue dans des groupes, ceux-ci conservaient, gardaient puissamment accrochée, à leurs âmes, pendant deux millénaire une « ANCRE » commune faite du même métal : le Judaïsme ! Religion avec sa Bible écrite et apprise partout sans altérations, et toujours avec la même ferveur, ici et là ! Ce qui n’est pas le cas, général, chez les Bretons, loin de là !!! Sur cette base, l’état israélien redéfini et établi à nouveau en 1948, en repeuplement, faisait renaître sa langue originelle !

Donc, à mon humble avis, l’insistance têtue sur seulement la langue, et non sur la prise en compte globale des composante bretonnes dans un « même » combat, est une obsession restrictive et relativement inefficace !
Si ce n’est une erreur en soi, les démarches pour la langue ne sont que pour le moins vouées à un certain niveau de stagnation éternelle , voire d’échec au niveau de la BRETAGNE ! En négligeant le re-forgeage de l’identité générale, en laissant plus ou moins de côté l’éducation sur la BRETAGNE et les BRETONS(Histoire, Géographie, Culture ancienne et moderne, et Religion ancienne et moderne, etc.) …Bref sans une véritable « école » bretonne, le Temps ne fait que se perdre, qu’être tué en BRETAGNE…


Aime jean
Dimanche 24 novembre 2024
De mat monsieur Olivier,

eh oui, vous avez raison : ll n’y a qu’un seul remède ! Prendre nos affaires en mains ! Récupérer la gestion du produit de nos impôts et l’affecter librement selon nos besoins.
comme vous le dite si bien !
IL faut donc une Bretagne libre, au minimum autonome !!!
quand allez-vous créer votre parti politique ?
A gallon


Léon-Paul Creton
Dimanche 24 novembre 2024
Requiem pour une bibliothèque/infante défunte!...

Alan E. VALLÉE
Dimanche 24 novembre 2024
S'agissant de n'importe quelle action, si un gros co-financeur s'en va (et le plus gros est souvent l'État), ce qui était financé peut disparaître si les autres financeurs ne compensent pas. Etre drogué au co-financement comme l'est le plus grand nombre des institutions publiques locales et le sont les associations, c'est l'assurance sûre et certaine de n'être jamais maître de ses actes et encore moins de son destin. Persister à quémander des subsides des autres État et entreprises, peut avoir un semblant d'efficacité à court terme mais n'assure que fragilité soumise au bon plaisir d'autrui.
On sait depuis longtemps que le plus gros payeur décide et qu'il est toujours préférable d'être pauvre mais libre.
AV

Hervé Keringuer
Dimanche 24 novembre 2024
Le tissu culturel breton est en train de se transformer en peau de chagrin. Les mauvaises nouvelles se succèdent à un rythme de plus en plus rapide: remplacement des noms de lieux bretons par des noms français, disparition de la signalétique bilingue, (comme au bureau de poste de Lannion), hystérisation linguistique ( affaire Fañch), problèmes financiers pour la Coop Breizh, Keit Vimp Bev, Diwan ou les radios associatives brittophones, fermeture de la bibliothèque de Cavan....Nous étions jusqu'ici sous le régime des soins palliatifs, est-on en train de nous préparer à l'euthanasie?

Job
Dimanche 24 novembre 2024
Fin du mythe de la demande sociale et retour à la réalité. La "faillite budgétaire" des conseils départementaux (crise immo + routage de la taxe foncière voulue par Macron), la politique d'austérité dans les collectivités territoriales voulue par le gouvernement Barnier, et les déclarations du prochain gouvernement d'extrème-droite de 2027 à l'encontre du tissu associatif et culturel vont finir de clore le bal.
Et comme il n'existe pas de pouvoir politique fort (ni faible d'ailleurs, il n'y a rien) en Bretagne qui puisse faire pression pour sauvegarder ce patrimoine, les jeux sont faits. Il faudra désormais compter sur le bénévolat et sur les investissements privés, les institutions culturelles ne pouvant fonctionner sur de prétendues demandes sociales, des sondages ou des référendums, il faut du concret, des sous.
L'avantage, plus de pragmatisme, moins de dépendance vis à vis des collectivités qui sont tenues très majoritairement par des partis français et moins d'actions fanfaronnes. Le désavantage, plus de sous, plus de possibilité de discours victimaires, une dépendance totale aux desiderata de la société bretonne, et ça c'est une grande inconnue.

Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
Une réunion est prévue samedi 9 novembre, à 10 heures, à la salle des fêtes de Cavan. (d'après le Télégramme)

Pcosquer
Dimanche 24 novembre 2024
@Job " L'avantage, plus de pragmatisme, moins de dépendance vis à vis des collectivités qui sont tenues très majoritairement par des partis français et moins d'actions fanfaronnes. Le désavantage, plus de sous, plus de possibilité de discours victimaires, une dépendance totale aux desiderata de la société bretonne, et ça c'est une grande inconnue."
Assez d'accord avec vous: ha neuze... Ober an traoù NI HON UNAN ?
A mon avis, ce que vous décrivez peut conduire à la remise en cause du vote des Bretons effectué au début du XXème siècle en faveur de la République française... C'est la première fois qu'un tel résultat se réalise en rendant réel l'accueil de la République française au sein de la Bretagne, c'est un bouleversement politique mais il faut noter que c'est plutôt récent compte tenu de l' épaisseur considérable de l'histoire de Bretagne. les Bretons perdent alors leurs indépendance d'esprit et d'action... et, c'est un suicide identitaire car tout les opposent aux Républicains socialistes de la III Républiques: anticléricaux, universalistes auto-centrés ( ça n'est pas incompatible en France) et légitimistes de la colonisation. Contre cela les Bretons vivent leur religion, leur culture et leur singularité linguistique et même l'anti-colonialisme des bretons est rendu officiel lors d'un vote pour l'avenir du Tonkin où les députés de droite encore majoritaires en Bretagne votent contre. Il y a donc une opposition remarquable entre l'idéologie française et le mode de vie des Bretons... L'idéologie du progressisme sur fond de luttes sociales contre les conservateurs a rendu les Bretons aveugles. Et la confusion : progrès et progressisme est fatale car ce vote en faveur de la République, leurs interdit finalement d' argumenter par la suite pour une quelconque reconnaissance de peuple, de sauvegarde de la langue, de reconnaissance de l'identité bretonne... D'où, à mon sens la grande impuissance de l' EMSAV...que le peuple n'entend pas et pour cause de besoin d'enrichissement qui fait un bien fou face à l'humiliation de "l'arriération" et des souffrances de la pauvreté...
C'est le peuple qui a la clé du camion finalement et il faut faire avec. L' Emsav n'a toujours pas compris ça ! Tout fières qu'ils sont avec leurs idées politiques respectives... Aujourd'hui et compte tenu des changements mondiaux, la bagarre est bien au-dessus des idéologies politiques de grand-papa. Ils s'agit en réalité de principes de Vie liés à la condition humaine des peuples et la Bretagne en fait parti. L'aventure humaine qui se dessine est donc bien plus sérieuse et autrement plus motivante car elle s'oppose de front aux propositions d'une mondialisation sans aucun avenir...
Si l'on considère la faillite française, que devient ce "voeu d'enrichissement" des Bretons quand, au contraire de l'habitude de confort sociale et même politique prise avec gourmandise, depuis les années 60, on va leur demander autoritairement de renflouer les caisses d'un Etat en faillite et qui va aujourd'hui à la dérive ... Ce qui arrive à la France est hallucinant mais c'est probablement l'argument choque le plus puissant que le peuple breton soit en mesure de considérer pour la défense de l'avenir de la Bretagne. Laquelle peut lui offrir un projet solide compte tenu de ces atouts économiques.
La fidélité au vote de nos ainés n' a aujourd'hui plus de sens...de plus, mais cela ne devrait plus être le problème des Bretons, aucun des dirigeants d'Etat n'est en mesure, à l'heure actuelle, de tirer la France de son impasse... Ou peut-être en exigeant des années de sacrifices... Payer! Mais dans quel but finalement ? C'est la question à poser aux Bretons. Par ailleurs et c'est extrêmement significatif... Qui de nos représentants politiques bretons a demandé à l'état français de s' expliquer sur sa gestion ? Et sur une stratégie au-delà du budget 2025 ?

Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
Cette bibliothèque aurait une trop forte empreinte carbone ! Si la Bretagne finit sous les eaux de l'Atlantique, ce sera la faute de la langue bretonne.

Anne Merrien
Dimanche 24 novembre 2024
Comme si, côté restrictions, la langue bretonne n'avait pas déjà fait bien plus+ que sa part.

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