L'Agence Bretagne Presse a commenté l'article d'intérêt majeur paru dans Marianne 876, le 31 janvier dernier, et intitulé : Aujourd'hui, les camions, demain, les voitures ! (voir notre article). Outre qu'il prouvait que les experts gouvernementaux réfléchissent à une application de l'écotaxe aux voitures particulières, il mettait un coup de projecteur sur le refus des citoyens néerlandais, qui, comme l'ont fait les Bonnets rouges, ont obligé leur gouvernement à reporter l'application d'une écotaxe aux véhicules légers, laquelle était prévue en 2016.
En 2009, l'AFP, reprise par le Figaro (voir le site) avait bien précisé la philosophie du projet : aucune autre impôt que la taxe kilométrique ne serait perçu auprès des automobilistes qui auraient à payer 3 centimes au kilométres en 2012, puis 6,7 centimes en 2018 et cela pour tout déplacement, même sur un terrain privé. La taxe, prévue d'abord pour une application en 2012, puis en 2016, a été reportée sine die, même pour les poids-lourds, par le gouvernement issu des élections législatives de septembre 2012.
Les gouvernants avaient pourtant essayé de poser la question dans des termes admissibles : on change le mode de calcul des impôts, mais on ajoute pas des impôts à des impôts. Pourtant, la population néerlandaise a critiqué le fait que la prétendue suppression des impôts ne concernait pas les taxes sur les carburants.
Les Pays-Bas ont donc renoncé à rendre leurs routes payantes pour financer leur construction et leur entretien et se sont contenté d'augmenter les taxes sur les carburants.
Même black-out des médias français en ce qui concerne la tempête politique qui vient de se produire en Begique , exactement, pour les mêmes raisons, car trois régions fédérales (Bruxelle, Flandre, Wallonie), afin de diminuer les embouteillages, voulait instituer une taxe de 9 centimes du kilomètre pour tous les véhicules circulant en zone urbaine.
Lundi 17 février 2014, devait être le jour de l'expérimentation à blanc qui devait se faire avec 1200 véhicules équipés d'un boîtier GPS. Devant les protestations, les promoteurs de la mesure ont déclaré qu'ils ne l'avaient jamais approuvée (voir le site) et (voir le site)
Ėlément qui a pesé dans la reculade : une pétition sur Internet a atteint 150 000 signatures et 140 000 partages sur Facebook en quelques jours (voir le site)
En France, on ne supprime pas la totalité des impôts déjà dus et, pour les poids-lourds, on maintient une taxe à l'essieu. On évite aussi de parler des dangers pour le citoyen que constitue la surveillance de tous ses déplacements automobiles.
L'engagement des principaux partis français dans une écotaxe, prétendument pour les seuls poids-lourds, ne se retournera-t'il pas contre eux, quand la population française découvrira la vérité? Les éditorialistes en cour prétendent que le consentement à l'impôt recule et que les Bonnets rouges sont des révoltés contre tout impôt, ce qui est faux, d'autant que la Bretagne est reconnue comme le pays par excellence du civisme fiscal.
Le Collectif des acteurs économiques de Bretagne qui dit fédérer 150 000 entreprises a déjà prévenu le gouvernement qu'il ne pourra pas participer à des concertations sur le Pacte d'avenir pour la Bretagne, tant que le Premier ministre continuera d'annoncer l'écotaxe pour 2015 (voir le site)
Que se passera-t'il le jour où les Français comprendront que les Bonnets rouges n'ont fait qu'annoncer leur future révolte?
Notes :
Euregio, un organisme transfrontalier du transport, a publié, en juin 2013, un dossier intéressant, bien qu'un peu ancien, sur les «taxes kilométriques» : (voir le site)
Les décisions des gouvernements (ou des région fédérales pour la Belgique) pour le calcul, en fonction de l'usage, des impôts sur les véhicules automobiles se font dans le cadre d'une directive européenne Eurovignette de 1997. Celle-ci n'impose rien de particulier sur la manière de le faire et sur les véhicules concernés.
Ce qu'il y a de propre à la France, c'est d'avoir idéologisé la question en la baptisant écotaxe, en n'en expliquant pas les raisons et en en cachant les véritables objectifs.
L'Europe n'a évidemment pas imposé à l'Etat français d'être en faillite et de chercher à faire d'une réforme fiscale un moyen de cacher cette faillite dans laquelle il s'est mis tout seul.
Version Internet de l'article de Marianne : (voir le site)
Christian Rogel
■Les citoyens le savent mais l'acceptent, car ils affectionnent l'idée protectrice mis en avant par l'état pour justifier ce fait.
Pour cette protection, ils sont prêts à en payer le prix, même le prix fort.
Mais égoïsme étatique et refus de responsabilité du peuple ne sont pas un ménage durable, d'où l'affection française pour les révolutions. On casse tout pour se soulager et on remet en place le même système sous une cosmétique différente.
Dans ce concert, les bretons différent des français, certainement par cet espoir refoulé de retrouver un jour leur liberté. En cela, l'expression ouverte de leur mécontentement est souvent annonciateur.
Si une révolution survient, après une période d'incertitude, la cosmétique jouera son rôle (une 6ème République?), les français retourneront à leur attende de protection, et les bretons (annonciateurs traditionnels des troubles) seront désignés coupables et sanctionnés pour le bien commun(peut-être une désertification économique: grand-ouest et métropolisation).
Reste à savoir, pour combien de temps les bretons accepterons leur rôle coupable? Ils souhaiteront peut-être devenir de vrais français et se vautrer également dans le culte de l'Etat (on y est presque), ils souhaiteront peut-être prendre en mains leur responsabilité à l'exemple des peuples dans certains pays européens pour qui la démocratie n'est pas qu'un mot. L'histoire nous apprend que cette dernière hypothèse est possible, mais également que la France a toujours fait payer un prix exorbitant aux peuples choisissant de quitter sa protection.
Une nouvelle révolution en devenir? Peut-être, mais pour quoi faire au juste?