Quimper, «petite bourgade», encore dépouillée dans la future réforme de la Justice

Dépêche publié le 10/02/14 21:11 dans Economie par Christian Rogel pour Christian Rogel

Quimper, chef-lieu du département du Finistère, 64 000 habitants, est la petite métropole de 400 000 habitants, de la Pointe du Raz à Quimperlé. Elle est concurrencée par Brest, officiellement classée comme métropole et lieu d'investissements très forts de l'Etat depuis 350 ans (Marine nationale) et doit faire face au dynamisme de l'agglomération de Lorient, les deux villes étant situées à une heure de trajet.

La réforme des tribunaux d'instance, préparée par Rachida Dati en 2008, avait déjà abouti à réduire à un seul juge d'instruction, la capacité humaine du tribunal, tandis qu'un pôle de l'instruction, avec 3 juges, a été créé à Brest. Le résultat, prévisible, est que les protagonistes, plaignants et accusés, doivent se rendre de plus en plus souvent à Brest, même si les faits ont eu lieu à proximité du tribunal de Quimper. Le fait que la prison de Quimper-Mesgloaguen, vétuste et inadaptée, ait été reconstruite au Nord de Brest n'a pas été pour favoriser une bonne administration de la Justice pour l'ensemble des Finistériens.

L'avant-projet de la future réforme Taubira comporte la création de justice spécialisées pour les affaires commerciales en fonction de la taille des entreprises concernées. C'est clairement une réponse positive donnée à Xavier Beulin, président de la Fédération nationale de syndicats d'exploitants agricoles, qui avait déclaré sur Europe 1, le 29 juillet 2012 : «Quand on parle de milliers d'emplois, quand on parle de milliards d'euros de chiffre d'affaires, je ne suis pas sûr qu'un tribunal de commerce d'une petite bourgade ait la capacité d'appréhender les sujets correctement...» et «Je pense qu'il faut à un moment donné traiter ces sujets-là à un autre niveau».

Il avait critiqué, vertement, la décision prise par le Tribunal de commerce de Quimper qui concernait l'éventuelle reprise des activités d'abattage et de conditionnement de poulet de Doux, dont le siège social est à Châteaulin. Après une réplique du maire de Quimper, Bernard Poignant, qui lui indiquait, ironiquement, qu'«il y a des talents au-delà du périphérique», Xavier Beulin avait dit s'excuser auprès des Quimpérois qu'il aurait pu blesser, mais, il avait persisté en pointant : «une inadéquation entre les enjeux d'un dossier international, quel qu'il soit, et son traitement par des juridictions locales créées il y a plus d'un siècle, dans le contexte économique d'alors».

Les remarques de Xavier Beulin sonnaient curieusement, puisqu'il avait été le chef de file d'un projet de reprise de Doux par Sofiprotéol, grosse société impliquée dans la production d'huiles et de protéines végétales. Bien qu'il s'agisse du cri d'un candidat évincé, le gouvernement socialiste semble l'avoir bien entendu.

Et l'affaire Doux, comment s'est-elle terminée? Terminée n'est, peut-être pas, le terme exact, mais, le Tribunal de Quimper avait écarté, en 2012, les 5 candidats à la reprise du pôle «poulet frais» pour laisser l'actionnaire principal aux commandes. Le plus étrange a été que c'est le pôle frais qui a été sacrifié et, donc, les abattoirs morbihannais de Pleucadeuc, de Sérent et de La Vraie-Croix, tandis que le poulet d'exportation pour le Moyen-Orient, à l'origine des difficultés financières de Doux, a été conforté en novembre 2013, par l'arrivée de nouveaux actionnaires, dont le groupe saoudien Al-Munagem.

Que n'a-t'on lu, en novembre dernier, sur le désastre que représente cette activité de poulet export, présumé de bas de gamme et dopé aux subventions? Il reste pourtant l'activité principale de Doux et de Tilly-Sabco, respectivement à Châteaulin et à Guerlesquin. Le pronostic sur la poursuite de cette production reste, pourtant, assez sombre. C'était pour protester contre cela que,le 2 novembre 2013, les employés de Doux s'étaient joints massivement à la manifestation des Bonnets rouges à Quimper,avec leurs drapeaux syndicaux FO déployés.

Christian Rogel


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